Le don véritable

5e dimanche de Pâques,
Année B, 28 avril 2024, Jean 15, 1-8

D’une homélie de Maurice Zundel chez les Bénédictines de la rue Monsieur à Paris en 1928.

Quand notre foi nous montre en l’autre la demeure vivante des Trois Personnes et un autre Christ: «Ce que vous aurez fait au dernier d’entre mes frères, c’est à MOI que vous l’aurez fait», quel respect, quel amour et quelle anxiété de sauver ce trésor infini, en nous prévenant d’honorer les uns les autres, dit saint Paul.

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l’enlève ;
tout sarment qui porte du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu’il en porte davantage.
Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite.
Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s’il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
Si quelqu’un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
Ce qui fait la gloire de mon Père,
c’est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

Homélie, Paris, 1928
Mise en ligne: 25.04.24
Temps de lecture: 2 mn

Une mère qui porte son petit enfant baptisé dans ses bras et qui réalise soudain que la vie trinitaire s’épanouit en lui, quelle source inépuisable de tendresse doit jaillir dans son cœur.

Aimer en vérité, c’est chercher Dieu.

Voilà la vision catholique du monde catholique, donc totale, universelle. Quel prodigieux élargissement! Il semblait que ce monde-ci s’obscurcissait au profit du monde à venir et nous voici hors d’état d’exprimer sa splendeur.

Voici la beauté des choses, au contact de la beauté première qui nous livre ses secrets. Le mot de l’Apôtre commence à prendre tout son sens: « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu».

Que conclure, sinon avec Pascal: celui qui a trouvé s’écrie: «Joie, joie, joie, pleurs de joie».

Aimer en vérité, c’est chercher Dieu. C’est se donner à lui en l’être qu’on aime pour qu’il revive en l’être qu’on aime.

Mais que peut-on donner à Dieu, sinon le meilleur de ce qu’on est? Ainsi s’oblige-t-on à grandir sans cesse pour cela seul qu’on aime vraiment. L’Amour trouve en lui‑même la règle de sa croissance et le don n’a plus de limite, car à Dieu on ne peut trop donner.

 (…) 15

«Il n’y a pas de plus grand Amour, dit Jésus, que de donner sa vie pour ceux qu’on aime». C’est jusque là qu’il faut aller. Et c’est pourquoi, ici-bas, s’il est vrai que le don véritable de nous-même ne va jamais sans déchirement, la Croix est l’unique garantie de l’Amour. La Croix est le berceau de l’Amour. C’est pourquoi elle est si belle: l’Arbre de Vie. C’est pourquoi aussi, il ne faut jamais la séparer de l’Amour – autrement, elle n’est que du bois mort.

«Tout rameau qui en moi ne porte pas de fruit, mon Père le retranchera. Mais tout rameau qui en moi porte du fruit, il l’émondera pour qu’il porte encore plus de fruit» (Jean 15). La Croix n’a pas d’autre fin: émonder, pour que la vie jaillisse avec surabondance!

Alors, nous entendrons mieux le mot de Dante lisant sur les Portes de l’Enfer: «Je suis l’œuvre du premier Amour».

Tout cela, bien sûr, n’est que balbutiements. «Nous balbutions comme nous pouvons les grandeurs de Dieu», dit saint Grégoire.

C’est pourtant déjà quelque chose de savoir que son Amour nous crée et nous garde.

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