Reconnaître Jésus en vérité
Dimanche de la Divine Miséricorde,
Année B, 7 avril 2024, Jean 20, 19-31
D’une conférence de Maurice Zundel lors d’une retraite à l’Abbaye de Bellefontaine en 1972.
C’était après la mort de Jésus.
Le soir venu, en ce premier jour de la semaine,
alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples
étaient verrouillées par crainte des Juifs,
Jésus vint, et il était là au milieu d’eux.
Il leur dit :
« La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie
en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau :
« La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé,
moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux
et il leur dit :
« Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés,
ils seront remis ;
à qui vous maintiendrez ses péchés,
ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas,
appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau),
n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient :
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara :
« Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous,
si je ne mets pas la main dans son côté,
non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard,
les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison,
et Thomas était avec eux.
Jésus vient,
alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d’eux.
Il dit :
« La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas :
« Avance ton doigt ici, et vois mes mains ;
avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d’être incrédule,
sois croyant. »
Alors Thomas lui dit :
« Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit :
« Parce que tu m’as vu, tu crois.
Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes
que Jésus a faits en présence des disciples
et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits
pour que vous croyiez
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Conférence, Abbaye de Bellefontaine (France), 1972
Mise en ligne: 05.04.24
Temps de lecture: 2 mn

Ils attendent cette revanche qui doit manifester l’élection d’Israël par une manifestation toute-puissante du Dieu d’Israël.
Jésus est vivant; comprenons-nous cette révélation?
Il serait donc tout à fait impensable que la mission de notre Seigneur commençât par l’annonce de cet échec, où la puissance de Dieu semblerait être complètement défaite et où le salut serait apporté par la mort. C’est là un paradoxe, une contradiction qui apparaîtrait immédiatement comme intolérable et qui ne lui aurait pas donné un seul disciple.
Il fallait donc qu’il s’insérât dans une espérance qu’il devait réaliser sur un tout autre plan. Aussi bien voyons-nous que les quelques annonces qu’il fait de sa passion aux disciples rencontrent une résistance farouche et comme viscérale. Cela leur paraît impossible; cela leur paraîtra impossible jusqu’au dernier moment et le reniement de Pierre trahira cette déception fondamentale.
Mais ce n’est pas possible! C’est impossible: celui qui vient de Dieu, celui que Thomas appellera: «Mon Seigneur et mon Dieu», comment peut-il être fait prisonnier? Comment peut-il être livré à ses ennemis? Comment peut-il ne pas se défendre? Comment peut-il être livré à la mort? C’est un scandale totalement inadmissible: Dieu doit triompher, il est nécessairement le plus fort et, s’il a atermoyé, s’il s’est laissé circonvenir par ses ennemis, il va les confondre et les vaincre et sa victoire sera d’autant plus éclatante qu’il aura été au seuil de la défaite.
Donc, cette Révélation essentielle du sens même de la création, cette Révélation essentielle de nous-mêmes, cette manifestation de ce que signifie pour Jésus d’être créé à l’image de Dieu, cette inviolabilité qu’il va reconnaître au prix de son sang, tout cela n’est pas encore compris.
Et lorsque le Seigneur apparaîtra comme le vainqueur de la mort, lorsque, à travers ses apparitions qui nous sont données sous cette forme ambiguë et d’autant plus émouvante, parce que nous saisissons là précisément l’attitude des apôtres qui s’effraient, qui ne reconnaissent pas, puis qui reconnaissent… l’attitude des apôtres ou de la Magdeleine, lorsque leur conviction est devenue une évidence: leur maître est vivant, vont-ils comprendre cette révélation? Vont-ils comprendre le sens de sa mort? Il n’y paraît guère, puisque la dernière question qu’ils poseront à Jésus dans son dernier entretien avec eux, lorsqu’il les engage à attendre l’Esprit saint, c’est: «Est-ce maintenant, en ce temps-ci, que tu rétabliras la Royauté pour Israël? (Ac 1, 6).
Ils ne font que reprendre, après l’événement, les espoirs qui les avaient engagés à le suivre et, si tout en était resté là, jamais le Christianisme n’aurait vu le jour, parce qu’avec ces données, tout demeure inerte, nous en sommes encore à un horizon limité, national, où il s’agit de cette revanche simplement différée et qui maintenant doit éclater après le retour à la vie du Seigneur crucifié.
Si le Christianisme doit entrer dans l’histoire, si Jésus doit devenir le centre de l’histoire, ce sera en vertu d’un événement intérieur qui transformera radicalement le coeur et l’esprit des apôtres en les initiant au vrai Royaume de Dieu.
Cet événement, ce sera l’événement de la Pentecôte où l’Église va faire son apparition. Cet événement est capital, parce que c’est le miracle des miracles dans ce sens que c’est lui qui a intériorisé tout ce que les apôtres avaient vécu en la compagnie du Seigneur et davantage: c’est l’événement qui va intérioriser le Seigneur lui-même.