Tout peut recommencer

1er dimanche de l’Avent, 
Année B, 3 décembre 2023, Marc 13, 33-37

D’une causerie de Maurice Zundel donnée au Cénacle de Genève en 1948. Ce sont des notes d’auditeur, mais elles sont détaillées et fidèles.

Notre passé est dans notre avenir: c’est la pensée de ce premier dimanche de l’Avent. L’Église récapitule dans le Christ toute l’histoire du monde.

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Prenez garde, restez éveillés :
car vous ne savez pas
quand ce sera le moment.
C’est comme un homme parti en voyage :
en quittant sa maison,
il a donné tout pouvoir à ses serviteurs,
fixé à chacun son travail,
et demandé au portier de veiller.
Veillez donc,
car vous ne savez pas
quand vient le maître de la maison,
le soir ou à minuit,
au chant du coq ou le matin ;
s’il arrive à l’improviste,
il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous :
Veillez ! »

Causerie, Genève, 1948
Mise en ligne: 01.12.23
Temps de lecture: 2 mn

Le Christ est au commencement, comme il est à la fin et au milieu. Il contient tous les siècles et sa Passion commence avec l’histoire, ce dialogue d’amour qui est le secret de l’Histoire où Dieu fait toujours sa part et où l’homme fait presque toujours la sienne, qui est celle du refus et du sabotage de l’œuvre de Dieu.

Notre passé est dans notre avenir

En Dieu, tout est toujours nouveau et il est toujours possible de commencer. L’Église du Christ nous invite à l’espérance, à l’éternelle jeunesse. Le monde commence aujourd’hui: tous les siècles qui semblent révolus commencent; tous ces morts, ces héros qui semblent des morts, commencent, car ils sont vivants dans l’Amour et dans la Pensée de Dieu.

Nous recommençons donc cette histoire du monde. Tous ceux qui ont dans le monde une influence ont fait luire une clarté. Nous pouvons les ressusciter aujourd’hui, car tout commence dans l’Eternité de Dieu, rien n’est irréparable, l’amour peut tout atteindre, sauf le refus à l’amour: tout peut ressusciter et notre passé est dans notre avenir.

Madeleine la pécheresse qui découvre enfin l’Amour: c’est elle la première qui découvrira le Christ ressuscité, la première qui persévèrera dans la foi de son amour. L’Église a fait de Madeleine une cathédrale de la miséricorde sur toute une vie de désordre et de péché. Ses péchés étaient le commencement, ils pouvaient la conduire à une déchéance monstrueuse, elle aurait pu aller plus loin, faire une philosophie de ses péchés et déclarer que c’était bien.

Un acte humain n’est jamais clos: la grâce peut toujours intervenir. Ayant éprouvé à travers la lumière du Christ que son péché était une attente, une recherche de Dieu, elle va engouffrer tout l’élan de son amour et de son esprit pour édifier cette cathédrale de prudence, d’espérance et d’amour et devenir cette contemplative qui pénétra plus profondément que les Apôtres et avant eux dans la victoire de l’éternel Amour.

Dans notre passé, il y a bien des choses que nous voudrions effacer, qui sont obscures, indignes de Dieu et de nous, mais notre passé est dans notre avenir. Il ne faut pas nous lamenter, mais saisir tout ce qui est vivant, capable de redevenir une source d’action de grâce, de confiance et d’abandon.

Il n’y a aucun de nos actes qui ne soit appelé à devenir la pierre d’angle de la cathédrale que nous devons devenir.

Rien n’est perdu, tout commence, notre jeunesse est devant nous… En Dieu, tout est nouveau, rien n’est jamais clos, tout demeure ouvert. Dieu, ce matin, est un Dieu tout neuf et qui en notre vie veut prendre un nouveau départ et jaillir du fond de son Amour comme l’imprévisible merveilleux.

Entrer dans ce sillage d’espérance et de lumière… Il ne faut pas nous asseoir dans nos habitudes, ne pas prendre le parti de nos vieillissements, croire qu’il n’y a plus rien à changer, que nous n’aurons jamais d’autre visage: cela n’est pas chrétien.

Tout peut changer: aucune attitude qui ne doive se raidir, aucun pli qui ne puisse se détendre, aucun mort qui ne soit appelé à ressusciter.

Le monde se recrée dès son origine en ce premier dimanche de l’Avent. Demandons à Dieu d’en ordonner tous les plans, d’en féconder toutes les souffrances et toutes les joies.

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