Sainte Marie, Mère de Dieu

1er janvier, 
Année A, Lc 2, 16-21

D’une conférence de Maurice Zundel donnée au Cénacle de Genève en 1964.

Le 1er janvier, qui tombe un dimanche en cette année 2023, l’Église célèbre la Theotokos, à savoir ce titre donnée à Marie: Mère de Dieu.
Que signifie la Theotokos ? Justement que la Sainte Vierge est réellement la mère du Christ. Si elle n’avait eu de contact qu’extérieur et biologique avec lui, elle ne l’aurait pas touché, comme les Apôtres ne l’ont pas touché.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem,
et ils découvrirent Marie et Joseph,
avec le nouveau-né
couché dans la mangeoire.
Après avoir vu,
ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé
au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient
de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ;
ils glorifiaient et louaient Dieu
pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu,
selon ce qui leur avait été annoncé.

Quand fut arrivé le huitième jour,
celui de la circoncision,
l’enfant reçut le nom de Jésus,
le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

Conférence, Genève, 1964
Mise en ligne: 29.12.22
Temps de lecture: 2 mn

«Ne me touche pas», dit-il à la Magdeleine au jour de Pâques. «Ne me touche pas, cela ne sert à rien. Ce n’est pas dehors, c’est dedans. C’est dans cette identification avec moi-même, c’est dans cette pauvreté que tu m’atteindras. Ce n’est pas du dehors en voulant me retenir et faire de moi le captif de ton amour.»

La connaissance est toujours une naissance.

La Vierge donc ne sera mère du Christ qu’en l’engendrant d’abord spirituellement. C’est quand elle aura fait de tout son être un espace de lumière qu’elle pourra devenir le berceau d’une chair elle-même sacrement.

Cette maternité virginale, cette maternité sacramentelle, cette maternité intérieure, cette maternité de la personne est un témoignage parfait à la qualité unique de l’humanité de Jésus-Christ: c’est parce que Jésus-Christ est ce qu’il est que la Vierge est ce qu’elle est.

C’est parce que l’humanité de Jésus est cette humanité purement sacramentelle que la maternité de la Vierge est virginale, non pas du tout d’une virginité physique seulement, qui n’aurait aucune espèce d’intérêt ni de signification, mais d’une virginité qui est justement la kénose, l’évacuation de soi, qui provoque ce toucher spirituel, ce contact de personne à personne qui relie essentiellement la Vierge à son Fils dès le premier instant de son existence.

C’est par là que la maternité de la Vierge devient réelle et, si j’y insiste, c’est que justement nous voyons que le dogme, dès qu’on veut le prendre du dehors, nous échappe, devient absurde, mythique et idolâtrique. Dès qu’on le vit comme un sacrement, il est d’une lumière inépuisable, parce qu’il touche toujours un aspect de notre liberté, un aspect de notre vie intérieure essentiel qui est exemplarifié, je veux dire qu’il trouve son modèle parfait, sa source, sa racine, son milieu vital en Jésus.

Mais il y a un autre motif d’insister sur cette maternité divine, c’est que c’est là notre vocation: nous avons précisément la charge d’enfanter Dieu. La connaissance est toujours une naissance. La connaissance est toujours un engendrement et c’est ce que signifie – on ne l’a pas du tout compris – le salut par la foi.

Le salut par la foi ne veut pas dire: «Je me fie à une parole, je n’y comprends rien, je me soumets à un décret-loi de la sagesse divine». Mais non: le salut par la foi, c’est la connaissance dans la lumière de la flamme d’amour. C’est une connaissance qui ne nous est pas imposée du dehors. C’est une connaissance savoureuse. C’est une connaissance libératrice. C’est une connaissance qui amplifie à l’infini l’intelligence. C’est une intelligence qui nous appelle à grandir et à nous délivrer précisément de tout ce qui limite notre esprit, notre amour et notre vie.

Si nous avons à connaître Dieu par la foi, c’est-à-dire par une lumière intérieure, c’est que Dieu justement ne peut pas s’imposer à nous, qu’il ne peut que vivre en nous comme le fruit d’un amour où notre être a fleuri.

Non pas subir Dieu, mais le vivre et, pour le vivre, l’enfanter, c’est-à-dire faire de nous-même, à l’instigation du Christ et dans la fermentation même de sa Présence, une transparence à Dieu.

Mais qu’il s’agisse là d’une nouvelle naissance, que la connaissance, ici, ait vraiment une valeur essentiellement libératrice et créatrice, c’est ce qu’il faut voir en nous souvenant que le Christ lui-même a dit: «Celui qui fait la volonté de Dieu est mon frère et ma sœur et ma mère, et ma mère».

Il y a donc en chacun de nous une vocation de theotokos. Nous avons tous à être mère de Dieu, nous avons tous à enfanter Dieu et je dirais que c’est là le sens même du Christianisme.

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