L’œcuménisme relève de l’essence même du christianisme

Dimanche de la Sainte Famille, Année C,
Lc 2, 41-52

L’œcuménisme n’est pas une marotte, un slogan, une mode. L’œcuménisme relève de l’essence même du christianisme. Ou plutôt il dérive de la structure personnelle même de Jésus-Christ.

Homélie, Lausanne, 1972
Mise en ligne: 20.1.22
Temps de lecture: 2 mn

Ce dimanche est au cœur de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. C’est pourquoi j’ai choisi une homélie de Zundel sur l’œcuménisme, fondé sur l’universalité de la personne du Christ. Cette homélie a été prononcée le dimanche de l’Unité, en 1972, à Lausanne. Elle a été publiée dans Ta Parole comme une source, p. 140-144. Ces propos sont très synthétiques, mais ils sont au cœur de la vision de Zundel. Car l’œcuménisme a sa source dans l’amour, totalement ouvert, du Christ a son Père et du Christ à tous les hommes.

Il est modelé sur le mot grec: oikouménè, c’est-à-dire toute la terre habitée, de même que catholicisme signifie universalité.

Il est essentiel de contempler les racines mêmes de l’œcuménisme dans la structure personnelle de Jésus-Christ pour prendre conscience que l’œcuménisme fait partie de la structure personnelle de notre vie chrétienne.

Dieu est trinitaire. Ce n’est pas un Dieu solitaire, un Dieu qui se regarde, qui se complaît en lui-même dans un narcissisme induit.

Mais on ne saurait découvrir les racines de l’œcuménisme dans la structure personnelle de Jésus-Christ sans remonter à la Trinité, c’est-à-dire à la structure personnelle de Dieu lui-même.

Dieu, le Dieu chrétien, le Dieu en Jésus-Christ, le témoin unique et incomparable, est un Dieu trinitaire.

Ce n’est pas un Dieu solitaire, un Dieu qui se regarde, qui se complaît en lui-même dans un narcissisme induit.

C’est, au contraire, un Dieu qui se vide de lui-même dans une éternelle communion d’amour, ce qui est parfaitement inattendu et parfaitement unique.

On ne saurait mettre sur le même plan un monothéisme solitaire où Dieu vraiment n’a affaire qu’à soi, dans un tête-à-tête où il n’a d’autre conversation qu’avec lui-même, et un monothéisme trinitaire où tout retour sur soi est impossible et où toute la vie consiste à se donner à l’Autre.

Ce Dieu qui se vide éternellement de lui-même, qui est incapable de se complaire en soi, ce Dieu dont l’unique propriété est la désappropriation, apparaît immédiatement comme le Dieu Saint, comme le Dieu dont la valeur spirituelle est infinie, comme le Dieu qui ne peut jamais être un despote, un dominateur, un maître, comme celui qui, ne pouvant s’atteindre lui-même que dans un contact virginal et totalement désapproprié, ne peut nous toucher également que par un amour qui engendre notre liberté.

Et Jésus-Christ?

Il est si difficile de le situer, que notre langage est très peu apte à en parler!

Nous disons constamment que Jésus-Christ nous conduit à la Trinité: c’est toute la Trinité qui est paternelle vis-à-vis de nous.

C’est vers la Trinité que monte notre amour, parce que, justement, l’Amour infini, c’est la Trinité même.

Il n’y a pas d’amour sans cette circumincession des Personnes.

Il n’y a pas d’amour sans cette communication éternelle, il n’y a pas d’amour sans cette pauvreté sur-essentielle.

La filiation en Dieu est éternelle comme la paternité.

Elle est consubstantielle, elle est égale, elle a même rang, elle correspond à la même vocation, elle est articulée sur le même vide de soi.

Elle est constituée tout entière par cette filiation, comme la paternité et comme l’aspiration du Saint-Esprit, parce que c’est l’un vers l’autre où «Je est un autre».

Nous atteignons Jésus-Christ par son humanité. Il est l’humanité, mais l’humanité totalement désappropriée.

Qu’est-ce qui fait que Jésus-Christ peut être – ou est uniquement, exclusivement parce qu’il l’est totalement – le lien de toute l’humanité?

Qu’est-ce qui fait qu’il rassemble toute l’Histoire? Qu’est-ce qui fait qu’il peut nous rendre tous contemporains, tous les vivants et tous les morts du commencement à la fin? Qu’est-ce qui fait de lui le Second Adam, pour reprendre le mot de saint Paul (1 Co 15 et Rm 5)?

Justement, c’est parce qu’il n’a rien, parce que son humanité est totalement vidée d’elle-même, qu’elle ne subsiste pas en elle-même, qu’elle ne s’appartient pas, mais qu’elle est emportée dans la vague, dans la vague merveilleuse, dans la vague infinie qui constitue la personnalité du Verbe.

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