Tentations au désert: Jésus vainqueur du mal au prix de sa vie

1er dimanche de Carême, Année C,
Lc 4, 1-13

Le récit de l’Evangile nous introduit dans le mystère de Jésus-Christ, dans le mystère de cette tentation qui préfigure déjà la passion de notre Seigneur.

Homélie, Genève, 1970
Mise en ligne: 2.3.22
Temps de lecture: 2 mn

D’une homélie donnée au premier dimanche de Carême, le 15 février 1970, parue dans Ta Parole comme une source, p. 222-225.

Vous avez dans la mémoire, vous avez dans l’esprit, le développement de ces tentations, telles qu’elles sont présentées dans l’Évangile de saint Matthieu et de saint Luc.

Nous y voyons que notre Seigneur est mis en face d’une voie facile, la voie du miracle qui écartera toute embûche de son chemin, qui le préservera de toute souffrance et qui fera éclater, comme une manifestation de la puissance de Dieu, sa qualité de Fils de Dieu.

Jésus sait qu’il doit faire contre-poids, par le prix de sa vie, à tous les refus d’amour à travers toute l’histoire

Notre Seigneur repousse ces tentations par les textes que vous connaissez bien, et il s’engage par là même dans la voie de la passion.

Car il y a, justement, dans la tentation comme une bifurcation pour notre Seigneur: il est au début de sa vie publique et il doit s’engager selon sa vocation et selon sa mission qui est de choisir la vie difficile qui aboutira à l’agonie, à la mort, en un mot, à un échec.

Et il n’y a aucun doute que ces tentations représentent dans l’âme de notre Seigneur, dans sa sensibilité, une prédication, une préméditation de son agonie, cet effroyable combat corps à corps avec la mort, cette obscurité des ténèbres, cet horizon sans espérance, ce cri final: « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »

Tout cela est déjà contenu en germe dans la tentation.

Notre Seigneur, en choisissant cette voie, sait à quoi il s’expose.

Il sait les conséquences de ce choix terrifiant.

Il sait qu’il va revêtir toute la culpabilité humaine, qu’il doit faire contre-poids, par le prix de sa vie, à tous les refus d’amour à travers toute l’histoire. (…)

Au seuil de la vie publique de notre Seigneur, nous voyons que Dieu est engagé dans notre destinée, engagé dans notre vie, engagé dans l’histoire du monde jusqu’à la mort de la croix, car le bien n’est plus d’accomplir un commandement et de se soumettre à une loi, le bien c’est d’aimer Quelqu’un qui est l’amour, Quelqu’un qui ne cesse de s’offrir sans s’imposer jamais, Quelqu’un qui, intérieur à nous même, ne cesse de nous attendre.

Et le seul mal, symétriquement, ce n’est pas seulement la désobéissance à un commandement, extérieur à nous-mêmes, le mal c’est une blessure faite à Quelqu’un, c’est une blessure d’amour faite à l’Amour et une blessure qui aboutira finalement à la mort de Dieu. (…)

Nous voyons à travers les conditions auxquelles Jésus-Christ est soumis, et dans lesquelles il a la perception de la passion rédemptrice, nous voyons nettement que Dieu est engagé dans la création, engagé dans l’histoire du monde, engagé dans notre destin, jusqu’à la mort de la croix.

Et nous prenons conscience, du même coup, que la Révélation évangélique serait impossible, qu’elle ne se serait jamais produite, sans le surgissement dans le sein de la Vierge Marie de cette humanité incomparable, de cette humanité-sacrement, de cette humanité qui subsiste dans le Verbe de Dieu, de cette humanité qui ne peut que révéler Dieu en le manifestant personnellement.

Nous sommes donc invités à retrouver à travers ces lectures, à travers l’Evangile tout particulièrement, à retrouver le visage d’amour du Dieu vivant.

Et l’on y trouve alors plus profondément cette compassion infinie qui lie le sort de Dieu au nôtre et qui fait que Dieu est frappé dans toutes les maladies, blessé de toutes les blessures, agonisant dans toutes les agonies, et mourant de toutes les morts, comme il est compris d’ailleurs dans toutes les catastrophes qui peuvent atteindre le monde animal, végétal et minéral.

C’est un Dieu essentiellement engagé, un Dieu essentiellement compatissant, c’est un Dieu qui participe infiniment à la vie de la créature, c’est un Dieu qui se révèle en notre Seigneur, comme un cœur qui bat dans le nôtre.

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