Le Dieu-Amour qui appelle

3e dimanche du Temps Ordinaire,
Année B, 21 janvier 2024, Marc 1, 14-20

D’une homélie de Maurice Zundel donnée au Cénacle de Genève en 1970.

Dans le Nouveau Testament et au seuil de la vie publique de notre Seigneur, nous voyons que Dieu est engagé dans notre destinée, engagé dans notre vie, engagé dans l’histoire du monde jusqu’à la mort de la croix, car le bien n’est plus d’accomplir un commandement et de se soumettre à une loi, le bien c’est d’aimer Quelqu’un qui est l’amour, Quelqu’un qui ne cesse de s’offrir sans s’imposer jamais, Quelqu’un qui, intérieur à nous même, ne cesse de nous attendre.

Après l’arrestation de Jean le Baptiste,
Jésus partit pour la Galilée
proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait :
« Les temps sont accomplis :
le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Passant le long de la mer de Galilée,
Jésus vit Simon et André, le frère de Simon,
en train de jeter les filets dans la mer,
car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit :
« Venez à ma suite.
Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets,
ils le suivirent.

Jésus avança un peu
et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean,
qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela.
Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers,
ils partirent à sa suite.

Homélie, Genève, 1970
Mise en ligne: 18.01.23
Temps de lecture: 2 mn

Et le seul mal, symétriquement, ce n’est pas seulement la désobéissance à un commandement, extérieur à nous-mêmes; le mal c’est une blessure faite à Quelqu’un, c’est une blessure d’amour faite à l’Amour et une blessure qui aboutira finalement à la mort de Dieu.

On connaît autant que l’on aime

Il est évident que Dieu n’a pas changé, du livre de Jonas jusqu’au Nouveau Testament; il est éternellement le Dieu du Nouveau Testament, le Dieu qui se révèle en Jésus-Christ, le Dieu qui agonise en Jésus-Christ, le Dieu crucifié en Jésus-Christ, enfin le Dieu qui fait de sa vie notre vie, qui établit une égalité entre notre vie et la sienne, qui estime notre vie au prix de sa vie. Tout cela est le Dieu éternel.

Mais il n’a pas été vu immédiatement sous cet aspect.

Il a été vu d’abord comme un être extérieur à l’humanité, totalement en dehors du jeu, aucunement engagé dans notre histoire et dans notre destin, pouvant jouir d’un bonheur tranquille dans la détresse infinie des hommes.

Si ce regard reste possible, c’est que la connaissance de Dieu est liée à la naissance nouvelle de l’homme, c’est que la révélation de Dieu ne s’opère qu’à travers une transformation de l’homme; nous sommes dans cet univers interpersonnel, celui qui régit déjà toutes les relations humaines.

Les relations conjugales, les relations de paternité, de maternité, de filiation, sont des relations interpersonnelles où la connaissance suppose une nouvelle naissance, de l’un dans l’autre, car une intimité ne peut se livrer qu’à une autre intimité qui s’ouvre à elle, et qui fait le vide en soi pour l’accueillir.

Et c’est pourquoi, dans les relations humaines, la connaissance déjà est proportionnelle à l’amour: on connaît autant que l’on aime. On ne connaît plus quand on n’aime plus, on connaît moins quand on aime moins, on connaît davantage quand on aime davantage, et on connaît totalement lorsqu’on aime infiniment.

Cette situation se retrouve, à plus forte raison, en face de Dieu qui est essentiellement, éminemment, infiniment personnel, qui est une pure intimité, qui ne peut se proposer que dans notre intimité. Notre Dieu n’est pas un objet que l’on puisse poser devant soi et que l’on puisse situer en dehors de soi. Il ne peut s’enraciner que dans notre intimité, à condition que notre intimité s’ouvre à la sienne.

Inutile de dire que la révélation de Dieu ne peut s’accomplir que dans une transformation de l’homme. Et dans la mesure où cette transformation est imparfaite, la Révélation est nécessairement imparfaite(…)

Si la Révélation en Jésus-Christ est parfaite, si elle est définitive, indépassable, c’est qu’en Jésus-Christ, l’humanité atteint un degré de pureté, de dépouillement, de désappropriation et de transparence, qui permet désormais au Dieu intérieur à nous-même, de resplendir dans toute sa lumière et dans toute sa beauté, sans limite aucune, dans l’infinité même du Don éternel qu’il est.

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