« Je vous appelle amis »

6e dimanche de Pâques,
Année B, 5 mai 2024, Jean 15, 9-17

D’une conférence de Maurice Zundel donnée à Alexandrie (Egypte) en 1940. (Ce sont certainement des notes d’auditeur).

Tant qu’il s’agit simplement de se hisser à force de bras au sommet d’une vertu de stoïcien, cela n’a aucun intérêt et il y a une telle tension qu’on est d’autant plus esclave du moi qu’on a voulu s’en délivrer.

n ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour,
comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite.
Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis,
car tout ce que j’ai entendu de mon Père,
je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
c’est moi qui vous ai choisis et établis
afin que vous alliez,
que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande :
c’est de vous aimer les uns les autres. »

Conférence, Alexandrie (Egypte), 1940
Mise en ligne: 02.05.24
Temps de lecture: 2 mn

Il faut avoir un objet assez grand et assez beau devant les yeux pour être dépossédé de soi, comme en face d’une oeuvre d’art parfaite. Si nous sommes un regard vivant vers le Christ, comme le Christ l’est vers le Père, alors nous sommes sauvés: «Veux‑tu fuir loin de Dieu, dit saint Augustin, prends la fuite en Dieu», et c’est ce qu’il nous faut faire.

Nous sommes tous appelés à exprimer Dieu.

Vous avez fait beaucoup d’efforts, et ces efforts n’ont pas rendu, et vous vous dites: «A quoi bon recommencer sur la même base, cela n’en vaut pas la peine, le Christ représente une perfection impossible à atteindre, surnaturelle!». Mais il suffit de se laisser envahir par le Christ et dans toutes nos iniquités et dans toutes nos tentations, retourner nos regards vers lui. «J’ai levé mes yeux vers toi». Et c’est de ce regard vers en haut que viendra le secours.

On n’est transformé que lorsqu’on est possédé par un intérêt assez grand et assez beau pour vous envahir par le dedans. Notre conversion viendra, non pas d’un ascétisme féroce retourné contre nous, mais d’un abandon total entre les mains de Dieu.

Que la vie soit toute pour la gloire de Dieu! Si nous ne le voulons pas, nous demeurerons stériles, nous ne serons plus que des ratés, personne n’obtiendra quelque chose de nous, nous ne pourrons pas boire à la source, car Dieu ne sera pas en nous.

Mais si le Christ est en nous, tous les fleuves du paradis pourront se répandre sur la terre, car Dieu est en nous. Demeurer toujours ancré en Dieu, voilà la chose essentielle dans la vie.

Il est bien évident que si nous nous trouvons en face des autres, comme des rivaux, leur disputant une place que nous convoitons, alors c’est la guerre. Mais que notre part soit le Christ! Que chaque être soit pour nous un frère, une sœur; que nous fassions luire sur lui, sur elle, la sagesse et la charité du Christ! Alors ces êtres appelleront notre prière, ils auront soif de notre charité, et ils deviendront nos disciples, les disciples de Dieu.

«Je ne vous appelle plus mes serviteurs, mais je vous appelle mes amis, et par conséquent je vous envoie afin que vous portiez au monde entier le message de Dieu».

Si vous reprenez votre vie avec ce théocentrisme, vous finirez par oublier que vous existez et vous vous souviendrez seulement qu’Il existe, Lui, et vous saurez qu’une vie est comme l’œuvre d’art qui laisse voir plus loin. Si les uns sont appelés au mariage, les autres au cloître, et les autres à la science, ce ne sont que des particularités, tous pour la même mission: «exprimer Dieu».

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