Poétique et mystique de la Transfiguration

2e dimanche du Carême,
25 février 2024, Année B, Marc 9, 2-10
D’une retraite prêchée par l’abbé Zundel en 1939 à Bourdigny près de Genève. Ce sont des notes d’auditeur, fidèles à la pensée de l’abbé qui relie l’événement de la Transfiguration à la Croix et à la Résurrection, puisqu’il prépare les Apôtres à ce qu’ils vont être appelés à vivre.

Il n’importe pas de savoir comment s’est effectuée la Transfiguration aux yeux des Apôtres. L’essentiel, c’est qu’à ce moment‑là, les Apôtres, à leur manière, ont reconnu soudainement le visage du Messie: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant».

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne.
Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants,
d’une blancheur telle
que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse,
et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole
et dit à Jésus :
« Rabbi, il est bon que nous soyons ici !
Dressons donc trois tentes :
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire,
tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre,
et de la nuée une voix se fit entendre :
« Celui-ci
est mon Fils bien-aimé :
écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour,
ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

Ils descendirent de la montagne,
et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole,
tout en se demandant entre eux ce que voulait dire :
« ressusciter d’entre les morts ».

Retraite, Bourdigny (près de Genève, Suisse), 1939
Mise en ligne: 21.02.24
Temps de lecture: 2 mn

La splendeur visible n’est qu’un signe, le mystère est au-dedans. Cette beauté de Jésus, il est impossible de la connaître sans lui consacrer toute sa vie. Le vrai Dieu ne peut se connaître qu’en s’assimilant à lui et non en voulant l’assimiler à soi, à ses imaginations.

La Messe est le sommet de la théologie

Une couleur ne peut pas nous révéler toutes les couleurs. Il nous faut toutes les couleurs. Si une fleur connaissait sa propre beauté, elle comprendrait qu’elle ne suffit pas à elle seule à capter la beauté et qu’il y faut toutes les fleurs de la création.

Chaque âme est cette fleur qui est le reposoir de la lumière. Cette lumière est infiniment plus grande que la capacité de l’âme à la réfléchir. Il faut qu’elle consente à ce que Dieu la dépasse, qu’elle se perde dans l’immensité de Dieu, se cache en lui pour adhérer en Jésus à tout l’inconnu de Dieu.

La Transfiguration est un signe fait à l’homme mais, dès qu’il veut l’immobiliser, le Divin s’évanouit. La vie éternelle, c’est la vie de l’infini.

Cherchons à nous dilater nous-mêmes à l’infini, tout en sachant qu’on n’arrivera jamais, jamais à épuiser ce mystère et qu’il faudra toujours, pour finir, se résoudre à n’être qu’une seule corolle qui rayonne une parcelle de la divine lumière.

Ne demandons rien pour nous, demandons simplement que nous ne jetions pas d’ombre sur son visage. Il vaut mieux se cacher en Dieu pour adhérer, par Jésus-Christ, à tout l’inconnu de Dieu.

La Messe fait fructifier la mort d’amour de Jésus. C’est le sommet de la théologie, de la liturgie. La Messe, c’est plutôt la rédemption du Christ que la nôtre.

Si la mort de Jésus, c’est la Croix et le fruit de tous nos refus d’amour, si la cause de cette mort est en nous et réside tout entière dans le jeu de notre liberté, il s’ensuit que tous nos actes d’amour suspendront le décret de condamnation que nous avons porté contre Dieu et que notre adhésion d’amour, si elle est sincère et totale, établira la Résurrection du Christ.

La Croix est notre Rédemption et la messe est la Rédemption du Christ.

Si nous vivions la Messe, nous sentirions la formidable réalité qui s’accomplit en ce moment, alors que tout cela est devenu un geste vénérable, mais pas véritable.

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