Prendre sa croix, c’est entrer en générosité

22e Semaine du Temps Ordinaire, Année A, Mt 16, 21-27

Quelle valeur refuser à un être qui est mesuré à la mesure de la Croix? Si vraiment le Christ a donné sa vie pour tous et chacun, c’est que chacun a une valeur infinie.

Conférence, Cénacle (Paris) 1964
Mise en ligne: 27.08.20
Temps de lecture: 2 mn

"Prendre sa croix, c’est entrer en générosité" | DR

C’est que chacun est indispensable, c’est que chacun est unique, c’est qu’en chacun le monde commence, c’est que chacun doit devenir origine, c’est que chaque regard peut imprimer au monde un nouveau mouvement et, à travers le monde, communiquer aux hommes une nouvelle révélation.

Et il y a cette chose prodigieuse dans le Christ: l’homme grandit à l’infini, à mesure que Dieu se révèle davantage comme la pauvreté d’un amour où il n’y a rien que l’amour.

Mais la grandeur de l’homme est une grandeur de pauvreté. Aussi, c’est une grandeur de démission, parce que Jésus a introduit dans le monde une nouvelle échelle de valeur qui est celle de la générosité.

Le monde est encore tout infecté de ces faux dieux, c’est-à-dire de ces fausses représentations de Dieu qui sont uniquement le fait de l’homme et le monde ne cesse de concevoir la grandeur comme une domination.

Dominer, écraser, avoir des inférieurs, commander, employer le mode impératif, avoir des courtisans et des thuriféraires, être loué, considéré comme celui qui est en haut par ceux qui sont en bas, c’est la vision de la grandeur humaine, c’est la vision mortelle, absurde, irréalisable qui aboutit toujours finalement à l’esclavage du despote et à l’avilissement des esclaves.

Le plus grand, c’est celui qui se donne le plus

Jésus nous introduit dans un nouveau monde qui est un monde de générosité où la seule grandeur est de se donner. Le plus grand, c’est celui qui se donne le plus et Dieu est au sommet de la grandeur parce qu’il est uniquement celui qui se donne.

Nous commençons maintenant à être introduits au cœur de cette mystique étrange, de cette mystique unique, bouleversante où il ne s’agit plus de notre accomplissement: le monde que Dieu veut, ce n’est pas ce monde qui gît dans les gémissements de la douleur et de l’enfantement, comme dit saint Paul, ce monde soumis à la vanité et qui attend la révélation de la gloire du Fils de Dieu.

C’est un autre monde, celui qui naîtra de l’amour quand nous aurons fermé l’anneau d’or des fiançailles éternelles, quand notre vie elle-même sera devenue un consentement d’amour et quand nous aurons protégé Dieu contre nous-même au point de devenir le berceau vivant de sa naissance.

C’est cela qu’il faut retenir: ce renversement total des perspectives, cet anoblissement de l’homme qui devient le partenaire à égalité car, dans l’amour, il n’y a pas de juridisme possible: le partenaire d’un Dieu qui est tout amour, d’un Dieu qui est sans défense, d’un Dieu désarmé, d’un Dieu qui a absolument besoin de nous, d’un Dieu dont chacun de nous a à être le berceau silencieux et transparent.

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