La Bonne Nouvelle

2e dimanche de l’Avent, 
Année B, 10 décembre 2023, Marc 1, 1-8

D’un article de Maurice Zundel, «Le vrai visage de Dieu», dans Foi vivante (Revue des Carmes de Bruxelles) n. 5 (1960). L’Évangile de Marc commence par: Bonne Nouvelle. Zundel exprime ici que Dieu veut la grandeur et la liberté de l’homme, dans l’amour. «Dieu s’est fait homme pour que l’homme devînt Dieu».

C’est cela notre Dieu : non pas une limite, non pas une menace, non pas un interdit, non pas une vengeance, mais l’amour agenouillé qui attend éternellement le consentement de notre amour sans lequel le Royaume de Dieu ne peut se constituer et s’établir. Exactement tout le contraire de ce que l’on imagine.

Commencement de l’Évangile de Jésus,
Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi,
pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.

Alors Jean, celui qui baptisait,
parut dans le désert.
Il proclamait un baptême de conversion
pour le pardon des péchés.

Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem
se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain,
en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau,
avec une ceinture de cuir autour des reins ;
il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Article, Bruxelles, 1960
Mise en ligne: 8.12.23
Temps de lecture: 2 mn

On imagine les croyants comme de pauvres types qui ont peur, qui s’en remettent à une puissance indiscutable pour boucher les trous de leur impuissance. Oui, c’est cela Dieu, le bouche-trou de tout ce que l’on ne sait pas, et de tout ce que l’on ne peut pas. Alors, cela fait un Dieu rabougri, un Dieu et un homme méprisables.

Dieu s’est fait homme afin que l’homme devînt Dieu.

Mais non, justement l’Évangile, la Bonne Nouvelle nous ouvre cet horizon prodigieux, celui-là même que secrètement notre coeur attendait: l’Évangile nous fait connaître, l’Évangile nous révèle le coeur de notre Dieu et nous introduit dans son amitié, car désormais, il n’y a plus de serviteurs, il n’y a plus que des amis. C’est une révolution sans précédent.

Il faut que nous entendions cet appel, que, comme le veut le Pape saint Léon dans son homélie de Noël, nous prenions conscience de notre admirable dignité. Dieu n’a pas le goût de cette soumission d’esclave. Il attend notre amour de fils. Il attend notre confiance d’ami. Il veut faire de nous des collaborateurs d’un monde qui ne peut pas s’achever sans nous.

Le grand romancier Pasternak, dans son livre bien connu, Le Docteur Jivago, a deux ou trois pages miraculeusement belles sur la nouveauté du Christianisme et il oppose aux miracles de l’Ancien Testament, aux grands mouvements des peuples sous la conduite de Moïse, le miracle silencieux de la conception de Marie. Ce miracle secret qui s’accomplit à l’ombre du Saint-Esprit, ce miracle que la langue humaine est incapable d’exprimer. Ce miracle où Dieu vient à nous, ce miracle va resplendir à travers la pauvreté de Marie, le visage éternel du Dieu vivant.

Et il conclut ces pages par ce raccourci prodigieux, emprunté à la Liturgie russe: «Adam a voulu se faire Dieu et il n’a pas réussi, il ne l’est pas devenu. Mais maintenant, Dieu s’est fait homme afin de faire de l’homme un Dieu».

On ne peut pas, comme le fait la liturgie russe, opposer d’une manière plus brutale les deux échelles de valeurs, celle de l’Ancien Testament, fondée sur l’image de domination où le péché suprême était de vouloir ravir à Dieu ses droits en se faisant Dieu au lieu d’être un esclave courbé dans la poussière, et la nouvelle échelle de grandeurs du Nouveau Testament, fondée uniquement sur la générosité où, comme le disait Athanase et après lui Augustin, Dieu s’est fait homme afin que l’homme devînt Dieu.

Car bien sûr, dans l’échelle de générosité, il n’y a plus de rivalité possible, car celui qui donne tout, ne demande rien d’autre que communiquer tout ce qu’il est, pour nous faire pénétrer dans son intimité afin que sa vie devienne la nôtre et la nôtre la sienne.

Voilà la charte de notre liberté: l’Évangile nous délivre de ce monarque, nous a délivrés de cette menace d’un Dieu dont on avait peur et devant lequel on pensait toujours devoir mourir. L’Évangile nous fait entrer dans l’intimité du Dieu vivant, qui fait surabonder la vie, et il vient à nous comme la Bonne Nouvelle d’aujourd’hui, la plus brûlante, la plus passionnante, la plus magnifique. Il nous demande de nous redresser, d’atteindre à notre stature qui est la stature du Christ et de devenir avec Dieu des créateurs dans le même ordre de grandeur que lui, l’ordre de grandeur de la générosité, de l’amour et du don de soi. Car justement, Dieu s’est fait homme afin que l’homme devînt Dieu.

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