«On se perd et on se trouve»

13e dimanche du Temps ordinaire,
Année A, 2 juillet 2023, Matthieu 10, 37-42

D’une conférence de Maurice Zundel donnée lors d’une retraite aux Franciscaines de Ghazir (Liban) en 1959.

Nous collons naturellement à nous-mêmes, nous gravitons autour de notre moi biologique, de notre moi-pesanteur, de notre moi-zéro, de notre moi égocentrique. Mais comment pourrions-nous faire autrement, quand nous sommes seuls?

« Celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille » (Mt 10, 37-42)

En ce temps-là,
Jésus disait à ses Apôtres :
« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi
n’est pas digne de moi ;
celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi
n’est pas digne de moi ;
celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas
n’est pas digne de moi.
Qui a trouvé sa vie
la perdra ;
qui a perdu sa vie à cause de moi
la gardera.
Qui vous accueille
m’accueille ;
et qui m’accueille
accueille Celui qui m’a envoyé.
Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète
recevra une récompense de prophète ;
qui accueille un homme juste en sa qualité de juste
recevra une récompense de juste.
Et celui qui donnera à boire, même un simple verre d’eau fraîche,
à l’un de ces petits en sa qualité de disciple,
amen, je vous le dis : non, il ne perdra pas sa récompense. »

Conférence, Ghazir (Liban), 1959
Mise en ligne: 28.06.23
Temps de lecture: 1 mn

Pour sortir de nous, il faut avoir à qui nous donner.

Et justement Dieu, c’est celui qui se lève en nous comme une Présence silencieuse qui vient à pas de colombe et qui nous rend sensible un Visage à qui se donner.

Et je me disais – sans me le dire, car il n’y avait aucun mot -: au fond Dieu, c’est quand, en moi, je ne suis plus moi.

Quand en moi, je ne suis plus moi, c’est qu’il y a un Autre, un Autre qui est venu, un Autre qui m’a prévenu, un Autre qui m’appelle, un Autre qui m’accueille, un Autre qui me délivre, qui me comble et qui suscite en moi la Générosité qu’il est.

Car le don se fait de soi-même, puisqu’on ne se voit plus, puisqu’on adhère, puisqu’on est suspendu.

Le don se fait de lui-même: on se perd et on se trouve, puisque c’est alors vraiment qu’on devient intérieur, intérieur à soi-même, qu’on échappe à l’envoûtement du dehors, qu’on est au cœur de la paix, qu’on est au centre de son unité et qu’on communique et qu’on communie avec toute vie et toute beauté.

C’est cela, Dieu, dans le dialogue où l’on naît à soi-même, parce qu’on est libéré de soi-même, et où on est tout entier offert dans la joie même que l’on éprouve, car on ne se voit plus en soi-même, on se voit en Lui, à travers Lui, et pour Lui, réalisant dans un éclair l’intuition de Rimbaud: «Je est un Autre».

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