Faire apparaître le bien

23e dimanche du Temps ordinaire
Année A, Matthieu 18, 15-20

D’une homélie donnée au Caire en 1940 sur la connexion des vertus: les vertus unifiées dans la charité.

Zundel, à ma connaissance, n’a jamais traité explicitement de la correction fraternelle, qui est au centre de l’Evangile de ce jour. Mais ses propos sur l’attitude à vivre entre frères et sœurs – et aussi sur l’éducation – donnent l’esprit qui devrait être mis en œuvre dans le dialogue en vérité. (abbé Marc Donzé)

Si le Bien n’est pas aimé, l’homme demeure virtuellement animal. (…)

Il y a une foule de gens qui ne connaissent pas l’inclination vers les sens et qui ne sont pas portés vers les autres péchés et ils s’établissent juges des hommes, comme les pharisiens. Or, cela ne prouve pas qu’ils ont de la vertu: c’est une innocence négative, parce qu’ils sont privés de désirs et de tentations.

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi,
va lui faire des reproches seul à seul.
S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.
S’il ne t’écoute pas,
prends en plus avec toi une ou deux personnes
afin que toute l’affaire soit réglée
sur la parole de deux ou trois témoins.
S’il refuse de les écouter,
dis-le à l’assemblée de l’Église ;
s’il refuse encore d’écouter l’Église,
considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis :
tout ce que vous aurez lié sur la terre
sera lié dans le ciel,
et tout ce que vous aurez délié sur la terre
sera délié dans le ciel.

Et pareillement, amen, je vous le dis,
si deux d’entre vous sur la terre
se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit,
ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom,
je suis là, au milieu d’eux. »

Homélie, Le Caire (Egypte), 1940
Mise en ligne: 07.09.23
Temps de lecture: 3 mn

Ils sont parfois dévorés de jalousie, de médisance: ils ont, devant Dieu, infiniment moins de vertus que les grands passionnés qui commettent des fautes qui aveuglent leur esprit et affaiblissent leur volonté. Car les fautes contre la charité qui ne procèdent pas de passions aveugles séparent plus profondément l’âme de Dieu.

Gagnée par cette confiance et bonté, elle fut guérie.

La charité est le lien des vertus, elle simplifie notre vision de l’univers moral, nous remet à l’école de la charité divine. J’ai devant moi un choix. Ou bien Dieu est tout en moi, il est le centre de ma vie. Ou bien, je suis tourné vers moi, et je suis hors de Dieu; par conséquent, tous mes actes sont entachés par la servitude de mon propre moi.

Pour la conduite de notre vie, la doctrine de la connexion des vertus (dans la charité) doit nous demeurer présente.

Toute notre vie, notre tempérament demeurera probablement le même. Nous ne pouvons empêcher en nous les déclenchements qui viennent de notre nature organique. L’essentiel est de toujours garder notre regard centré vers Dieu, en dépit de nos tentations, et nous ne nous éloignerons pas de Dieu.

Il ne s’agit pas de ne pas faire le mal, il s’agit surtout de faire le bien, d’aimer le bien, de nous déposséder de nous-même et d’arriver à Dieu qui est l’essence de l’Amour.

Toute l’éducation humaine devrait s’inspirer de cette doctrine. Il faudrait qu’un éducateur qui voit chez les autres une tendance malsaine se tienne devant eux comme un médecin prudent devant un malade en état de fièvre, avant de prononcer un diagnostic et de prescrire un traitement. Il faut éviter avant toute chose de faire disparaître la fièvre d’un coup, parce qu’il faut guérir la source du mal et non le symptôme.

Il faut mettre le remède au centre du mal, c’est‑à‑dire faire apparaître le bien qui a visage d’amour.

Une éducatrice avait comme élève une jeune fille de bonne famille qui avait la manie de voler. Elle résolut de guérir l’enfant et, en mettant sa mère au courant du vice de sa fille, elles prirent la décision toutes deux de ne pas saouler l’enfant de reproches, d’éviter que ses compagnons ne le sachent, de la redresser par la confiance qu’elles avaient en elle.

La mère de l’enfant, au lieu de s’abstenir de mettre de l’argent à sa portée, lui confiait au contraire des sommes pour lui faire faire des commissions et quand elle s’apercevait que le compte n’était pas juste, elle ne criait pas, mais disait simplement: «Fais bien ton compte et ce que tu trouveras comme argent de plus, mets‑le sur mon bureau». Et, gagnée par cette confiance, par cette bonté, la jeune fille fut guérie.

Tous les défauts viennent de cette absence d’amour intérieur. Au fond, la doctrine de la connexion des vertus réduit le problème à deux termes: Est‑ce Dieu qui s’affirme ou moi qui m’affirme? Alors, dans ce dernier cas, c’est la mort. Et nous pouvons donc en tirer un examen de conscience, en nous demandant si nous ne sommes pas imbus de pharisaïsme.

Nous devons en retirer une leçon d’humilité. Nous prenons en général les facilités de notre tempérament pour des conquêtes. Nous devons renoncer à juger ce qui se fait dans l’âme des autres, à juger le principe de leurs actions.

Laissons-les et, dans la mesure où ils sont responsables, pensons que c’est Dieu qui souffre, ne nous attardons pas à ce qu’ils font et réparons‑le.

Il faut demander au Christ d’accepter toutes les choses qui nous échappent, tous les mouvements primesautiers de notre vie organique et, en acceptant notre pauvreté, nous nous rapprochons de cette pauvreté supérieure qui nous fait nous perdre en Lui. Tout est là. Que nous ayons cette seule angoisse: Qu’Il soit !

Les seuls agissants sont ceux qui se sont dépris d’eux-mêmes. La vie est dure, violente et nous sommes tentés de douter de la vie de l’esprit. Mais celui qui s’est oublié n’a cherché que Dieu. Il n’y a qu’une seule victoire, celle de l’esprit; et de pauvreté authentique, que dans le don de soi-même; et qu’importe si bientôt le bombardement fait éclater nos corps en poussière, si nous sommes déjà morts à nous‑même. Nous avons notre liberté inviolable qui est au-dedans.

Dernières publications

Œuvres complètes: publication du tome VII
Œuvres complètes: publication du tome VII

Œuvres complètes: publication du tome VII Ce septième volume des œuvres complètes rassemble deux ouvrages : La liberté de la foi et Morale et mystique. Auteur: Marc Donzé Mise en ligne:

Lire
Vivre la Parole qu’est le Christ
Vivre la Parole qu’est le Christ

Dieu n’est pas le Dieu des morts, il est le Dieu des vivants. Il n’est pas non plus l’auteur de la mort: la mort est venue du péché, parce que l’Homme s’est absenté de Dieu. Mais Dieu, lui, ne s’est pas absenté de l’Homme.

Lire
Envoyés dans le monde pour la joie
Envoyés dans le monde pour la joie

La joie en soi, est meilleure que la douleur. Dieu n’aime pas la douleur, il déteste la douleur, il déteste la mort. Il y a entre Dieu et la mort, une inimitié personnelle, parce que la mort est la conséquence du péché, ce refus d’amour. Ce n’est pas lui qui a inventé la mort, la douleur et le péché.

Lire