Pardonner et encore pardonner

24e dimanche du Temps ordinaire, Année A, 
17 septembre 2023, Matthieu 18, 21-35

D’une homélie de Maurice Zundel donnée à Bex (Suisse) en 1950.

Une petite fille de trois ans et demi demandait: «Dis, Maman, avec quoi est-ce que je t’aime?» – «Avec ton cœur.» Mais la petite fille sentait bien que ce n’était pas avec son cœur physique, qu’il y avait là un mystère.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander :
« Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi,
combien de fois dois-je lui pardonner ?
Jusqu’à sept fois ? »
Jésus lui répondit :
« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois,
mais jusqu’à 70 fois sept fois.
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable
à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.
Il commençait,
quand on lui amena quelqu’un
qui lui devait dix mille talents
(c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).
Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser,
le maître ordonna de le vendre,
avec sa femme, ses enfants et tous ses biens,
en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds,
le serviteur demeurait prosterné et disait :
‘Prends patience envers moi,
et je te rembourserai tout.’
Saisi de compassion, le maître de ce serviteur
le laissa partir et lui remit sa dette.

Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons
qui lui devait cent pièces d’argent.
Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant :
‘Rembourse ta dette !’
Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait :
‘Prends patience envers moi,
et je te rembourserai.’
Mais l’autre refusa
et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait.
Ses compagnons, voyant cela,
furent profondément attristés
et allèrent raconter à leur maître
tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit :
‘Serviteur mauvais !
je t’avais remis toute cette dette
parce que tu m’avais supplié.
Ne devais-tu pas, à ton tour,
avoir pitié de ton compagnon,
comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’
Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux
jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.

C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera,
si chacun de vous ne pardonne pas à son frère
du fond du cœur. »

Homélie, Bex, 1950
Mise en ligne: 14.09.23
Temps de lecture: 2 mn

L’homme ne comprend pas ce mystère de l’amour. L’homme n’aime pas l’homme. Il ne comprend pas l’homme. Il ne trouve pas le chemin de lui‑même. Il est acculé dans une cage dont il ne trouve pas l’issue.

L’homme est celui qui tient Dieu dans sa main

Si l’homme aimait l’homme, il n’y aurait pas la guerre. Il n’y aurait pas ces milliers de femmes et d’enfants sur les routes, sans foyer, pour qui la vie est une chose effroyable, sans aucun sens.

La générosité est le visage de l’amour.

Saint François avait bâti une communauté sur le Monte Casale et, tandis qu’il allait en mission, des brigands vinrent frapper à la porte de cette retraite. Frère Ange, en voyant leurs mains souillées de sang, entra en fureur et leur ferma la porte au nez en leur faisant honte du métier qu’ils faisaient. A son retour, saint François écouta le récit que lui fit Frère Ange et il entra dans une grande tristesse.

«Comment, lui dit‑il, Jésus-Christ t’envoie ici des bandits, afin que tu les sauves et tu te mets en colère, tu endurcis ton cœur et tu les chasses. Prends cette besace qui contient tout ce que j’ai récolté. Va, cherche et ne reviens qu’après avoir retrouvé ces pauvres gens. Jette-toi à leurs genoux et demande-leur pardon.»

Et Frère Ange courut jusqu’à ce qu’il eut retrouvé la trace des bandits. Il se jeta à leurs genoux et leur demanda pardon et, revenus avec Frère Ange, ils dirent à saint François: «Comment, après tout ce que nous avons fait, se pourrait‑il qu’il existe un pardon pour nous?» Saint François les rassura: «Mais vous êtes pardonnés et blancs comme neige et vous pouvez demeurer ici toute votre vie».

Cette générosité est le visage de l’Amour.

Selon la belle image d’un poète anglais: «Dieu est celui qui tient l’homme dans sa main. L’homme est celui qui tient Dieu dans sa main».

Le Christ n’est pas un jugement extérieur à nous-même, c’est un jugement qui part de notre intérieur.

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