Orienter nos talents en Christ

33e dimanche du Temps Ordinaire, 
Année A, 19 novembre 2023, Matthieu 25, 14-30

D’une causerie de Maurice Zundel lors d’une retraite aux sœurs de St-Augustin à St-Maurice (Suisse) en 1953. Le texte de ce dimanche, c’est la parabole des talents. Ici, Zundel exhorte à développer ses propres talents en les ordonnant en Christ, dans l’esprit de l’amour du Christ. 

Être chrétien, c’est être grand, c’est être enfant de Dieu, c’est porter Dieu, c’est être le prolongement de l’Incarnation et, par conséquent, le chrétien a une tâche immense. Il doit vraiment porter le monde et l’Eglise, parce qu’en lui Dieu demeure et qu’il est chargé de le communiquer.

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« C’est comme un homme qui partait en voyage :
il appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
À l’un il remit une somme de cinq talents,
à un autre deux talents,
au troisième un seul talent,
à chacun selon ses capacités.
Puis il partit.

Aussitôt,  celui qui avait reçu les cinq talents
s’en alla pour les faire valoir
et en gagna cinq autres.
De même, celui qui avait reçu deux talents
en gagna deux autres.
Mais celui qui n’en avait reçu qu’un
alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.

Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint
et il leur demanda des comptes.
Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha,
présenta cinq autres talents
et dit :
‘Seigneur,
tu m’as confié cinq talents ;
voilà, j’en ai gagné cinq autres.’
Son maître lui déclara :
‘Très bien, serviteur bon et fidèle,
tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ;
entre dans la joie de ton seigneur.’
Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi
et dit :
‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ;
voilà, j’en ai gagné deux autres.’
Son maître lui déclara :
‘Très bien, serviteur bon et fidèle,
tu as été fidèle pour peu de choses,
je t’en confierai beaucoup ;
entre dans la joie de ton seigneur.’

Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi
et dit :
‘Seigneur,
je savais que tu es un homme dur :
tu moissonnes là où tu n’as pas semé,
tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain.
J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre.
Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’
Son maître lui répliqua :
‘Serviteur mauvais et paresseux,
tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé,
que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu.
Alors, il fallait placer mon argent à la banque ;
et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts.
Enlevez-lui donc son talent
et donnez-le à celui qui en a dix.
À celui qui a, on donnera encore,
et il sera dans l’abondance ;
mais celui qui n’a rien
se verra enlever même ce qu’il a.
Quant à ce serviteur bon à rien,
jetez-le dans les ténèbres extérieures ;
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ »

Causerie, St-Maurice (Suisse), 1953
Mise en ligne: 17.11.23
Temps de lecture: 2 mn

Il ne s’agit donc pas pour nous de renoncer à la grandeur, de renoncer à l’influence, de renoncer aux dons, aux talents, mais de les faire fructifier au maximum pour le Règne de Jésus.

Au fond de tous nos débats, il y a Quelqu’un

Saint Benoît donne ce conseil admirable: «Brisez contre le Christ toutes vos tentations». Cela veut dire finalement: en toutes vos tentations, remettez-vous aux mains de Jésus, afin qu’il en débrouille l’écheveau, qu’il fasse mûrir ce qui est capable de vivre et qu’il émonde les branches mortes.

Il s’agit donc à chaque instant de retrouver la Présence divine, de retrouver le visage de Dieu, de reprendre contact avec le Seigneur, non pas tellement de combattre nos passions, mais de les survoler, afin de retrouver le visage de Jésus, afin qu’il nous illumine et que chacune de nos passions serve comme une force au service de son amour.

Je crois que rien n’est plus dangereux que de se combattre soi-même parce que, finalement, lorsque vous êtes crispés contre vous-mêmes, d’abord vous êtes tournés vers vous-mêmes, vous ne cessez pas de vous regarder, et puis vous allez à contre-courant. Vous comprimez les forces, mais vous ne les ordonnez pas.

La seule chose qui puisse nous délivrer, c’est d’abord de regarder le Christ, de regarder la Présence divine, de faire crédit à la tendresse de Dieu et d’attendre, en nous survolant nous-même, que la lumière descende et que la tempête s’apaise.

Il est clair que si dans la tempête vous pouvez vous tenir sur le rivage, vous êtes à l’abri. Il est clair que si vous pouvez tenir solidement dans la tempête le gouvernail de votre raison au lieu de vous jeter dans la tempête, il est clair que si vous pouvez vous tenir tranquilles dans la main de Dieu, toute la tempête finira par s’apaiser et il se fera un grand calme. Il s’agit beaucoup moins de se combattre que de s’ouvrir.

Au fond de tous nos débats, il y a Quelqu’un, il y a une présence qui est la présence de Dieu, il y a un visage qui est le visage de l’éternel Amour, et c’est cela qu’il s’agit de retrouver.

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