Le chrétien, ouvrier pour la moisson

11e dimanche du temps ordinaire,
Année A, 18 juin 2023, Matthieu 9, 36-10, 8

D’une conférence de Maurice Zundel sur le mystère de l’Église, donnée à Paris en 1964.

« La moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux ». Ici, le Christ est à l’origine de la moisson, puisqu’Il a révélé et transmis la Lumière et l’Amour de Dieu. Mais toute l’Église est appelée à communiquer, en transparence avec le Christ, cette Révélation. Tous ceux qui vivent en Christ deviennent ouvriers de la moisson.

La Révélation chrétienne, si elle est vraiment la Présence de Jésus, si elle tient à celle-ci, si la pauvreté et le dépouillement radical de l’humanité de Jésus qui fixe dans notre histoire le Soleil divin sans le limiter, mais, au contraire, en en répandant sur tous l’infinie lumière: alors il faut que Jésus demeure.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles
parce qu’elles étaient désemparées et abattues
comme des brebis sans berger.
Il dit alors à ses disciples :
« La moisson est abondante,
mais les ouvriers sont peu nombreux.
Priez donc le maître de la moisson
d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »
Alors Jésus appela ses douze disciples
et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs
et de guérir toute maladie et toute infirmité.

Voici les noms des douze Apôtres :
le premier, Simon, nommé Pierre ;
André son frère ;
Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
Philippe et Barthélemy ;
Thomas et Matthieu le publicain ;
Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ;
Simon le Zélote
et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra.
Ces douze, Jésus les envoya en mission
avec les instructions suivantes :
« Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes
et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.
Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël.
Sur votre route,
proclamez que le royaume des Cieux est tout proche.
Guérissez les malades, ressuscitez les morts,
purifiez les lépreux, expulsez les démons.
Vous avez reçu gratuitement :
donnez gratuitement. »

Conférence, Paris, 1964
Mise en ligne: 14.06.23
Temps de lecture: 2 mn

Mais, puisqu’il faut qu’il s’en aille, car son apparence visible est un piège, puisque d’ailleurs il y aurait quelque chose de fantastique qu’une vie humaine se prolongeât aux siècles des siècles, il va demeurer en forme d’Église.

Toute grâce est une mission.

Il va demeurer en forme d’Église en associant toute l’humanité à sa mission, puisque son Incarnation même est une mission, puisque cette grâce unique qui fait graviter cette humanité en Dieu, cette grâce unique par laquelle elle est revêtue du Moi divin, est l’éternelle Pauvreté, cette grâce unique est naturellement le point de départ d’une mission unique.

Toute grâce est une mission. Et cette grâce qui va jusqu’à la racine de l’être qui l’évacuait de toutes ses ombres pour qu’il soit capable de transmettre la divine Lumière, cette grâce unique comporte une mission unique, universelle.

Jésus donc subsistant, perdurant, continuant sa carrière en forme d’Église, non seulement réalise sa mission qui est de devenir en chacun de nous le ferment d’une libération par l’évacuation de nous-mêmes, mais il nous associe à son œuvre, puisque, pour nous aussi, toute grâce doit être une mission.

Le recevoir, c’est donc aussi le communiquer. On ne peut le recevoir sans le communiquer.

Il y a donc la vocation du chrétien, il y a dans la rencontre de l’homme avec Jésus, il y a nécessairement un envoi, une mission: on ne peut rencontrer le Christ, sans être envoyé et sans devenir pour autant Église.

Il reste que, comme nous ne sommes pas certains et comme il est au contraire infiniment probable que nous n’allons pas recevoir la lumière du Christ en plénitude étant donné les limites que nous lui opposons… il reste que, si nous sommes réellement envoyés, nous risquons de limiter le Christ à ce que nous sommes capables d’en recevoir et de priver les autres d’une lumière beaucoup plus abondante, dont ils seraient plus capables que nous-mêmes.

C’est pourquoi, si le Christ survit en forme d’Église, s’il s’agit vraiment de lui, s’il ne peut s’agir que de lui, si la Révélation ne doit pas nous être retirée, il faudra que l’Église reste et demeure Lui.

C’est ce que nous entrevoyons dans la vision de Damas, où Jésus qui vient de se révéler à Saul, lequel va devenir saint Paul, où Jésus s’identifie avec la communauté que Paul rêvait de détruire. Jésus lui dit: «Je suis Jésus que tu persécutes».

On ne peut pas dire de manière plus brève, plus incisive, plus éclatante, plus indiscutable qu’il y a une identité entre la communauté et Jésus et toute la théologie de l’Église tient évidemment dans cette identité: «Je suis Jésus».

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