Noël: notre naissance

Le BONHEUR d’un foyer dépend avant tout, on ne peut le contester, du degré et de la qualité de l’intimité qui règne entre les époux d’une part, entre les parents et les enfants d’autre part.

Billet liturgique de Maurice Zundel, Bulletin du Sacré-Coeur Lausanne, décembre 1966
Mise en ligne:
23.12.22
Temps de lecture: 3 mn

Cette intimité a pour condition essentielle une égale réciprocité dans le don de soi. C’est l’amour, autrement dit, qui révèle à chacun le vrai visage des autres.
Cela paraît tout simple. En réalité, il y a, dans toute famille, tant de choses à débattre et à faire sur le plan matériel ou social que le secret personnel de chacun est presque inévitablement refoulé par les préoccupations de la vie quotidienne.
Quels mots d’ailleurs pourraient exprimer un tel secret? On ne l’atteint en soi et on ne le perçoit chez les autres qu’en faisant le vide en soi, qu’en évacuant le « moi » possessif dont les options égocentriques altèrent le regard et faussent le jugement. Sans ce dépouillement libérateur, chacun s’enferme dans ses limites et les impose à autrui.
En d’autres termes plus positifs: c’est dans un espace infini, silencieusement offert, que se fait jour la présence où les intimités s’échangent et se révèlent sans empiéter indiscrètement les unes sur les autres. Les âmes ainsi se sentent unies par le fond dans une sorte de commune respiration en un même centre intérieur à chacune. Les rapports de surface s’éclairent, alors, du dedans et s’assouplissent dans le respect de cette harmonie intime éprouvée comme la plus précieuse valeur.
Il n’est assurément pas facile d’accéder et, encore moins, de se maintenir à ce niveau. C’est pourquoi nous perdons de vue, si souvent, le mystère de la personne, qui ne se révèle qu’à l’amour et selon le degré de générosité dont il est capable.
C’est ainsi que Notre-Seigneur éclaire et réalise d’une manière unique les pressentiments et les exigences que l’expérience de l’amour authentique éveille en nous. Tout le secteur des relations proprement personnelles, avec nous-même, avec autrui et avec l’univers, reçoit de Lui une lumière et un accroissement incomparable.
C’est par là que Noël signifie notre naissance à nous-même – à notre être le plus authentique – autant que la naissance du Christ parmi nous: à condition que nous le laissions naître en nous.
« Dieu est Esprit, en effet, et il faut que ses adorateurs l’adorent en esprit et en vérité »: en le concevant spirituellement par la foi, comme di Bède, et en l’engendrant dans leur coeur et dans celui des autres par la charité.
Ces trop brèves réflexions nous aideront peut-être à entrevoir ce que notre pensée doit à Jésus et qu’avec lui et en lui les chemins de l’amour conduisent aux sommets de l’esprit.

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