Aimer son prochain

30e dimanche du Temps ordinaire, 
29 octobre 2023, Année A, Matthieu 22, 34-40

D’une retraite de Maurice Zundel donnée au Cénacle de Genève en 1971. Ce sont des notes d’auditeur, détaillées et fidèles. L’abbé montre le lien indissociable entre l’amour du prochain et l’amour de Dieu.

L’homme peut-il se transformer? et rencontrer le prochain à un niveau où il y a vraiment un prochain, c’est-à-dire un être qui est proche, un être qui est identique avec soi et, plus profondément, qui est intérieur à soi-même.

En ce temps-là,
les pharisiens,
apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens,
se réunirent,
et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus
pour le mettre à l’épreuve :
« Maître, dans la Loi,
quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur,
de toute ton âme et de tout
ton esprit.
Voilà le grand, le premier commandement.
Et le second lui est semblable :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
De ces deux commandements
dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »

Retraite, Genève, 1971
Mise en ligne: 26.10.23
Temps de lecture: 2 mn

C’est évidemment à ce niveau qu’il pourra être question d’aimer son prochain, et éventuellement de l’aimer comme soi-même.

Dans chacun il y a cette possibilité de devenir autre.

Si notre moi en effet arrive à se purifier, si nous passons du moi possessif au moi oblatif, si à l’intérieur de nous-mêmes, nous ne sommes plus qu’offrande à l’égard de cet Amour qui nous sollicite et qui nous attend au plus intime de nous-même, à ce niveau, oui, il est possible d’éprouver l’autre comme proche et comme intérieur à soi, parce qu’il est porteur de la même valeur, de la même présence, de la même grandeur, de la même sainteté. Mais là est la condition fondamentale.

Il est clair que, au delà de toutes les races, de toutes les classes, de toutes les traditions historiques, de toutes les nations, de tous les partis, il peut y avoir une proximité absolue, si on est ensemble enracinés dans le même centre, si nous sommes uns en une Présence unique, si au coeur du silence, nous nous joignons dans cette personne, qui nous est confiée à tous et à chacun, nous avons un terrain commun où nous rencontrer.

Il reste cette unique solution qui est la naissance de nous-même à nous-même dans la rencontre au plus intime de nous-même avec cette Présence unique, qui est plus intime à nous-même que le plus intime de nous-même.

C’est de cette manière qu’il nous est possible de rencontrer l’autre à travers l’Autre majuscule.

Si on rencontre l’autre sans le voir dans sa vocation divine, sans le voir comme le porteur possible d’une valeur universelle, on se heurte inévitablement à ses limites qu’on ne peut pas aimer comme telles. On peut aimer un être à travers ses limites, bien entendu, mais pour ce qu’il a à devenir – et il faut le faire constamment.

Si nous ne pouvions aimer que les hommes parfaits, ce que nous ne sommes d’ailleurs pas nous-mêmes, il n’y aurait jamais d’amour du prochain possible; mais dans chacun, il y a justement cette possibilité de devenir autre, cette possibilité de se libérer et de devenir le sanctuaire de la Présence infinie.

Et cela, nous pouvons l’aimer sans réserve, comme nous aimons Dieu lui-même, si bien que, finalement, le premier prochain, c’est Dieu lui-même.

Il n’y a, en fait, de prochain humain, de prochain «minuscule», qu’en raison, précisément, de ce Prochain «majuscule» qui est Dieu caché au plus intime de nous-même. Et cela est extrêmement important, parce que l’amour du prochain – cet amour qui est la seule valeur, la seule vertu, la seule sainteté, préférable à tous les héroïsmes, à toutes les prophéties, à tous les miracles, – cet amour n’a de sens que s’il est fondé sur cette Présence.

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