L’Eucharistie pour un cœur universel

Dimanche du Saint-Sacrement, Année C,
Lc 9, 11-17

L’Eucharistie, ce Mémorial infini que nous commémorons aujourd’hui affirme des liens plus personnels encore, plus profonds, plus intimes, plus indestructibles que les liens qui unissent les parents à leurs enfants et les époux à leur conjoint.

Homélie, Le Caire, 1965
Mise en ligne: 16.06.22
Temps de lecture: 2 mn

D’une homélie de Maurice Zundel, donnée au Caire en 1965, reprise dans Vie, mort, résurrection, p. 77-82. Le style oral a été conservé, il est important d’en tenir compte.

Jésus est le Second Adam, Jésus est le Fils de l’Homme, avec une plénitude égale à sa filiation divine. Jésus, depuis le premier instant de son existence terrestre, est ouvert à toute l’humanité, il assume toute l’humanité, il est intérieur à chacun de nous.

C’est cela l’Eucharistie, c’est cette mise en demeure adressée à chacun de nous, de se faire universel.

Il est donc impossible d’aborder Jésus, impossible de le rencontrer, impossible de le connaître sans vivre en lui des liens universels, sans vivre en lui cet œcuménisme consubstantiel, sans vivre en lui cet Amour sans frontières et sans partialité.

Et c’est cela, justement, que le Seigneur affirme, au soir du Jeudi-Saint, après avoir donné à ses disciples la suprême prescription qui est son Testament Nouveau : la suprême prescription de s’aimer les uns les autres comme il les a aimés ; après leur avoir lavé les pieds, pour mettre en pratique lui-même le premier ce commandement d’Amour. Notre Seigneur, envisageant tous les siècles, indique à tout homme, à toute conscience, le seul chemin qui peut mener vers lui, c’est-à-dire d’assumer, de prendre sur soi, de prendre en charge toute l’humanité et tout l’univers.

Il ne s’agit pas d’autre chose. Notre Seigneur nous en avertit, avec la conscience tragique qui convient à cette heure suprême : « Il est bon que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, l’Esprit saint ne viendra pas à vous ».

A qui dit-il ces paroles ? Mais à ses Apôtres… à ses Apôtres qui viennent de se disputer, à la table de la Cène, la première place, qui n’ont rien compris… à ses Apôtres qui lui demanderont après la Pâque, après la Résurrection, au jour même de l’Ascension : « Seigneur, est-ce en ces jours-là – c’est à dire le jour de la Pentecôte – est-ce en ces jours-là que tu rétabliras le royaume, en faveur du peuple élu ? »

Ils n’ont donc pas compris, ils n’ont pas compris que le Seigneur ne vient pas pour un peuple… ils n’ont pas compris qu’il n’y a dans le cœur de Dieu aucune limite, aucune partialité, ils ne comprennent pas que Dieu est la Vie de notre vie, qu’il est intérieur à chacun de nous, que le ciel, c’est l’âme du juste ; ils ne comprennent pas que pour rencontrer le vrai Dieu, il faut soi-même se quitter, il faut soi-même se dépasser, il faut soi-même faire craquer ses limites, ses barrières, ses ressentiments et ses partialités.

Et c’est pourquoi il nous donne rendez-vous à la table eucharistique, il nous donne rendez-vous dans une communion d’Amour où tous les hommes doivent se rassembler : « Vous viendrez à moi, vous viendrez à moi non pas seuls, vous viendrez à moi, non pas en me ralliant à votre mesure, vous viendrez à moi, non pas pour satisfaire vos goûts et vos appétits, vous viendrez à moi, non pas pour obtenir ce qui vous convient à vous, et à vous seuls, et à ceux – en tout petit nombre – qui vous sont nécessaires, vous viendrez à moi avec le cœur immensément ouvert, vous viendrez à moi en assumant chacun à l’égal de vous-mêmes, vous viendrez à moi en regardant l’autre comme moi-même, car c’est en chacun que j’ai faim, que j’ai soif, que je souffre, que je suis pauvre, que je suis en loques, que je suis captif et abandonné ».

C’est cela l’Eucharistie, c’est cette mise en demeure adressée à chacun de nous, de se faire universel.

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