Le baiser au lépreux

6e dimanche du Temps Ordinaire,
Année B, 11 février 2024, Marc 1, 40-45

D’une conférence de Maurice Zundel donnée à l’église St-Séverin à Paris en 1951. L’Évangile de ce dimanche parle d’un lépreux que Jésus a touché et guéri. Ce miracle a inspiré saint François d’Assise, quand il a embrassé le lépreux.

Si l’homme est vivant, et nous le sentons dès lors que nous sommes saisis de respect devant l’homme… si l’homme est vivant, c’est qu’il y a en lui plus que lui-même. C’est qu’il y a un Sujet majuscule, avec lequel on peut dialoguer, auquel on peut se donner et qu’on peut aimer.

En ce temps-là,
un lépreux vint auprès de Jésus ;
il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit :
« Si tu le veux, tu peux me purifier. »
Saisi de compassion, Jésus étendit la main,
le toucha et lui dit :
« Je le veux, sois purifié. »
À l’instant même, la lèpre le quitta
et il fut purifié.
Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt
en lui disant :
« Attention, ne dis rien à personne,
mais va te montrer au prêtre,
et donne pour ta purification
ce que Moïse a prescrit dans la Loi :
cela sera pour les gens un témoignage. »
Une fois parti,
cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle,
de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville,
mais restait à l’écart, dans des endroits déserts.
De partout cependant on venait à lui.

Conférence, Paris, 1951
Mise en ligne: 09.02.24
Temps de lecture: 2 mn

Merleau-Ponty noue le problème lorsqu’il fonde la religion sur les relations interhumaines: les autres sont comme moi. Il va même plus loin, quand il représente la religion comme un cri, un appel: l’appel d’une générosité infinie et désarmée qui suscite la nôtre.

Trouver l’autre en soi.

Quand saint François rencontre le lépreux qu’il va baiser, geste qui décidera de toute sa vie puisqu’il y repense encore dans son testament, c’est pour lui la grande ouverture sur le Seigneur.

Qu’y avait-il de particulier dans ce lépreux? Pourquoi l’embrasser aujourd’hui plus que la veille? Pourquoi, sinon que, ce jour-là, François a perçu à travers le lépreux une immense tendresse qui l’enveloppe et qui lui permet de s’identifier avec l’autre. Il était resté en dehors du lépreux, il l’avait regardé comme un étranger, comme une chose, comme une possibilité de contagion.

Et maintenant, il devient intérieur au lépreux, il sent au-dedans de lui-même comme une présence qui le sollicite, parce qu’il échange avec le lépreux une Présence qui les dépasse l’un et l’autre et qui fait se fondre leur double intimité.

Et, quand il l’a embrassé, sa vie est transformée, il a changé d’étage: il a trouvé ce visage à jamais imprimé dans son cœur, il est entré dans ce dialogue où notre intimité se constitue, le dialogue existentiel par excellence.

Il a trouvé l’autre en soi. Il a trouvé le Sujet majuscule, avec lequel le sujet minuscule est confronté.

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