Notre oui à Dieu et à l’amour fraternel

26e dimanche du Temps ordinaire, Année A,
1er octobre 2023, Matthieu 21, 28-32
D’une conférence de Maurice Zundel à un collège de jeunes filles, à Lausanne en 1967.

Un grand poète anglais, Keats, a écrit ces vers qui sont pour moi les plus beaux du monde ou du moins, parmi les plus beaux du monde:

Alors glissa parmi les feuilles, sans bruit

Un petit bruit né du soupir même

Que le silence exhale.

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
« Quel est votre avis ?
Un homme avait deux fils.
Il vint trouver le premier et lui dit :
‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’
Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’
Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla.
Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière.
Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’
et il n’y alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
Ils lui répondent :
« Le premier. »

Jésus leur dit :
« Amen, je vous le déclare :
les publicains et les prostituées
vous précèdent dans le royaume de Dieu.
Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice,
et vous n’avez pas cru à sa parole ;
mais les publicains et les prostituées y ont cru.
Tandis que vous, après avoir vu cela,
vous ne vous êtes même pas repentis plus tard
pour croire à sa parole. »

Conférence, Lausanne, 1967
Mise en ligne: 27.09.23
Temps de lecture: 2 mn

Eh bien! le poète qui a entendu, à travers les feuilles de la forêt, cette musique du silence, ce soupir du silence, c’est que le silence pour lui, c’était Quelqu’un, c’est qu’il était une présence, une personne et qu’à travers le mystère de la forêt, il respirait la Présence infinie qui devenait la musique de son cœur.

Dieu donne sa vie pour ouvrir nos coeurs

On peut trouver Dieu partout, toujours, à chaque instant pourvu qu’on soit attentif, pourvu qu’on écoute, pourvu qu’on cesse de faire du bruit avec soi-même. Il ne s’agit pas de nous: il s’agit de la vie de Dieu dans l’univers.

Jamais Dieu ne sera une présence réelle, ici dans cette maison, plus tard dans votre famille, plus tard dans votre foyer, dans vos enfants, plus tard dans votre action publique… jamais Dieu ne sera une présence réelle, s’il n’est pas en vous le rayonnement d’une générosité attentive au trésor qui vous est confié.

Dieu a besoin de vous. II a besoin de nous.

Ne pensez pas que vous soyez des mendiants devant un Dieu qui laisse tomber sur vous des miettes de sa table. C’est faux! Vous êtes devant Dieu comme des libertés créatrices et Dieu a attaché à votre vie une telle valeur que la croix vous apprend qu’il est mort d’amour pour attendre votre oui et pour faire jaillir le consentement de votre amour.

Votre vie pour Dieu pèse autant que sa vie. Pourquoi la donne-t-il? Pour ouvrir nos cœurs, afin que nous devenions ce qu’il est et qu’en décollant enfin de nous-mêmes, nous fassions de notre vie une liberté infinie, tout inspirée de générosité à l’égard du cri d’amour qui est en nous un appel éternel.

C’est pourquoi saint François, le même saint François qui a découvert Dieu comme l’éternelle Pauvreté, a pleuré sur les douleurs de l’amour, crucifié jusqu’à en perdre la vue. Pendant vingt ans, il a compati, il s’est uni à la douleur divine, jusqu’à devenir aveugle, jusqu’à porter dans ses mains et dans ses pieds et dans son coeur les blessures du Christ, jusqu’à ressusciter à la joie et à chanter le Cantique du Soleil, parce qu’il avait été jusqu’au fond de l’amour.

Il avait compris que Dieu a donné sa vie pour la nôtre et que nous ne pouvons le rencontrer qu’en lui donnant notre vie sous cette forme discrète et silencieuse qui le laisse transparaître en nous, dans un comportement fraternel à l’égard des autres et de tout l’univers.

Vois, mon Dieu, comme nous en sommes loin, comme nous sommes loin de réaliser tout cela, et pourtant, c’est cela qui nous est proposé, c’est cela!

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Dieu n’est pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants. Il n’est pas non plus l’auteur de la mort: la mort est venue du péché, parce que l’Homme s’est absenté de Dieu. Mais Dieu, lui, ne s’est pas absenté de l’Homme.

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La joie en soi, est meilleure que la douleur. Dieu n’aime pas la douleur, il déteste la douleur, il déteste la mort. Il y a entre Dieu et la mort, une inimitié personnelle, parce que la mort est la conséquence du péché, ce refus d’amour. Ce n’est pas lui qui a inventé la mort, la douleur et le péché.

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Notre oui à Dieu et à l’amour fraternel

23e dimanche du TO, Année C,
Lc 2, 41-52
Luc parle de « calculer la dépense ». C’est, avec le Christ et en lui, d’aller vers la vraie grandeur de l’homme : entreprise infinie et exaltante, qui demande un respect de tout l’homme, y compris de son corps promis à la vie éternelle.

On ne voit le corps, vraiment, le corps humain, le corps devenu le visage de Dieu, on ne le voit que par un regard intérieur chargé d’amour et de respect

ÉVANGILE

« Celui qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 25-33)

Alléluia. Alléluia.
Pour ton serviteur, que ton visage s’illumine :
apprends-moi tes commandements.
Alléluia. (Ps 118, 135)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
de grandes foules faisaient route avec Jésus ;
il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi
sans me préférer à son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères et sœurs,
et même à sa propre vie,
il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix
pour marcher à ma suite
ne peut pas être mon disciple.

Quel est celui d’entre vous
qui, voulant bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir
pour calculer la dépense
et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever,
tous ceux qui le verront vont se moquer de lui :
‘Voilà un homme qui a commencé à bâtir
et n’a pas été capable d’achever !’
Et quel est le roi
qui, partant en guerre contre un autre roi,
ne commence par s’asseoir
pour voir s’il peut, avec dix mille hommes,
affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas,
il envoie, pendant que l’autre est encore loin,
une délégation pour demander les conditions de paix.

Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas
à tout ce qui lui appartient
ne peut pas être mon disciple. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Homélie, Lausanne, 1955
Mise en ligne: 31.08.22
Temps de lecture: 2 mn

La grandeur humaine, c’est que nous soyons des créateurs, et qu’à chaque instant nous ayons à décider si nous serons un résultat ou une origine !

Écoutons donc cette proposition de la grandeur qui nous est faite. Comprenons qu’en Jésus, comme nous le dit saint Paul, il n’y a pas de « oui » et de « non ». En Jésus, il n’y a que le « oui ». En Jésus, il n’y a que la promotion d’un corps ressuscité, glorifié, transfiguré et promis lui-même à la vie éternelle.

Comme nous avons méconnu la grandeur de l’Evangile, comme nous avons fait de l’homme un être chétif, alors qu’il a les dimensions de sa vocation divine, comme nous avons fait de Dieu une idole rabougrie !

Il nous faut retrouver tout cela pour entrer dans la joie du temps pascal, car si la Croix est passée parmi nous, ce n’est pas pour nous conduire au culte de la douleur.

Tes mains ne pourront pas saisir ce à quoi tu aspires.

Elle est passée parmi nous pour vaincre la douleur et la mort, pour révéler la vie, pour la restaurer dans toute sa dignité et dans toute sa magnificence, pour nous faire prendre conscience de cette collaboration nécessaire à laquelle nous sommes constamment appelés à l’œuvre divine.

Oscar Wilde, dans sa prison, après une année de torture et de révolte, découvre enfin l’orbite de son âme et il écrit ce mot immortel : « Qui peut calculer l’orbite de son âme ? »

Le mot porte loin, et il mérite de vivre ; et il faut ajouter : « Qui peut calculer, qui peut mesurer la grandeur et la dignité de son corps ? », car c’est tout l’être en Jésus qui est glorifié, notre corps autant que notre esprit, notre chair autant que notre âme ; c’est tout cela d’un seul mouvement qui doit aller à Dieu, qui doit exprimer Dieu et qui doit créer une vie digne de l’homme et digne de Dieu.

Ce « Noli me tangere » que Jésus prononce, « Ne me touche pas, ne me touche pas ! » dit-il à la Magdeleine, ne me touche pas, parce que tes mains ne pourront pas saisir ce à quoi tu aspires.

Il faut le répéter : ce Corps transfiguré, on ne peut le toucher qu’avec des mains de lumière, parce que sa véritable dimension échappe à tout contact opaque.

On ne voit le corps, vraiment, le corps humain, le corps devenu le visage de Dieu, on ne le voit que par un regard intérieur chargé d’amour et de respect, parce que, justement, il est devenu, lui aussi, un créateur, une origine, parce qu’il est revêtu d’une dimension nouvelle, parce qu’il porte la face de Jésus- Christ, parce qu’il est promis à la résurrection.

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