La répartition des biens terrestres dans une vue personnaliste de la propriété

« 3ème conférence donnée à Londres au Centre Charles Péguy le 16 février 1964 par Maurice Zundel.

Résumé : La foi grandit à mesure que l’amour s’élève. Au centre du christianisme il y a cette affirmation que Dieu est dans le jeu jusqu’au fond. Le droit de propriété, paradoxalement repose tout entier sur la pauvreté évangélique. À sa racine il doit y avoir une désappropriation totale. Le travail doit être réformé, il doit d’abord faire des hommes. Il faut songer à la répartition communiste des biens et étudier l’exemple du Paraguay. L’humanité misérable est notre problème, nous avons à percevoir cette inquiétude divine pour le sort de chacun. La pauvreté est un désordre fondamental. Il s’agit d’Accomplir la volonté de Dieu en son amour.

 

Au centre du christianisme, se trouve l’affirmation que Dieu est dans le jeu jusqu’au fond

Les conditionnements

La radio française présentait un jour des expériences faites en laboratoire sur une chatte destinée à des voyages spatiaux. La chatte se comportait d’ailleurs avec beaucoup d’élégance et on pensait immédiatement que le cosmonaute humain étant soumis aux mêmes épreuves en laboratoire, l’homme et la chatte, c’était tout un.

Pour le physicien qui contrôle des réactions, il n’y a pas de différence. Pour le grand public non plus : l’homme est un animal comme les autres dans le laboratoire, nulle différence entre lui et l’animal. D’où la tentation de considérer que tout ce qui est au-delà des mesures physico-chimiques, est arbitraire, c’est du rêve et non de la réalité.

La radio présentait d’ailleurs simultanément, ou quelques instants plus tard, une interview entre un algérien et un marocain à propos des incidents de frontière et, naturellement, du côté marocain, on était pour le Maroc, du côté algérien, pour l’Algérie, bien qu’on fût socialiste de part et d’autre, parce qu’il y a une vérité subjective qui est une vérité du sang, laquelle est indiscutable quel que soit le côté de la barrière où l’on se situe ! C’est-à-dire que les hommes sont conditionnés par leurs gènes, par leurs passions et, là encore, ils se comportent comme des animaux, comme des morceaux d’univers.

Le dialogue de l’amour

Quelques jours plus tard, un journal rendait compte du livre d’Anne Philipe, Le temps d’un sourire, ce livre admirable que vous avez sans doute lu, et, dans les premières pages de ce livre, il y a cette phrase que vous avez retenue, qui est si belle qu’elle mérite de traverser les siècles : « Toi seul me voyais, moi seule te voyais, et maintenant je demeure dans un monde sans regard. »

Alors là tout de suite vous le sentez, vous êtes transporté dans un autre monde. Vous n’êtes plus dans le laboratoire, vous n’êtes plus dans les vérités du sang, vous êtes dans le dialogue de l’amour : « Toi seul me voyais, moi seule te voyais et maintenant je demeure dans un monde sans regard. »

Sans doute y avait-il dans la conversation d’Anne Philipe des propos touchant le prix des pommes de terre, des carottes et des étrennes à donner à la concierge, mais il y avait, ce qui est ineffable, la lumière de présences qui s’échangeaient.

Le monde de la personne

Le laboratoire n’explique rien, le sang n’explique rien, mais nous sommes là dans le domaine de la personne. C’est dans ce monde personnaliste où des intimités s’échangent en lumière d’amour que se situe toute la vérité. En réalité, le mot de vérité ne prend vie qu’à ce niveau des échanges personnels.

C’est pourquoi il faut se défier des mécanismes verbaux. Quand vous m’opposez la Cause première, je vous dis : « Mais c’est une expérience humaine, c’est un raisonnement humain, et encore très inférieur ! Alors, permettez-moi de le discuter parce que, justement, ce n’est pas un absolu : c’est un homme qui a inventé cette mécanique verbale. Pourquoi serais-je lié par des mots ? Je ne peux pas me sentir lié par des mots, d’autant moins que je sais que, finalement, on n’atteint à la vérité que dans le monde nuptial, que dans le monde de la personne, que dans le monde de la réciprocité. »

Et vous sentez tous le niveau où se situent les mots d’Anne Philippe qui sont embarqués pour les siècles, qui ont une beauté irrésistible et qui nous font comprendre que, en effet, à ce niveau, rien ne se passe si on n’est pas deux pour l’éprouver, rien ne se passe si l’on ne se donne.

Vivre dans l’expérience où nous nous engageons

Voulez-vous que les vérités divines soient situées plus bas ? Je ne pense pas. Il ne faut pas situer Dieu plus bas que là où se situe la plus haute expérience humaine. C’est dans l’amour et par l’amour que l’homme atteint ces plus hautes vérités et c’est justement dans l’amour et par l’amour que l’homme communie avec Dieu dans cette réciprocité nuptiale où nous nous échangeons avec lui. Et il me semble qu’il y a infiniment plus d’importance à attacher à l’expérience du mystique qui est crucifié avec le Seigneur, qui reçoit les stigmates pour attester que Dieu est l’amour crucifié, qui perd la vue à pleurer sur la passion de Dieu, plutôt que dans la mécanique verbale d’un professeur qui ne s’engage à rien et qui ira manger tranquillement après avoir parlé de la cause première.

Il s’agit donc pour nous de vivre toujours dans l’expérience où nous nous engageons, où nous atteignons la lumière, car la lumière ne peut pas être posée devant nous, elle ne peut être posée qu’en nous si nous nous posons en elle. C’est dans cet échange que la clarté s’opère et on connaît d’autant mieux, d’autant plus profondément, qu’on se donne davantage.

Il n’y a pas un niveau statique de la foi. La foi grandit à mesure que l’amour s’élève.

Il n’y a pas un niveau statique de la foi. La foi grandit à mesure que l’amour s’élève : plus il y a de générosité, plus il y a naturellement de lumière. Ceci est une mise au point simplement pour que vous ne vous scandalisiez pas de mon comportement : comment ne serais-je pas emporté quand on oppose au sang de Jésus un petit raisonnement mécanique, comme si cela ne concernait pas Dieu alors que, justement, au centre du christianisme, il y a cette affirmation que Dieu est dans le jeu jusqu’au fond, jusqu’à la mort de la croix et non pas en dehors, indifférent, inerte. Il est plus mère que toutes les mères et c’est pourquoi, il est totalement livré entre nos mains.

Ce que les droits de l’homme doivent préserver, c’est en nous les droits de la personne.

Le pouvoir de donner c’est un espace de sécurité et un bonheur d’être

Nous allons nous engager maintenant dans cette étude de la propriété en vivant ce problème, un vrai problème, puisque c’est chacun de nous qui est mis en question et la vraie réponse, c’est chacun de nous ayant éventuellement modifié son cœur dans la lumière d’une réponse valable.

Une femme pauvre m’a dit ces mots que j’ai retenus : « La plus grande douleur des pauvres, c’est que personne n’a besoin de leur amitié. On vient chez nous quand on est crevé, on s’assoit sur le coin d’une chaise, on dépose de quoi poursuivre notre misère quelques jours, et puis on s’en va tranquillement à Chamonix ou sur la Côte d’Azur. Mais personne ne croit que nous, les pauvres, nous avons quelque chose à donner. Nous sommes simplement un organisme qui bouffe, — et voilà ! Si on nous donne à manger, à la dernière extrémité, on est quitte. Personne n’imagine que nous aussi, nous éprouvons le besoin de donner. Personne ne croit à notre dignité et c’est cela notre plus grande blessure. »

Et cette femme, qui avait perdu un fils, qui l’avait retrouvé pendu en revenant de la Messe, mais c’était trop tard pour le secourir, qui avait vu un autre de ses fils aller en prison, qui ne pouvait donner que de la mauvaise nourriture à ses enfants parce qu’elle n’avait pas de quoi en payer de meilleure, considérait que la plus grande épreuve de sa vie, c’était ce mépris de la dignité en elle, ce mépris de ceux qui la secouraient et qui ne croyaient pas qu’elle était capable d’une amitié généreuse et gratuite.

Cette femme pauvre, Elle réclamait donc ce pouvoir de donner, ce pouvoir de créer, elle aussi, une joie, un bonheur, d’être, elle aussi, pour un autre, un espace où elle pourrait trouver sa joie et sa liberté.

Et c’est la même femme qui me disait : « Comment voulez-vous que je prie et que je pense devant mes marmites vides avec cinq enfants à nourrir ? J’ai beau vouloir prier et penser, c’est impossible, car enfin, je peux remettre à demain ma méditation, mais pas de nourrir mes enfants ! » Elle était donc tenaillée aux entrailles par la faim de ses enfants et c’est cette inquiétude, et c’est cette menace physique qui lui interdisaient la liberté de la prière et de la pensée.

Un espace de sécurité qui permette d’être un espace de générosité : voilà la définition du droit de propriété.

Que réclamait-elle ? Elle réclamait un espace de sécurité qui lui permette d’être un espace de générosité. Voilà la définition du droit de propriété.

Les droits de l’homme-personne

Et c’est la définition de tous les droits de l’homme qui ne sont pas du tout inhérents à l’homme en tant qu’animal, en tant qu’être biologique, mais qui sont strictement, exclusivement, fondés sur la vocation personnelle de l’homme.

Seule en nous, la personne a des droits. Quand donc on parle des droits de l’Homme, il ne s’agit pas de l’homme accapareur, il s’agit de l’homme devenu personne, de l’homme dans sa vocation de personne. Ce que les droits de l’Homme veulent préserver, c’est en nous la vocation de la personne, la vocation de la grandeur, la vocation créatrice, la vocation de la dignité. Car enfin, qu’est-ce que la personne  ? C’est l’être humain évacué de soi qui devient un espace où le monde entier peut trouver sa respiration.

Songez à Gandhi, ce grand homme parmi les plus grands ! Gandhi tenant pendant près de 40 ans un peuple de 4 à 500 millions dans sa main et, par la seule lumière de sa conscience, interdisant à ce peuple toute violence alors que ce peuple est sous une domination étrangère contre laquelle il avait bien le droit de se rebeller alors qu’il avait reçu tant de promesses de liberté, ayant versé son sang pour le dit empire ; ayant été abusé par des promesses jamais tenues, il avait le droit de ruer dans les brancards, de s’indigner, de se révolter, de se livrer à ces passions collectives qui peuvent être atroces mais qui, dans certains cas, apparaissent légitimes justement par une trop longue injustice.

Gandhi stoppe ces passions collectives et dit : « Non ! Vous aurez la liberté quand vous en serez dignes, personne ne pourra vous la refuser. Alors, montrez-vous plus grands que le malheur, interdisez-vous toute violence. » Et il disait au gouvernement étranger : « Je ne vous en veux pas, voilà ce que je vais faire : nous refuserons l’impôt, l’impôt du sel, l’impôt en général, nous refuserons vos tissus, mais vous pourrez passer au milieu de nous, personne ne vous fera de mal. »

Et vous savez que lorsqu’il y avait une violence, en dehors de la discipline prescrite, Gandhi l’expiait par le jeûne. Et quand l’injustice du pouvoir devenait intolérable, il jeûnait jusqu’à la mort, mais jamais il ne se livrait à aucune violence, jamais il n’autorisait aucune violence. Et c’est cette lumière d’une conscience qui a illuminé, pendant près de quarante ans, un peuple de 4 à 500 millions d’hommes, parce que, dans cette conscience, chacun se sentait compris, accueilli, porté, éclairé et libéré.

C’est la conscience, avec toutes ses possibilités de don, qui seule a des droits.

C’est la conscience, avec toutes ses possibilités de don, avec son universalité de rayonnement qui, seule, a des droits, mais des droits imprescriptibles, des droits inviolables, parce que le seul bien commun des hommes, c’est l’homme, c’est l’homme devenu vraiment lui-même.

Quand un homme est devenu homme comme Gandhi, c’est un bien commun, le plus haut bien commun, le suprême bien commun, le seul vrai bien commun de tous les hommes, car tous les hommes peuvent puiser dans cette conscience un ferment de libération et de grandeur. C’est pourquoi tout homme est sacré, non pas pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il peut être.

Et lorsqu’on a voulu sauver la tête de Chessman, on a bien fait, car dans tout homme, tant qu’il n’est pas mort d’une mort naturelle, il y a une possibilité de retour qui peut faire d’un criminel un héros et un saint, qui peut faire de lui une incarnation de Dieu.

Préserver l’incarnation de Dieu

Car justement Dieu, parce qu’il est ce qu’il est, parce qu’il est amour, ne peut être sensible, ne peut devenir une expérience humaine qu’en forme d’incarnation. La Présence de Dieu est toujours incarnée, incarnée imparfaitement dans les prophètes, dans les génies, dans les héros, incarnée suprêmement en Jésus-Christ. Et c’est toujours dans la mesure où Il est vécu dans une vie d’homme et où il transparaît dans une présence humaine qu’il devient une expérience réelle.

C’est donc pour préserver cette incarnation de Dieu qu’il faut épargner toute vie et que, selon moi, il faut supprimer la peine de mort autant qu’il faut supprimer la guerre. Précisément, parce qu’en chaque homme, il y a jusqu’au dernier moment cette possibilité créatrice, cette médiation possible entre Dieu et nous qui est la seule affirmation de Dieu vérifiable dans notre expérience.

La réalité de Dieu ne nous parvient qu’à travers la transfiguration de l’homme.

Si Dieu ne prend pas un visage d’homme, si une vie d’homme ne lui rend pas témoignage, s’il ne transparaît pas dans une conduite humaine, s’il est impossible de le rencontrer, on est livré à des images, à des fantômes, à des raisonnements mécaniques ! Mais justement la réalité de Dieu ne nous parvient qu’à travers la transfiguration de l’homme.

C’est cela qui est le fondement des droits de l’homme et c’est cela, par conséquent, qui est le fondement du droit de propriété qui, paradoxalement, repose tout entier sur la pauvreté évangélique. »

Le travail a pour premier but de faire des hommes

Que chacun soit assuré du nécessaire

Car c’est justement pour pouvoir se désapproprier de soi, pour pouvoir faire de tout son être un don à Dieu et à tous, comme la femme pauvre nous le rend admirablement sensible, qu’il faut assurer à chacun et à tous un espace de sécurité où pourra mûrir cet espace de générosité que chacun est appelé à devenir.

À la racine du droit de propriété une désappropriation totale.

Il y a donc à la racine du droit de propriété une désappropriation totale, un altruisme consubstantiel, c’est-à-dire que le droit de propriété est ouvert essentiellement sur les autres, comme tous les droits humains, puisqu’il n’est que le conditionnement requis pour que chacun de nous puisse devenir un bien commun, c’est-à-dire une communication de soi à tout.

Il est évident que l’homme qui est sûr du nécessaire, comme cet ébéniste génial qui fignolait son travail et faisait de chaque objet un chef-d’œuvre, et pouvait me dire avec sérénité : « Pour moi, il me suffit de tirer ma journée de mon travail ! » Sans doute, mais il en était sûr parce qu’artiste comme il l’était, il avait toujours assez de clients pour assurer sa vie, il n’avait donc pas à y penser. Et c’est pourquoi, il pouvait s’appliquer à chaque objet, simplement pour le plaisir, en y mettant beaucoup plus que ce que le client pouvait attendre et exiger parce que c’était sa joie.

Et sa joie pouvait fleurir et s’épanouir parce qu’il n’était pas limité par ce souci qui prenait la femme pauvre aux entrailles devant ses marmites vides.

Il faut donc que chacun, pour qu’il soit lui-même, pour qu’il puisse être lui-même, pour qu’il puisse devenir une personne, pour qu’il puisse devenir un bien commun, soit assuré du nécessaire.

Il y aurait une monstrueuse hypocrisie à revendiquer le droit de propriété comme la garantie de sa propre générosité en laissant crever les autres à côté de soi tandis qu’on vivrait soi-même dans le superflu en les laissant crever, et Dieu en eux.

Un droit de propriété qui doit se réajuster

Il est évident que je suis chargé de Dieu dans les autres autant qu’en moi et, si je suis fondé à revendiquer cette sécurité qui me permet de devenir un espace de générosité, je ne suis pas moins appelé à revendiquer le même droit pour les autres et à y satisfaire de tout mon superflu. Car tout ce qui n’est pas requis pour moi, je veux dire tout ce qui n’est pas nécessaire pour que je sois une source, un espace, une personne, un bien commun, ne m’appartient plus, appartient aux autres, rigoureusement, tant qu’ils ne sont pas en état de satisfaire cette générosité qui est la leur, comme elle est la mienne, et qui conditionne en eux comme en moi le règne de Dieu.

Cela veut dire qu’il y a dans le droit de propriété, justement parce qu’il est relatif à autrui, à l’Autre divin et à l’autre humain, il y a dans le droit de propriété, je le disais tout à l’heure, un altruisme consubstantiel, un mouvement vers l’autre. Il y a donc dans le droit de propriété une exigence de réforme constante, et par lui-même le droit de propriété demande constamment à être réajusté en fonction des conditions actuelles de l’humanité.

Le jeu faussé de la répartition des biens

Vous savez que saint Thomas d’Aquin avait déjà une théorie, extrêmement avancée pour son époque, de la propriété, puisqu’il admettait que l’état primitif, c’était le communisme ! L’état primitif, c’est la communauté des biens, l’état second, c’est la répartition des biens en vue, selon lui, de leur meilleure administration, parce qu’en général quand tout le monde est chargé de tout, rien ne se fait.

Pour que les biens soient mieux répartis, ils sont confiés à l’administration de certains qui sont plus aptes à les gérer au bénéfice de tous. Mais, lorsque cette répartition des biens, cette gestion confiée aux plus aptes se retourne contre la vie, alors le communisme primitif réapparaît.

C’est pourquoi, saint Thomas admet et déclare qu’un homme en extrême nécessité, lorsqu’il est en péril de mort, a le droit de prendre si personne ne le lui donne, ce qui va le sauver de la mort, et il le dit d’une manière extrêmement émouvante : « Il prend alors ce qui est sien. » Il prend ce qui est sien parce qu’il se retrouve dans l’état primitif où tous les biens étaient communs, puisque naturellement l’intention première de la Providence ne pouvait être que d’offrir à tous les hommes la possibilité de subsister des biens de la terre.

Quand la distribution de ces biens se retourne contre la vie, le jeu est essentiellement faussé et l’homme en arrive à ce qu’il prenne ce qui est sien.

La réforme du travail

Le travail : d’abord faire des hommes.

Mais, pour éviter une telle extrémité qui est toujours dangereuse et monstrueuse finalement, il faudrait naturellement accomplir une réforme du travail, arriver à la république du travail où chacun est responsable, car le travail n’a pas seulement pour but de produire des choses, mais d’abord de faire des hommes. D’ailleurs les choses seront d’autant mieux produites qu’on aura davantage visé à faire des hommes, c’est-à-dire que l’on aura davantage – c’est élémentaire – associé tous les travailleurs à la responsabilité.

Un homme est davantage blessé par le fait d’être tenu en dehors de toute responsabilité que par les différences extérieures de salaire ou d’honneurs. Un homme comprend très bien qu’il y a un avantage à avoir des chefs compétents et il les choisira d’autant plus compétents qu’il sera lui-même intéressé au bénéfice de son entreprise qu’il aura son mot à dire, qu’il en sera vraiment responsable avec les autres et qu’il sera traité en homme.

Il est monstrueux d’envisager une démocratie où les hommes sont responsables de la gestion de l’État et pas de ce qui est tout proche d’eux, de ce qui prend l’essentiel de leurs journées : leur travail. Il faudrait naturellement qu’ils soient tous associés à cette responsabilité, qu’ils sachent où vont leurs produits, quelle en est la destination, quelles sont les ressources, comment on se les procure, où vont les bénéfices, comment se répartissent les salaires. C’est élémentaire, encore une fois, dans une société d’hommes où l’on vise non pas à produire des choses mais d’abord à faire des hommes et la démocratie est un leurre tant qu’on n’a pas abouti à la République du travail, à la Démocratie du travail, en donnant d’ailleurs à chacun les mêmes chances de promotion.

Il y a nécessairement dans l’inégalité des dons humains une espèce de sélection ou de présélection. Il y a des gens qui n’ont aucun goût des responsabilités, qui ne tenteront pas du tout de les assumer, il y a des gens qui sont des chefs — tant mieux pour les autres, il n’y en a pas tellement — ce sont ceux-là finalement qui deviendront normalement les chefs parce qu’ils sont doués pour l’être, mais ils auront d’autant plus d’influence qu’ils seront portés par le consentement des autres, qu’ils seront choisis par les autres, leur compétence et leur capacité étant reconnues.

Une éducation nouvelle

Il est évident qu’une réforme du travail comme celle-là suppose toute une organisation de l’école, toute une éducation entièrement nouvelle et axée sur les valeurs humaines. Il ne s’agit pas d’abord de fabriquer des machines, des êtres capables de rendre service, mais de former des êtres capables de se gouverner, capables de vouloir, de toutes leurs forces, la dignité humaine, pour eux comme pour les autres, et de s’y consacrer avec toute leur générosité.

Mais, de toutes manières, même supposées ces conditions réalisées et accomplie cette réforme indispensable du travail, il y a dans le droit de propriété un réformisme congénital, c’est-à-dire que le droit de propriété, parce qu’il est entièrement ouvert sur les autres par nature, demande à être constamment révisé dans son application selon les besoins de l’humanité.

Cette vocation de la propriété

La répartition communiste des biens

Il est évident que, lorsque les hommes étaient en tout petit nombre, ils pouvaient aller à droite et à gauche, comme Loth et Abraham. L’espace n’était pas mesuré, il suffisait pour eux d’établir un écart entre leurs troupeaux pour éviter les conflits.

La terre devient [aujourd’hui] très petite, la population augmente sans cesse, il faut donc songer à une redistribution des territoires qui ne sont pas à un peuple déterminé pour l’éternité, comme aussi à une révision de la propriété personnelle pour ce qui concerne l’Occident.

Et à ce propos, il convient de remarquer que le droit de propriété peut s’exercer dans une forme communautaire comme dans une forme personnelle. La vie monastique est toujours organisée sur la base de la propriété commune : la vie monastique est communiste et c’est très bien : c’est la communauté qui garantit à chacun cet espace de sécurité, c’est la communauté qui gère les biens pour que justement l’individu soit encore plus libre, puisqu’il n’a plus du tout à s’en occuper. C’est l’économe qui porte la charge, c’est lui qui, évidemment, est le bouc émissaire.

Mais enfin, la communauté comme telle exerce le droit de propriété, je veux dire bénéficie de cet espace de sécurité qui permet à chacun de devenir un espace de générosité.

Le communisme, je veux dire la répartition communiste des biens, n’est pas du tout contraire au droit de propriété, je n’ai pas besoin de vous le dire et n’est pas contraire à l’Évangile, cela va de soi, puisque le Seigneur n’a pas où reposer sa tête. Il est clair que ce n’est pas le Christ qui peut garnir des coffres-forts ! Comme les bons bourgeois français, voltairiens pourvoyeurs de l’athéisme, l’ont cru lorsqu’ils sont retournés à la religion : voyant que les principes qu’ils avaient répandus se retournaient contre leurs privilèges, ils se sont précipités dans l’Église avec l’espoir que sa sagesse traditionnelle allait garantir leurs biens. Triste manière de retourner à l’Évangile ! Heureusement que leurs descendants ont oublié le caractère très impur de cette conversion et sont des chrétiens aujourd’hui très authentiques.

En tout cas, il n’y a aucune espèce de difficulté à concevoir un état communiste, pourvu que ce communisme satisfasse à la requête première du droit de propriété, à savoir le droit de garantir à chacun la possibilité de devenir un espace de générosité.

L’exemple de l’État du Paraguay

La vocation de la propriété est de garantir notre liberté et d’aboutir à ce don où s’accomplit la divine pauvreté.

Au fond, tous les systèmes sont acceptables à condition qu’ils satisfassent à cette vocation de la propriété qui est de garantir notre liberté et d’aboutir à ce don où s’accomplit la divine pauvreté qui est la première béatitude.

Il y a d’ailleurs un exemple extrêmement émouvant : la constitution au 17ème siècle et au 18ème siècle, c’est-à-dire pendant 150 ans, dans l’État du Paraguay, entre le Brésil et l’Uruguay, d’un état communiste fondé par les jésuites, gouverné par eux, de très haut et avec un tact admirable, une république où l’usage de l’argent était inconnu, où la propriété était inconnue, où chacun recevait selon ses besoins, travaillait selon ses capacités, où les travailleurs chaque matin se rassemblaient devant l’Église, chantant leurs prières, se rendant en procession au travail, en revenant de même, dans une harmonie incroyable, puisqu’ils s’administraient eux-mêmes, qu’ils avaient les villes les plus grandes de l’époque, des villes de 10 000 habitants, qu’ils avaient une architecture, imitée d’ailleurs de l’Europe, dont on trouve encore les vestiges, qu’ils étaient capables de chanter des Messes de Palestrina à six voix, qu’ils s’assimilaient toutes les techniques européennes avec bonheur, qu’ils étaient les meilleurs producteurs de thé et que tout ce qu’ils produisaient, en effet, était d’une qualité supérieure parce qu’ils accomplissaient leur travail dans la joie et dans la liberté.

Occasionnellement les pères Jésuites, qui n’étaient d’ailleurs qu’une quarantaine, étaient appelés comme médiateurs dans les conflits extrêmement rares que leurs administrés n’étaient pas capables de résoudre par eux-mêmes.

Cet état aurait duré, et nous aurions eu le premier état communiste chrétien du monde, placé sous le signe de la Croix, la première réalisation d’un communisme absolument intégral dans la paix, dans la joie et dans l’amour, si, dans leur fureur, les Espagnols et les Portugais jaloux de ce succès, jaloux surtout de la qualité des produits qu’ils ne pouvaient concurrencer — puisqu’ils les produisaient par le moyen de leurs esclaves — n’avaient pas, avec un acharnement démoniaque, alerté toutes les puissances, du Pape au Général des Jésuites, en passant par le Roi d’Espagne et du Portugal, n’avaient pas travaillé à la destruction de cet état. Aux citoyens on a imposé de force, comme une espèce de vérité évangélique, l’obligation de la propriété personnelle, au moins partiellement, ce qui était le commencement de la ruine, parce que ces gens qui avaient été des nomades devenus sédentaires n’ayant aucune notion de la propriété personnelle ou individuelle, étaient absolument incapables de s’intéresser à ce qui était à eux. Ils ont commencé par abandonner la culture, les lopins de terre qui leur avaient été assignés, puis, ils ont été finalement massacrés, entraînés dans des guerres monstrueuses et ils ont disparu.

Il aurait pu y avoir là un exemple admirable d’une réalisation chrétienne d’une propriété commune dans un peuple tout entier, avec les résultats les meilleurs et les plus dignes d’admiration.

Le Christ est blessé à mort dans la répartition actuelle des biens de la terre

Une réforme constante du droit de propriété

Non, il ne s’agit pas du tout de se braquer contre le communisme en tant que le communisme implique une certaine distribution des biens et a toujours été la loi de l’état monastique. Il s’agit tout simplement d’envisager un communisme à l’exemple de celui des indiens du Paraguay comme une possibilité sous le regard même de Dieu, dans l’étreinte de la croix, dans la charité du Christ, dans une volonté d’aboutir à la liberté intérieure et de faire de soi-même un espace de générosité.

Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse préférer à ce communisme des habitants du Paraguay une autre manière d’assurer la sécurité de l’homme et je crois, quant à moi, que le fait d’avoir une charge de responsable, d’assumer un rôle de chef, stimule les meilleures qualités de l’homme et peut être bénéfique pour tous, à condition que tous soient associés aux efforts du chef, que tous soient co-responsables et que ce soit par l’ensemble que le chef soit porté à la tête de l’entreprise.

Quoiqu’il en soit et pour aboutir à une conclusion pratique, il est dans l’ordre essentiel du droit de propriété de revendiquer, par sa seule existence, une réforme constante.

Ce qui est à nous n’est pas vraiment à nous, nous ne pouvons disposer définitivement ni de notre maison, ni de notre argent, ni de nos terres, si nous en avons : tout cela étant primitivement un bien commun, dans la mesure même où nos besoins sont satisfaits et ceux des autres ne le sont pas, doit leur revenir.

Quand nous donnons notre surplus à des êtres qui, sans aucune responsabilité de leur part, sont dans une situation insuffisante qui n’atteint pas réellement le niveau vital dans ses exigences les plus immédiates, nous ne faisons que leur restituer ce qui est à eux.

Nous avons donc à entrer très profondément dans ce personnalisme de la propriété en nous rappelant que tous les droits de l’homme se situent au niveau de la personne, qu’ils ont comme fondement la pauvreté selon l’esprit, la pauvreté évangélique, en nous rappelant qu’il s’agit de devenir chacun un espace de générosité.

L’humanité misérable est notre problème

Nous sentirons toute l’hypocrisie qu’il y aurait à garder pour nous le luxe qui ne nous est pas nécessaire quand les autres manquent de tout et qu’ils sont absolument incapables, comme la femme pauvre devant ses marmites, de prier et de penser parce qu’ils sont saisis aux entrailles par leurs propres besoins, sinon par les besoins de leurs enfants.

Nous avons donc à sentir en nous cette sollicitude que le Christ éprouvait d’une manière si sensible quant aux besoins matériels de l’homme. « J’ai eu faim, j’ai eu soif, j’étais nu, j’étais malade, j’étais en prison. Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait : c’est à cela que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Il ne s’agit donc pas de s’abstraire de cette humanité misérable dont les deux tiers sont sous-alimentés, il s’agit de comprendre que c’est là notre problème, que le Christ est blessé à mort dans la répartition actuelle des biens de la terre et, sans vouloir faire le procès de quiconque, sentir que nous sommes appelés à nous réformer nous-même et à concourir à la réforme de la redistribution des biens. Rien n’est à nous, pour nous ; tout ce qui nous appartient est en vue du don que nous avons à être pour les autres, parce que le Royaume de Dieu ne peut pas s’accomplir dans les nuages.

Que chacun puisse vaquer totalement à la vie de l’esprit

En chaque homme le prix du sang divin

Le Royaume de Dieu, puisqu’il ne peut s’affirmer qu’à travers l’homme, suppose chaque homme assez sûr d’être protégé des besoins nécessaires pour qu’il n’ait pas besoin d’y penser, assez heureux pour qu’il puisse considérer la vie comme un bienfait.

Il arrive souvent que la religion apparaisse simplement comme un luxe de bourgeois qui ont des loisirs, qui ont la possibilité de tirer des chèques, qui ne sont jamais talonnés par les nécessités primordiales et qui viennent remercier un Bon Dieu fait à leur mesure, qui satisfait à tous leurs désirs. Ce Dieu-là est un faux Dieu.

Si la religion doit être universelle et si vraiment le Christ vit dans tous les hommes, si tous les hommes sont les membres du Christ, nous avons à percevoir cette inquiétude divine pour le sort de chacun. Il n’y a pas d’homme qui ne vaille un autre homme, il n’y a pas d’homme qui n’ait été racheté par le sang de la croix, qui n’ait été glorifié et magnifié par le sang de la croix, puisque la croix est la mesure de notre grandeur et de notre noblesse. Si nous n’étions rien, Dieu ne serait pas mort pour nous ! Il y a donc en chaque homme le prix du sang divin, il y a en chacun la noblesse de la croix, il y a dans chacun l’amour infini de Jésus.

Chacun est donc intérieur à nous, comme le dit saint Paul : « Nous sommes membres les uns des autres » et c’est pourquoi nous devons nous prévenir mutuellement.

Mais s’il faut se prévenir mutuellement les uns les autres, il ne s’agit pas de se moquer des misérables, mais d’abord d’empêcher qu’ils existent.

La pauvreté, un désordre fondamental

Pourquoi y aurait-il des pauvres ? J’ai honte qu’il y ait des pauvres. Pourquoi des pauvres ? J’ai honte d’être servi. Pourquoi suis-je servi ? Pourquoi ? Pourquoi y a-t-il des gens qui sont debout derrière les tables pour servir et pourquoi ne sont-ils pas assis, eux aussi ? Pourquoi ne suis-je pas, moi, le serviteur ? Ils sont comme moi, ils ont la même essence, ils ont la même noblesse, ils ont la même destinée, ils ont le même Dieu, ils sont aimés du même Christ. Pourquoi ne sont-ils pas les égaux les uns des autres ?

Cette pauvreté, c’est un crime de notre part. Quand il y a des pauvres, je veux dire des êtres qui manquent du nécessaire, qui sont obligés de passer par les autres pour atteindre aux sources de la vie, il y a un désordre fondamental.

La pauvreté évangélique, ce n’est pas la misère, la pauvreté évangélique, c’est le dépouillement intérieur, ce qui suppose justement une certaine sécurité. Ce n’est pas en vain que dom Germain Morin, qui a écrit ce livre exquis qui s’appelle l’idéal monastique, affirme qu’un monastère doit être suffisamment pourvu s’il veut se préserver du désastre, car quand les moines commencent à penser à l’argent, quand ils sollicitent les bienfaiteurs, quand ils les courtisent, c’est la décadence assurée. Il faut que les moines, comme tout le monde, n’aient plus à y penser. Alors, ils se sentiront libres de vaquer totalement à la vie de l’esprit.

Eh bien ! Cela vaut pour tous les hommes. Il faut que nous sentions la honte de cette pauvreté, non pas des pauvres mais la nôtre, que nous ayons cette volonté d’aider dans la mesure de nos moyens les autres, non pas à végéter et à vivoter, mais à sortir de cette condition pour être maîtres de leur destin, pour être capables à leur tour de devenir un espace de générosité.

La dignité des hommes

Car les pauvres ont quelque chose à donner, les pauvres ont aussi un cœur et une dignité ! Et le malheur, c’est que, justement, parce qu’ils sont dans le besoin, on ne les voit plus que sous l’angle du besoin, comme des organismes qu’il ne faut pas laisser périr pour n’avoir pas une mauvaise conscience en allant à ses plaisirs.

Alors nous voulons essayer d’écouter la voix du Seigneur qui nous confie la dignité des hommes, qui nous demande de traiter chacun avec honneur pour qu’ils deviennent conscients de la Présence divine.

Et quand je pense qu’il y a des hommes qui restent assis quand vous rentrez ! Non, je dois me lever : je me lève devant tout le monde. Je ne peux pas rester sur ma chaise quand un être humain entre chez moi, fût-ce un enfant de cinq ou trois ans. C’est un être humain, il a toute sa dignité, toute sa grandeur. Il faut qu’en lui j’honore le Seigneur qui vient à moi.

Le royaume de Dieu sera quand nous aurons rendu la vie plus belle et les hommes plus heureux

Le Christ croit en la grandeur de l’homme

Il y a dans le Christ, comme vous le voyez, un humanisme admirable, personne n’a, comme le Christ, le sens de la grandeur humaine, personne, comme le Christ, ne croit en l’homme. Vous vous souvenez de ce mot du Père Pio lorsqu’un jeune italien, au cours de ces pèlerinages innombrables, lui dit : « Eh bien ! Mon Père, je dois vous avouer que je suis venu ici entraîné par des camarades, je ne le regrette pas, mais il faut que je vous dise que je ne crois pas en Dieu ! » A quoi le Père Pio a répondu : « Qu’importe, Dieu croit en vous ! »

Dieu croit en vous, Dieu vous fait crédit, et c’est pourquoi il s’est donné totalement, il se donne totalement pour vous. C’est vrai : personne plus que le Christ ne croit en la grandeur de l’homme. Et c’est pourquoi nous ne pouvons pas être chrétiens sans croire en l’homme, sans vouloir passionnément la grandeur de l’homme, et il s’agit d’y travailler de tout notre pouvoir.

Quand nous aurons rendu la vie plus belle et les hommes plus heureux, alors oui, ce sera le Royaume de Dieu, parce que le ciel, c’est ici, maintenant, parce que le temps s’éternise, parce que le visible laisse transparaître l’invisible, parce que l’homme révèle Dieu ou que Dieu, c’est la même chose, se révèle à travers l’homme. Voilà la révolution que nous avons à accomplir et c’est cela que la mystique chrétienne veut opérer en nous.

Accomplir la volonté de Dieu en son amour

Il ne s’agit pas du tout de s’envoler dans les nuages, avec les yeux révulsés, comme dans les tableaux de canonisation qui sont de la mauvaise peinture, mais il s’agit, au contraire, par la foi, de voir dans l’homme, au-delà de l’enveloppe charnelle, le sanctuaire de Dieu, le visage éternel.

Et c’est Jésus qui nous le dit : « Il ne s’agit pas de dire Seigneur, Seigneur ! » mais d’accomplir la volonté de Dieu, d’accomplir la volonté de l’amour, qui nous confie toute cette humanité et nous demande de faire naître en chacun la lumière, la paix, la grâce, la jeunesse et la joie en lui révélant Dieu à travers nous, comme un visage d’amour, en faisant apparaître à chacun ce que la liturgie appelle le visage de fête du Christ Jésus.

Faire paraître à chacun, au prix du don de nous-même, la douceur du visage de fête du Christ Jésus.

C’est cela que nous voulons garder de cette journée : nous sommes tous appelés à apporter la Présence divine, à susciter la joie, à être un serviteur de Dieu comme le disait saint François, une espèce de jongleur qui élève le cœur des hommes. C’est cela que nous devons retenir : nous sommes appelés à faire paraître à chacun, au prix du don de nous-même, la douceur du visage de fête du Christ Jésus.

atn 64 0203

22/09/2019 – septembre 2019

Déjà publié sur le site du 23/12/2009 au 09/01/2010

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