La tendresse de Marie

4ème dimanche de l'Avent, année C,
Lc 1, 39-45

Comment dire la joie de l’adolescent qui rencontre un jour, dans l’élan de sa piété, la tendresse lumineuse de la Vierge-Mère?

Ecrit, L’Evangile intérieur
Mise en ligne: 16.12.21
Temps de lecture: 2 mn

Passage tiré de l’Évangile intérieur, repris dans les Œuvres complètes de Maurice Zundel, tome 2, Harmoniques, p. 144-145. Zundel fait ici allusion à une expérience personnelle, qui fut pour lui décisive.

Une image de la femme s’imprime en son cœur que rien ne pourra effacer.

Il la perçoit dans son éminente dignité, dans la transparence ineffable de sa vie intérieure, dans le rayonnement silencieux d’une pureté rédemptrice.

Il comprend, au-delà de toute parole, que la femme autant que l’homme est esprit, que toute sa gloire est au-dedans et qu’il faut communier à son âme pour atteindre son mystère.

Tout s’éclaire dans cette rencontre où l’ordre de l’amour apparaît comme l’exigence divine d’un cœur d’enfant

Rien ne lui paraît plus divinement simple, en vérité, que cet accord enfin réalisé des titres qui semblaient s’exclure: Vierge et Mère.

La maternité s’intériorise. Loin d’apparaître comme une fonction purement instinctive, dont la femme ne serait que l’instrument physique, elle révèle, dans une fécondité purement spirituelle, son rapport essentiel avec la vocation divine de l’enfant.

Un monde nouveau surgit dans le regard du jeune homme, où tout n’est qu’ordre, lumière et beauté.

Il va sans doute se heurter bientôt à la dure réalité, être jeté dans un monde affolé de convoitise et soumis au règne de la chair.

Il verra l’usage que font la plupart des hommes du pouvoir créateur qui leur a été confié: jusqu’à ne plus reconnaître la vie dans l’acte même qui engage son destin.

Il observera les ravages de la passion, qui porte au compte des individus le prestige de l’espèce, dont la durée un instant est remise entre leurs mains.

Il comprendra d’ailleurs sans peine qu’ils ne puissent résister au vertige d’un mystère qu’ils situent dans le corps, alors qu’il réside essentiellement dans l’esprit.

Comment expliquer, en effet, cet emportement de l’instinct, ces rêves, ces promesses, ces éblouissements, ces mirages, sans admettre qu’une valeur infinie donne le branle à cette poursuite, sans percevoir dans l’âme du petit enfant l’appel d’une vie éternelle qui le fera naître en Dieu.

Tout s’éclaire, en vérité, dans cette rencontre où l’ordre de l’amour apparaît comme l’exigence divine d’un cœur d’enfant, où le mariage lui-même se révèle, suivant le mot admirable de saint Thomas – à propos justement du mariage de la Vierge – comme l’union indivisible des âmes.

Il reste à vivre cette découverte, à l’inscrire dans sa chair, à la faire rayonner dans son regard.

Toutes les ressources d’une âme docile à la Présence divine viendront à bout de cet effort.

On sait du moins qu’on ne lutte pas contre la vie, mais pour elle, et que la pureté est justement le respect de la vie, comme l’impureté en est l’ignorance et le mépris.

Les êtres apparaissent désormais comme ils sont, dépouillés de leur trouble prestige, rendus au mystère de leur vie intérieure, vêtus de leur âme.

Le langage lui-même se recrée et les mots acquièrent une divine transparence, quand l’Angelus éveille sur nos lèvres le salut d’Élisabeth:

«Vous êtes bénie entre les femmes,

et béni est le fruit de vos entrailles.» (Lc 1, 42)

Ce qui aurait pu être un appel banal à la volupté devient, pour le chrétien attentif, la plus haute exigence de sainteté: dans la lumière de la Vierge qui donne au monde l’Enfant que son cœur a librement conçu:

l’Enfant qui est né de l’Esprit.

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