Marcher sur l’eau, qu’est-ce à dire ?

19e dimanche du Temps ordinaire, 
Année A, 13 août 2023, Matthieu 14, 22-33

D’une causerie de Maurice Zundel lors d’une retraite donnée à St-Maurice (Suisse) en 1953. L’Évangile de ce jour parle de la tempête apaisée et de la marche sur les eaux. Zundel ne le commente pas directement. Mais il montre le chemin pour arriver à la vérité de son être, ce chemin que Pierre a dû vivre, non sans mal, avec ses enthousiasmes et ses défaites.

Un de mes amis, un prêtre russe, me racontait que, n’étant pas encore prêtre, il avait fait un voyage sur un voilier espagnol pourvu d’un petit moteur. Il y eut une formidable tempête. A bord, il y avait un homme qui n’arrêtait pas de se mettre en avant, de se vanter, jusqu’au moment où la tempête éclata.

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert,
Jésus obligea les disciples à monter dans la barque
et à le précéder sur l’autre rive,
pendant qu’il renverrait les foules.
Quand il les eut renvoyées,
il gravit la montagne, à l’écart, pour prier.
Le soir venu, il était là, seul.
La barque était déjà à une bonne distance de la terre,
elle était battue par les vagues,
car le vent était contraire.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux
en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer,
les disciples furent bouleversés.
Ils dirent :
« C’est un fantôme. »
Pris de peur, ils se mirent à crier.
Mais aussitôt Jésus leur parla :
« Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! »
Pierre prit alors la parole :
« Seigneur, si c’est bien toi,
ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
Jésus lui dit :
« Viens ! »
Pierre descendit de la barque
et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais, voyant la force du vent, il eut peur
et, comme il commençait à enfoncer, il cria :
« Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit
et lui dit :
« Homme de peu de foi,
pourquoi as-tu douté ? »
Et quand ils furent montés dans la barque,
le vent tomba.
Alors ceux qui étaient dans la barque
se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent :
« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Causerie, St-Maurice (CH), 1953
Mise en ligne: 08.08.23
Temps de lecture: 2 mn

Alors, saisi d’une panique effroyable, il fit sa confession à mon ami, une confession de toute sa vie. La tempête s’apaisa et le hâbleur oublia tout et recommença à se vanter comme avant. (…)

Etre quelqu’un, c’est exister en forme d’amour

Nous préférons gonfler notre personnage et nous faire passer pour quelque chose plutôt que de poursuivre l’atteinte de cette chose infiniment difficile que d’être quelqu’un.

L’Evangile illustre parfaitement ce gonflement de nous-même et le dégonflage qui s’en suit dans le cas de saint Pierre.

Le chapitre de saint Jean qui nous raconte la dernière pêche des Apôtres après la Résurrection nous met en face d’un Pierre repenti qui ne sait que répondre à l’interrogation de notre Seigneur: «Pierre, m’aimes‑tu?»

Pierre, qui était tout vibrant, qui était prêt à courir tous les dangers avec Jésus, se souvient maintenant du personnage qu’il a voulu être et de celui qu’en vérité il a joué dans la cour du grand‑prêtre et il n’ose plus vraiment dire qu’il aime maintenant: «Pierre, m’aimes‑tu?» – «Oui, Seigneur, vous savez toutes choses, vous savez que je vous aime».

Il est surtout réservé, parce qu’il sait ce que valent les promesses des hommes, quand ils se confient dans leurs propres moyens et quand ils gonflent leur personnage. «Et maintenant, tu tendras les bras et un autre te ceindra et te conduira là où tu ne voudrais pas». (Jn 21,18-19)

C’est exactement le point où nous en sommes aujourd’hui. Nous sommes tout flambants de nos résolutions. Nous nous mettons entre les bras du Seigneur pour nous laisser conduire où il voudra.

Il y a un appel du Christ à chacun de nous et qui est l’appel de notre libération. Jésus vient à notre rencontre pour nous dispenser de la comédie, nous inviter à ne pas faire quelque chose, mais à être quelqu’un et nous savons bien qu’être quelqu’un, c’est exister en forme d’amour, c’est exister en face du Christ dans un regard vers lui et dans un total abandon entre ses mains.

Ce qui est merveilleux dans notre dialogue avec Dieu, c’est qu’il sauve en nous tout ce qui peut exister. Il fera tout fructifier au centuple, parce que lui seul peut démêler en nous les éléments vivants.

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