L’heure de donner

5ème dimanche du Carême, 
Année B, 17 mars 2024, Jean 12, 20-33 

Chemin de Croix animé par Maurice Zundel au Caire en 1951: 7ème station, Jésus tombe pour la deuxième fois.

Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;

Mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

Qui aime sa vie la perd ;

Qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.

Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ;

Et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur.

En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.

Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
“Père, sauve-moi
de cette heure” ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

Chemin de Croix, Le Caire (Egypte), 1951
Mise en ligne: 14.03.24
Temps de lecture: 2 mn

L’Amour a une force de gravitation qui déplace le centre de la vie en l’être aimé pour ne plus vivre que de sa vie.

Il y a des biens si grands que notre cœur doit se rompre pour leur donner accès.

Dieu nous a appelés à l’exercice de ce privilège de son être, qui est de faire de notre être un don, autant que le comporte notre nature. Dieu nous aime d’un Amour paternel, comme nous l’aimons d’un amour filial. Et il transfère sa vie en nous comme nous transférons notre vie en lui.

«Je suis dans le Père, et vous en moi, et moi en vous».

Dieu vit notre vie comme nous vivons la sienne, suivant la mesure de notre amour et du don de nous-même. Il est si facile de prononcer les mots qui signifient le don de soi-même, et il est si difficile d’en remplir la promesse.

Quand il n’y a plus rien à recevoir, quand vient l’heure de donner, c’est‑à‑dire quand vient l’heure de l’amour, nous ne reconnaissons plus le visage, dont notre ferveur implorait la Présence. Nous repoussons le calice d’amertume, nous nous détournons de la Croix et notre cœur n’est qu’une plainte contre l’injustice du sort.

Cette plainte, le Christ la comprend si bien! Il ne se lasse pas de nos gémissements, lui qui a été saisi d’effroi devant sa Croix et qui a donné à la solitude humaine le refuge mystérieux d’une angoisse infinie:

«Père, si c’est possible, que ce calice s’éloigne de moi».

Mais ce n’est pas toujours possible, hélas! Il y a des biens si grands que notre cœur doit se rompre pour leur donner accès. Comment l’infini, pour s’intégrer dans notre vie,  n’en ferait‑il pas éclater les limites?

Lorsque le don commence à nous peser, que la fatigue nous paralyse, regardons Jésus qui, portant sa Croix, partage dans cette chute notre accablement. Et disons-nous qu’à chaque refus, son agonie recommence.

«Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde, nous dit Pascal, il ne faut pas dormir pendant ce temps-là».

Notre tristesse ne sera plus désormais ce repliement de l’âme qui se retranche dans ses blessures, mais la douleur de voir l’Amour méconnu et son règne retardé.

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