Une foi simple

20e dimanche du Temps ordinaire
Année A, 20 août 2023, Matthieu 15, 21-28

D’une causerie de Maurice Zundel donnée lors d’une retraite aux sœurs de St-Augustin à St-Maurice (Suisse) en 1953.

Jésus témoigne sa faveur aussi aux païens, et un très grand exemple de foi est celui du centurion, païen sympathique aux Juifs, qui doit avoir un attrait très fort vers le Dieu unique, mais païen tout de même. C’est lui que notre Seigneur donne comme exemple de foi en disant qu’il n’a pas trouvé une telle foi en Israël.

En ce temps-là,
partant de Génésareth,
Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant :
« Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David !
Ma fille est tourmentée par un démon. »
Mais il ne lui répondit pas un mot.
Les disciples s’approchèrent pour lui demander :
« Renvoie-la,
car elle nous poursuit de ses cris ! »
Jésus répondit :
« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant :
« Seigneur, viens à mon secours ! »
Il répondit :
« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants
et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit :
« Oui, Seigneur ;
mais justement, les petits chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres. »
Jésus répondit :
« Femme, grande est ta foi,
que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

Causerie, St-Maurice (Suisse), 1953
Mise en ligne: 16.08.23
Temps de lecture: 2 mn

C’est encore l’exemple célèbre de la Cananéenne qui le poursuit de ses supplications. Elle ne se laisse pas démonter par son accueil: «On n’enlève pas le pain aux enfants pour le donner aux petits chiens»; et elle de répondre: «Oui, Seigneur, mais il suffit aux petits chiens de se servir des miettes qui tombent de la table de leur maître» (Mt 15, 26-27).

Ce qui importe, c’est la rencontre authentique avec Dieu.

Et notre Seigneur loue cette femme, loue cette foi si grande. Ces païens atteignent au sommet de la foi et dépassent les Juifs, avec toute leur Révélation.

Même tendresse de notre Seigneur à l’égard des pécheurs et des pécheresses. Il a loué comme celle qui a le plus aimé, celle que le pharisien, dans sa justice, regarde de bien loin, celle dont l’amour obtient immédiatement cette espèce de canonisation, qui fait de la pécheresse la première des contemplatives. (…)

Il est donc certain qu’il y a en notre Seigneur un certain goût des hérétiques et des pécheurs; pas de l’hérésie ni du péché, mais des hérétiques et des pécheurs.

Pourquoi? Pourquoi notre Seigneur, qui est Juif, montre-t-il un tel goût des hérétiques et des pécheurs?

C’est qu’évidemment, pour lui, les âmes ne se jugent pas suivant les catégories extérieures. Il y a un seul problème, c’est la rencontre, la rencontre authentique avec Dieu. Qu’importe qu’un homme remplisse telle ou telle fonction, qu’il soit Pharisien ou Samaritain.

Ce qui importe pour lui, c’est que cet homme se soit quitté lui-même, c’est qu’il soit ouvert au Royaume de Dieu, qu’il n’y ait pas dans son coeur de dualité, qu’il ne soit plus qu’un regard d’amour vers Dieu.

Et c’est pourquoi notre Seigneur, n’oubliant pourtant pas qu’il y a une tradition chez les Juifs, ni ce qu’il doit aux usages et aux cérémonies de son Dieu, spontanément, avec tout l’élan de son être, va vers ces âmes sincères qui n’ont pas de replis, qui se donnent comme elles sont et qui exposent leurs péchés et leurs erreurs au rayonnement de Dieu. Ce goût de notre Seigneur est donc un goût de l’authenticité: rien n’est plus horrible aux yeux de Jésus que le personnage fabriqué qui promène dans le monde un sosie en carton et qui n’est pas authentique.

Notre Seigneur cherche le vrai visage de l’homme, vrai visage justement dans la mesure où il laisse transparaître le visage de Dieu.

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