Baptême du Seigneur: aller de la mort vers la vie

Baptême du Seingeur, Année C,
Lc 3, 15-22

L’Épiphanie, c’est la (triple) fête de la manifestation: la manifestation de notre Seigneur et l’Adoration des Mages qui sont les délégués des nations, la manifestation de notre Seigneur au Jourdain où il reçoit le baptême, la manifestation enfin de notre Seigneur aux noces de Cana où il change l’eau en vin. (…)

Homélie, Bex (Suisse), 1951
Mise en ligne: 04.01.22
Temps de lecture: 2 mn

Le baptême du Seigneur dans le Jourdain, c’est le signe du plongeon dans la mort et de la sortie dans la vie: mort et résurrection déjà. Zundel évoque ici des moments de plongeon dans la mort et de vie nouvelle.

Voyez: saint François va mourir. Il y a là une immense détresse pour ses disciples. Eh bien! Il fait chanter le Cantique du Soleil.

Ce chant va détendre, détendre ce deuil, jeter sur cette scène déchirante une note de joie et les disciples ne pourront jamais se souvenir de cette mort, sans y puiser cette pensée de vie et de jubilation et ils sauront que, pour leur maître, la mort n’a pas été une détresse, mais un grand élan d’amour vers le Christ dans lequel il n’a jamais cessé d’espérer.

Cette nuance exquise de la grâce plus forte que la mort et qui en a dissipé les appréhensions

Ou bien Thomas More, ce grand martyr anglais du 16ème siècle, quand il va monter à l’échafaud, dit au bourreau: «Aide-moi à monter. Pour la descente, je me tirerai d’affaire tout seul».

Il fait une plaisanterie qui doit donner au bourreau le sentiment qu’il n’accomplit pas quelque chose de terrible, puisque le martyr, car c’est d’un martyr qu’il s’agit, le martyr monte à l’échafaud avec tant de paix dans le cœur et tant d’allégresse dans la voix.

Sainte Catherine de Sienne, dans une de ses lettres les plus célèbres, raconte une visite qu’elle a faite à un jeune homme, Nicolas Toldo, qui est condamné à mort pour un rien: il a dit quelque plaisanterie un peu irrévérencieuse à l’adresse du magistrat et, pour ce simple fait, il va être décapité.

Ce jeune homme qui est de Pérouse, qui est plein de vie (c’est le printemps), voudrait vivre de toute la force de sa jeunesse. Il est désespéré, il est plein de révolte contre Dieu.

Et Catherine va le trouver dans sa prison, elle lui parle de l’Amour du Christ, de sa Présence, de sa Passion… et de sa participation à sa mort qui, s’il l’accepte, va devenir un mystère de rédemption et de vie.

Il y a dans la présence de Catherine une telle charité, un tel rayonnement, une telle transparence que ce jeune homme est transfiguré et il dit oui, il l’accepte, il accepte cette mort, il est tout prêt à l’offrir à Dieu, pourvu qu’elle accepte, elle aussi, de l’accompagner au lieu de son supplice.

Catherine, en effet, le jour de l’exécution, précède Nicolas et met sa tête sur le billot et prie longuement pour lui et elle supplie le Seigneur d’être une présence réelle au moment de l’exécution et, quand Nicolas arrive accompagné du bourreau, Catherine dispose sa tête sur le billot, elle l’encourage et lui sourit:

«Va, ne crains pas, mon frère, sous peu tu seras aux noces de l’éternel».

Et Nicolas ne voit plus que ce visage, ce visage de bonté, ce visage de grâce et de charité et le condamné meurt sans même s’être aperçu de son exécution et Catherine reçoit sa tête sanglante contre son cœur.

Ce n’est rien, justement; ce rien, c’est cette nuance exquise de la grâce et de la charité qui était plus forte que la mort, qui en a dissipé les appréhensions et toutes les révoltes et qui a fait de cette exécution injuste et brutale une offrande presque joyeuse d’amour.

Nous n’aurons sûrement pas l’occasion d’assister à une exécution capitale et d’en adoucir l’amertume, mais nous pouvons, à chaque instant du jour, prévenir les blessures du cœur qui sont déjà une manière de mort.

Par ces toutes petites prévenances qui sont des riens, par ces nuances exquises de la bonté et du silence et de la tendresse qui introduisent justement dans la vie une présence dont notre visage fait sensible un cœur.

Et c’est par là que nous engendrons notre Seigneur Jésus-Christ dans le mystère de son Épiphanie.

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