Jésus et l’aveugle-né (Jn 9)

4e Dimanche de Carême | Année A

Si nous pouvons nous convaincre de la vérité de cette affirmation, à savoir que Dieu est la clé d’un monde qui n’existe pas encore, nous aurons obtenu, je crois, une lumière décisive sur la Révélation chrétienne.

Homélie, Le Caire, 14 avril 1965
Mise en ligne: 20.03.20
Temps de lecture: 2 mn

"Il s’agit d’un commencement tout neuf" | DR

Rappelons-nous ce dialogue étonnant et admirable, au 9ème chapitre de saint Jean, qui nous raconte la guérison de l’aveugle-né, et le débat qui s’en est suivi entre l’aveugle guéri et les pharisiens qui veulent absolument le convaincre que celui qui l’a guéri est un pécheur.

Et lorsque, à force d’insister, ils veulent lui faire recommencer indéfiniment son récit, l’aveugle guéri, avec toute sa bonne foi, tout son bon sens, tout son humour leur dit : ” Mais est-ce que par hasard vous voudriez devenir ses disciples ? ”

Alors ils s’emportent, ils s’emportent avec fureur, ils disent : mais toi, toi, sois donc son disciple ! Pour nous, nous sommes les disciples de Moïse, nous savons que Dieu a parlé à Moïse.

En effet, aucune situation ne peut être plus confortable : nous avons derrière nous Moïse. Cela s’est passé, il y a bien longtemps, il y a plus de mille ans… c’est invérifiable, c’est sûr, mais c’est incontestable, c’est si bien fondé en Tradition ! Qui songerait à mettre en question des titres aussi vénérables ? Nous avons Moïse, nous sommes assis dans la chaire de Moïse, et nos privilèges, notre science et notre influence et notre réputation… tout cela repose sur Moïse ! Alors, comment ne serions-nous pas bien convaincus que Dieu a parlé à Moïse ?

Quant à celui-ci, à cet homme qui viole le sabbat, nous ne savons pas d’où il est.

Les traditionalistes de l’époque ont donc bien fondés à invoquer Moïse, et à opposer Moïse à cet inconnu qui est Jésus de Nazareth, à cet homme sans lettres, à cet homme sans diplômes, à cet homme qui n’a pas été à nos écoles, à cet homme qui n’est pas formé dans notre belle orthodoxie.

Jésus le sait. Il connaît leurs préjugés, Il sait très bien comment tout cela va finir, et c’est pourquoi il dira à Nicodème – cette nuit fameuse où Nicodème est venu le trouver pour lui demander les secrets du Royaume – il lui dira ce mot étonnant, décisif et inépuisable :

« Il faut… il faut naître de nouveau. Il faut naître de nouveau, personne ne peut voir le Royaume de Dieu s’il ne naît de nouveau. »

Il s’agit donc bien d’un commencement tout neuf, il s’agit bien d’un nouvel univers en dehors duquel le vrai Dieu ne saurait point se situer. Il faut donc naître de nouveau, comme l’apôtre Paul – en face de l’univers – nous le dira dans l’épître aux Romains : que toute la Création, le cou tendu, attend la révélation de la gloire des fils de Dieu, car elle a été soumise à la vanité, malgré elle, par l’homme qui l’a soumise et elle attend, dans les gémissements et dans les douleurs de l’enfantement, d’être délivrée de la corruption pour participer à la gloire des fils de Dieu.

Là encore, il est parfaitement clair que, pour l’Apôtre, le monde tel qu’il est n’est pas le monde authentique, que dans ce monde tel qu’il est, Dieu ne peut pas se situer ; nous en attendons un autre, mais qui, justement, ne peut pas naître sans notre consentement.

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