Transfiguration du Seigneur

Dimanche 6 août 2023, Transfiguration du Seigneur
Année A, Matthieu 17, 1-9

D’une homélie de Maurice Zundel donnée à Lausanne en 1956.

L’Évangile d’aujourd’hui, cet Évangile de la Transfiguration, nous pose précisément cette question: sommes-nous une façade?

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère,
et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux ;
son visage devint brillant comme le soleil,
et ses vêtements, blancs comme la lumière.
Voici que leur apparurent Moïse et Élie,
qui s’entretenaient avec lui.
Pierre alors prit la parole et dit à Jésus :
« Seigneur, il est bon que nous soyons ici !
Si tu le veux,
je vais dresser ici trois tentes,
une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
Il parlait encore,
lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre,
et voici que, de la nuée, une voix disait :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé,
en qui je trouve ma joie :
écoutez-le ! »
Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre
et furent saisis d’une grande crainte.
Jésus s’approcha, les toucha et leur dit :
« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »
Levant les yeux,
ils ne virent plus personne,
sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne,
Jésus leur donna cet ordre :
« Ne parlez de cette vision à personne,
avant que le Fils de l’homme
soit ressuscité d’entre les morts. »

Homélie, Lausanne, 1956
Mise en ligne: 02.08.23
Temps de lecture: 2 mn

Est-ce que notre visage exprime autre chose qu’un perpétuel camouflage derrière lequel nous déguisons ce que nous sommes? Est-ce que nous n’apportons pas dix-neuf fois sur vingt aux autres ce mensonge vivant d’un visage qui s’accommode pour faire croire qu’il y a une présence, une bonté, une générosité, un dévouement, une amitié ou un amour?

Notre corps a une vocation spirituelle et divine.

Et, au fond, il n’y a rien, il n’y a rien qu’un formidable égoïsme biologique et animal qui suit sa propre pente et qui s’arrange simplement pour conserver jusqu’à un certain point les formes nécessaires.

Nous sommes du moins tentés de prononcer contre les autres ou contre nous-mêmes un tel réquisitoire, qui est d’ailleurs parfaitement inutile, car, ce que l’Évangile d’aujourd’hui nous propose, ce qu’il nous révèle dans la Transfiguration de Jésus, c’est cette puissance prodigieuse et magnifique d’un corps humain qui peut devenir le visage de l’éternelle lumière.

Car il n’y a pas de doute que le Christ était ce qu’il apparaissait sur la montagne de la Transfiguration (Mt 17, 1-8). Si les apôtres qui l’accompagnent, ses trois amis, Pierre, Jacques et Jean, sont éblouis devant cette splendeur, ce n’est pas qu’elle fût absente au jour le jour de la vie de notre Seigneur, mais les yeux des apôtres, comme plus tard ceux des disciples d’Emmaüs, ne pouvaient pas percevoir ce rayonnement, parce qu’il n’y avait pas en eux assez de transparence, assez de pureté, assez d’amour, assez de générosité pour entrer dans ce domaine de la pure lumière et de l’éternel amour.

Le jour de la Transfiguration, pour un instant, leurs yeux s’ouvrent; pour un instant, ils entrent dans ce secret merveilleux d’une chair divinisée, d’un visage qui porte la splendeur de la vie éternelle et ils en sont tellement émerveillés que Pierre veut à toute force demeurer sur ce sommet. Il ne demande pas autre chose. Il a découvert enfin toutes ses raisons de vivre.

Il veut construire trois tentes, une pour le Christ, une pour Élie, une pour Moïse, afin que cette joie ne se tarisse plus, qu’elle demeure à jamais et que la vie soit ce perpétuel enchantement dans la découverte de la face divine.

Il reste que la chair du Christ était toute pénétrée de cette lumière. Il reste que le visage de notre Seigneur portait en lui toute la clarté de Dieu. Il reste donc que le corps humain est capable de cette formidable assomption, que le corps humain peut être transfiguré et qu’il a, lui aussi, un message de lumière à communiquer.

Et d’ailleurs, comment la lumière de l’âme, la lumière de l’esprit, la lumière intérieure, comment ce chant du silence qui monte des profondeurs de notre être, comment pourrait-il se faire jour si ce n’est à travers notre visage, à travers notre corps?

Notre corps a une vocation spirituelle, il a une vocation divine. Notre corps est le premier évangile, car c’est à travers l’expression de notre visage, à travers notre ouverture, à travers notre bienveillance et notre sourire que doit passer le témoignage de la Présence divine.

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