Les noces de Cana

2ème dimanche du TO, Année C,
Jn 2, 1-11

Quelle chose admirable, les noces de Cana! Une fête en apparence tout à fait profane, un objet suprêmement profane: le vin qu’il faut offrir aux convives.

Conférence, Cénacle, Paris (France), 1974
Mise en ligne: 13.1.22
Temps de lecture: 2 mn

Mariage à Cana, Marko Rupnik

Comment expliquer ce miracle inattendu, que le Christ d’abord refuse, que Marie suggère et qui se produit finalement après la suggestion de Marie.

Comment expliquer ce miracle, sinon par le caractère sacré de la vie?

Car enfin, ce couple dont la maison est ouverte, car tout le village se précipite et n’importe qui a le droit d’entrer, mais, s’il a le droit d’entrer, il a le droit aussi de festoyer et d’avoir sa part aux bonnes choses…

Tout est sacré, parce que la vie l’est elle-même en son fondement.

Et voilà que le vin va manquer, et voilà que la fête va être éteinte, et voilà que ce jour de gloire va devenir un jour de deuil, et voilà que toute la vie, ce couple se souviendra de sa confusion.

Il n’a pas pu faire honneur à ses hôtes et au lieu d’emporter de ce jour un ferment de joie pour toute la vie, il en emportera un sentiment de confusion pour toute la vie.

Et c’est justement cette blessure que la très sainte Vierge veut éviter, cette blessure qui pourrait jeter un deuil, un voile sur toute la vie.

Il faut que la fête soit complète, il faut qu’ils puissent faire honneur à leurs hôtes, il faut que, jusqu’à la fin de leurs jours, ce jour de leur mariage leur apparaisse comme un jour faste, un jour merveilleux où la joie a été pleine et où chacun a été comblé.

Il n’y a donc plus rien de profane maintenant, tout est sacré, parce que la vie l’est elle-même en son fondement.

C’est alors que l’eau des urnes devient ce vin délectable que goûte le majordome en se demandant d’où il provient.

C’est donc là un miracle de première grandeur, précisément dans sa signification, à savoir qu’il n’y a pas un monde profane et un monde sacré.

Il n’y a qu’un monde, sacré parce que toutes les activités de l’homme sont des activités orientées vers Dieu, qui peuvent émaner de lui et qui concourent à inscrire son règne dans l’univers.

Aussi bien, saint Benoît, dans sa règle, prescrit-il aux moines de traiter les objets du monastère comme des vases sacrés.

Les outils du monastère, ce sont des vases sacrés, parce que tout le monastère est consacré, parce que le travail des mains comme la méditation de l’esprit, comme la célébration de la divine liturgie, tout cela s’accomplit dans la Présence de Dieu et pour la gloire de son amour.

Il y a donc une prière de la vie, une prière de la profession.

Cette maman qui baigne son petit enfant qui a un mois ou six semaines et qui me dira: «Comme c’est beau! … comme c’est beau! … et je n’y suis pour rien, tout ça s’est fait sans moi, en moi, c’est merveilleux!», cette surprise devant la splendeur de ces membres si délicatement agencés, c’est un cri d’action de grâces, c’est un cri de louange, c’est la prière même de la maternité.

En faut-il davantage pour entrer en oraison? Certainement pas.

Et nous avons entendu la prière d’Einstein, celle d’un homme qui éprouve un sentiment de respect du sacré en face de l’univers: c’est évidemment que, pour lui, toute la création est passée au-dedans, qu’il la vit à partir de sa source.

Il perçoit la pensée, l’intelligence qui dépasse infiniment la sienne et où la sienne trouve sa lumière et dans cette admiration qu’il éprouve, il entre en prière, sans qu’il donne à cet émerveillement le nom de prière.

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