L’humour de Jésus

5ème dimanche du TO, Année C,
Lc 5, 1-11

L’humour pédagogique de Jésus nous fournit bon nombre d’exemples très instructifs.

Conférence, Le Caire (Egypte), 1961
Mise en ligne: 02.02.22
Temps de lecture: 2 mn

D’une conférence sur « l’humour dans l’Évangile ».

Prenons d’abord en Luc 5 la pêche miraculeuse.

Nous sommes précisément dans un milieu de pêcheurs qui connaissent leur métier.

Pierre a reçu Jésus dans sa barque. Jésus a parlé à la foule massée sur le rivage et, ayant terminé son discours, il demande à Pierre de prendre la haute mer et de jeter son filet.

Pierre, qui a pêché toute la nuit avec ses compagnons sans rien prendre… Pierre donc observe que, la pêche nocturne ayant été infructueuse, celle accomplie en plein jour, ne saurait donner davantage de résultat.

Contrairement à son attente, les filets se remplissent de poissons jusqu’à se rompre ou presque. Les barques sont emplies jusqu’à couler ou presque et Pierre, se sentant devant un événement inexplicable, devine quelque chose de surnaturel.

Il se jette aux pieds de Jésus: «Seigneur, retire-toi de moi qui ne suis qu’un homme pécheur» et Jésus, souriant, conclut l’épisode en lui disant: «Désormais, tu seras pêcheur d’hommes.»

C’est un métier que Pierre ne connaît pas encore et il était bon, justement, de lui donner par une leçon de choses, le sens des limites même dans son propre métier, car désormais celui auquel il doit se livrer exige d’autres lumières qui ne sont pas les siennes et il n’y pourra réussir qu’en se laissant conduire.

«Désormais, tu seras pêcheur d’hommes.»

Un épisode plus difficile à situer, qui est sans doute, une parabole en action, est celui des porcs ou plutôt du possédé de Gérasa.

Tout le monde se rappelle cette rencontre avec le démoniaque auquel Jésus demande son nom et obtient la réponse pittoresque: «Je m’appelle… ou nous sommes légion.»

Cette réponse est suivie d’une supplication, où les esprits qui sont censés habiter le démoniaque demandent, pour demeurer dans la région, de n’être pas expulsés, de pouvoir émigrer dans les porcs, et en reçoivent d’ailleurs la permission.

Il est impossible de nous faire, par cet épisode, une idée précise de ce que Jésus lui-même pense de cette situation.

Nous savons que les maladies mentales de cette époque étaient rendues solidaires d’une possession démoniaque.

Jésus, sans doute, accepte les données du temps, comme celles du langage et guérit en tout cas l’homme en proie aux mauvais esprits.

Il le délivre de ses ténèbres et de sa folie et la guérison apparaît d’autant plus parfaite que les porcs se précipitent dans le lac et s’y noient.

Qu’est-ce que tout cela veut dire?

En tout cas, cela veut dire qu’il faut se garder d’une fréquentation avec les ténèbres et ceux qui en sont les suppôts et que, peut-être, pour des gens qui se réclament de la Loi comme pouvaient être les propriétaires du troupeau de porcs, il vaut mieux lui être fidèle, la Loi interdisant l’élevage des porcs et la perte du propriétaire étant peut-être un moyen de le ramener à la sincérité et à la fidélité à la foi qu’il professait.

Jésus vient d’agir, ici, comme un prophète en entrant dans le jeu des circonstances et en se servant d’elles comme d’une leçon de choses:

«Fuyez les ténèbres, soyez sincères avec vous-mêmes, devenez des fils de lumière.»

Ce sera le meilleur moyen d’échapper aux ténèbres et à toutes les manifestations désordonnées dont elles sont la suite en nous.

Le style de Jésus comporte, lui aussi, un certain humour, sensible dans ses oppositions rapides.

«Si vous demandez ou plutôt si un enfant demande à son père un œuf, lui donnera-t-il un scorpion? S’il lui demande du pain, lui donnera-t-il un serpent?» – Luc 11, 12 –

Un autre exemple de ce style si vivant et si rapide: «Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas une pierre pour reposer sa tête.» – Mt. 8, 20 –

Ceci dit pour écarter un disciple qui, sans doute, présume de ses forces et cet autre, au contraire, pour engager un disciple à ne pas regarder en arrière et à se mettre immédiatement au service du Royaume de Dieu:

«Laisse les morts enterrer leurs morts.» – Mt. 8, 22.

Comment oublier et ne pas retenir ce mot si savoureux dit à Marthe qui s’agite en réclamant l’aide de sa sœur: «Tu t’agites pour beaucoup de choses. Il en faut très peu: une seule.» -Luc 10, 41.

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