La résurrection de Lazare (Jn 11)

5e Dimanche de Carême | Année A

La résurrection de Lazare avait, évidemment, fait sensation : un mort qui ressuscite, ce n’est pas une chose commune! 

Homélie, Le Caire, 1965
Mise en ligne: 27.03.20
Temps de lecture: 3 mn

"Il semble ici que les causes extérieures et les causes intérieures se rencontrent et coïncident" | DR

Dès que le bruit s’en répand, immédiatement la curiosité est éveillée, on veut en avoir le dernier mot, on se précipite sur les lieux, on veut contrôler l’événement, et tout cela crée naturellement autour de la personne de Jésus une atmosphère de sensation. Et, comme les autorités le guettent depuis longtemps, comme elles ont décidé d’en finir, la sensation même provoquée par la résurrection de Lazare va précipiter les événements.

Il semble ici que les causes extérieures et les causes intérieures se rencontrent et coïncident, que Jésus – d’une certaine manière – se laisse porter par l’événement, et que les autorités elles-mêmes, en raison du développement extraordinaire de sa popularité, se décident à hâter les choses.

C’est son destin de mourir. C’est son destin d’échouer. C’est son destin de s’offrir et de se révéler Dieu, dans la mort.

Nous savons, en effet, que Jésus, avec la plus extrême prudence, a refusé jusqu’ici de se donner pour le Messie, qu’il a refusé ce titre, qu’il ne l’a révélé à ses apôtres – ou plutôt qu’il ne les a amenés à deviner le sens de sa mission et à ne lui reconnaître cette qualité de Messie que dans une circonstance tout à fait exceptionnelle et en leur interdisant d’en rien dire à personne.

Car Jésus savait toutes les interprétations matérielles que l’on pourrait donner inévitablement à ce titre, et il y avait déjà tant d’illusions, il y avait déjà tant d’incompréhensions autour de lui qu’il ne voulait réserver qu’au dernier moment la reconnaissance d’une mission divine et qui accomplissait justement l’attente suscitée depuis des siècles par tous les prophètes. Et il sent que tout un concours de circonstances le fait entrer dans le jeu en ce moment, puisque la foule est frappée, puisque l’enthousiasme est délirant, puisque l’attroupement ne cesse de grossir, puisque les acclamations fusent. Eh bien ! le moment est donc venu : Jésus va entrer dans cet appareil dérisoire, monté sur un âne, il va entrer dans la Cité sainte, il va recevoir ces acclamations dont il sait très bien que, dans quelques jours, elle se dénoueront dans la mort.

Et Jean nous a donné justement le sentiment très concret des événements : la résurrection, le bruit qui s’en répand, la foule qui se forme, les curieux qui viennent de tous les côtés, le cortège qui s’ébranle, l’ânon qui se trouve à point nommé, les hommages, les cris, l’attitude du sanhédrin, la décision des autorités de hâter l’événement, et au milieu de tout cela, des étrangers qui viennent à Jérusalem pour le grand pèlerinage et qui demandent à voir Jésus, et qui s’adressent – parce qu’ils parlent une langue étrangère – à ceux des apôtres qui parlent grec : André et Philippe, qui les conduisent à Jésus : « Maître, ils demandent à te voir ! »

C’est alors que Jésus, sans illusions, révèle que justement pour lui, s’il se prête à cette manifestation, c’est que tout est perdu ! c’est que l’échec est définitif ! c’est qu’il n’a converti personne ! c’est que c’est maintenant l’heure de mourir.

Il le dit dans ce texte si admirable : « Si le grain de blé ne meurt et n’est pas jeté en terre, il ne porte pas de fruit » ( Jn 12, 24). Pour que la moisson lève, il faut que le grain soit jeté en terre, qu’il périsse et qu’il ressuscite. C’est son destin de mourir. C’est son destin d’échouer. C’est son destin de s’offrir et de se révéler Dieu, dans la mort.

Et c’est à ce moment-là que l’Evangéliste saint Jean, anticipant sur le récit de l’agonie, nous montre Jésus frémissant de douleur, envisageant en effet sa mort, demandant à son Père si cette heure ne peut pas lui être épargnée, mais aussitôt se ravisant : « Je suis venu précisément pour cette heure, afin que tout soit consommé, car maintenant le prince des ténèbres va être vaincu » (Jn 12, 27-31), maintenant se livre l’immense combat, maintenant Dieu va se révéler avec son vrai visage qui est le visage de l’Amour.

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