Qui peut calculer la grandeur de l’homme ?

23e dimanche du TO, Année C,
Lc 2, 41-52
Luc parle de « calculer la dépense ». C’est, avec le Christ et en lui, d’aller vers la vraie grandeur de l’homme : entreprise infinie et exaltante, qui demande un respect de tout l’homme, y compris de son corps promis à la vie éternelle.

On ne voit le corps, vraiment, le corps humain, le corps devenu le visage de Dieu, on ne le voit que par un regard intérieur chargé d’amour et de respect

ÉVANGILE

« Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)

Alléluia. Alléluia.
Pour ton serviteur, que ton visage s’illumine :
apprends-moi tes commandements.
Alléluia. (Ps 118, 135)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
de grandes foules faisaient route avec Jésus ;
il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi
sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs,
et même à sa propre vie,
il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix
pour marcher à ma suite
ne peut pas être mon disciple.

Quel est celui d’entre vous
qui, voulant bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir
pour calculer la dépense
et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever,
tous ceux qui le verront vont se moquer de lui :
‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir
et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi
qui, partant en guerre contre un autre roi,
ne commence par s’asseoir
pour voir s’il peut, avec dix mille hommes,
affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas,
il envoie, pendant que l’autre est encore loin,
une délégation pour demander les conditions de paix.

Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas
à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Homélie, Lausanne, 1955
Mise en ligne: 31.08.22
Temps de lecture: 2 mn

La grandeur humaine, c’est que nous soyons des créateurs, et qu’à chaque instant nous ayons à décider si nous serons un résultat ou une origine !

Écoutons donc cette proposition de la grandeur qui nous est faite. Comprenons qu’en Jésus, comme nous le dit saint Paul, il n’y a pas de « oui » et de « non ». En Jésus, il n’y a que le « oui ». En Jésus, il n’y a que la promotion d’un corps ressuscité, glorifié, transfiguré et promis lui-même à la vie éternelle.

Comme nous avons méconnu la grandeur de l’Evangile, comme nous avons fait de l’homme un être chétif, alors qu’il a les dimensions de sa vocation divine, comme nous avons fait de Dieu une idole rabougrie !

Il nous faut retrouver tout cela pour entrer dans la joie du temps pascal, car si la Croix est passée parmi nous, ce n’est pas pour nous conduire au culte de la douleur.

Tes mains ne pourront pas saisir ce à quoi tu aspires.

Elle est passée parmi nous pour vaincre la douleur et la mort, pour révéler la vie, pour la restaurer dans toute sa dignité et dans toute sa magnificence, pour nous faire prendre conscience de cette collaboration nécessaire à laquelle nous sommes constamment appelés à l’œuvre divine.

Oscar Wilde, dans sa prison, après une année de torture et de révolte, découvre enfin l’orbite de son âme et il écrit ce mot immortel : « Qui peut calculer l’orbite de son âme ? »

Le mot porte loin, et il mérite de vivre ; et il faut ajouter : « Qui peut calculer, qui peut mesurer la grandeur et la dignité de son corps ? », car c’est tout l’être en Jésus qui est glorifié, notre corps autant que notre esprit, notre chair autant que notre âme ; c’est tout cela d’un seul mouvement qui doit aller à Dieu, qui doit exprimer Dieu et qui doit créer une vie digne de l’homme et digne de Dieu.

Ce « Noli me tangere » que Jésus prononce, « Ne me touche pas, ne me touche pas ! » dit-il à la Magdeleine, ne me touche pas, parce que tes mains ne pourront pas saisir ce à quoi tu aspires.

Il faut le répéter : ce Corps transfiguré, on ne peut le toucher qu’avec des mains de lumière, parce que sa véritable dimension échappe à tout contact opaque.

On ne voit le corps, vraiment, le corps humain, le corps devenu le visage de Dieu, on ne le voit que par un regard intérieur chargé d’amour et de respect, parce que, justement, il est devenu, lui aussi, un créateur, une origine, parce qu’il est revêtu d’une dimension nouvelle, parce qu’il porte la face de Jésus- Christ, parce qu’il est promis à la résurrection.

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