Gagner ou perdre sa vie?

13ème Semaine du Temps Ordinaire | Année A | Mt 10, 37-42

Qu’est-ce que gagner sa vie ou la perdre, demande l’Évangile de ce dimanche. L’exemple le plus magnifique, pour Zundel, est celui de saint François d’Assise. Il peut continuer à nous inspirer.

Quand François, à Spolète, abandonne ses rêves de chevalerie et reprend la route d’Assise pour obéir à une voix mystérieuse, ce n’est pas qu’il renonce à la gloire à laquelle il s’est toujours cru prédestiné: il vient simplement d’entrevoir la grandeur qui frappe d’irréalité toutes ses ambitions.

Texte paru dans L’homme passe l’homme (1948), p. 86-87.
Mise en ligne: 25.06.20
Temps de lecture: 2 mn

La basilique Saint-François à Assise | DR

Comme si son désir, longtemps entravé par des troubles de croissance qui en eussent arrêté le développement, s’était soudain redressé, en déployant toute sa stature, l’aventure où il se trouve engagé a perdu toute saveur.

En un clin d’œil, il en a fait le tour, en retrouvant toutes les limites qu’il voulait fuir avec l’élan fougueux et candide qui lui donnait tant de prestige aux yeux de ses compagnons, et dont le ressort, maintenant brisé, le laisse disponible, sans qu’il sache encore, exactement, ce qui va remplir l’espace intérieur où son âme libérée semble flotter dans une immensité sans contours.

L’obstination que saint François met à défendre les droits de « sa Dame » nous oblige à reconnaître, dans ce symbole, la plus haute expression de sa foi.

Il attend que prenne forme la Présence dont « un vide sacré » dessine en lui l’invisible sanctuaire.

Le baiser au lépreux lui révèle le Visage de l’Amour dont le crucifix de saint Damien lui rend plus sensible encore l’absolu dépouillement.

Maintenant la clarté est complète: l’Être est le Don, en raison de quoi Il est aussi le Bien, en la transparence infinie du Vrai où rayonne la démission mystérieuse de l’éternelle Charité.

François ignore, sans doute, le mot de Sénèque: « Ce n’est pas la richesse qui te fera pareil à Dieu, Dieu n’a rien, Dieu est nu. » Mais personne n’en a jamais vécu l’évidence avec une plus dévorante intensité. Sa destinée est désormais fixée: il sera l’homme lige de la divine Pauvreté.

On a vu là, trop souvent, une image naïve où persiste l’influence des romans courtois qui enchantaient naguère son imagination. Son langage prête, sans doute, à ces rapprochements; mais l’obstination qu’il met à défendre les droits de « sa Dame » nous oblige à reconnaître, dans ce symbole, la plus haute expression de sa foi.

S’il refuse de rien posséder, ce n’est pas qu’il méprise les créatures dont il chantera un jour si fraternellement la louange, c’est, au contraire, qu’il les aime avec trop de respect pour les réduire à son usage.

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