La Connaissance interpersonnelle, achèvement et sommet de la Connaissance

« Une des conférences de l’Abbé Maurice Zundel lors de la retraite au Vatican de février 1972 devant Paul VI et de nombreux cardinaux et prélats. Les conférences ont été éditées dans Quel Homme et quel Dieu ? (*). Nous sommes le 21/02/1972 à 17h.00.

Résumé : Les savants sont portés par la passion de connaître, ils ont le culte de la vérité en soi. Les intuitions des grands artistes fondent cette religion première de la beauté ou de la vérité. Pourquoi ne vont-ils pas plus loin ? La présentation du dogme chrétien doit se situer sur un plan interpersonnel, Dieu est une personne dont on ne peut rencontrer le visage qu’en l’aimant.

 

Très Saint-Père, et vous mes Pères dans le Seigneur,

Le témoignage de saint Augustin rejoint ou est rejoint d’une certaine manière par des témoignages contemporains qui rendent un son émouvant et nous amènent à nous demander : ces témoignages, ont-ils le même sens que celui d’Augustin dans les Confessions que nous méditions ce matin ?

Témoignages contemporains d’un sentiment mystique

Un de ces témoignages est celui d’Einstein, ce grand savant qui a rénové toute la vision du monde physique et du monde chimique. Einstein écrit que la plus belle et la plus profonde émotion que nous puissions expérimenter, c’est le sentiment mystique. C’est la semence de toute science véritable. Celui à qui cette émotion est étrangère, qui n’a plus la possibilité de s’étonner et d’être frappé de respect, celui-là est comme s’il était mort. Savoir que ce qui nous est impénétrable existe réellement et se manifeste à travers la plus haute sagesse, la plus rayonnante beauté, sagesse et beauté que nos faibles facultés peuvent comprendre seulement dans leur forme la plus primitive, cette connaissance, ce sentiment, est au centre de la vraie religion.

« L’expérience religieuse cosmique est la raison des plus fortes et des plus nobles recherches scientifiques et enfin, » conclut-il, « ma religion consiste en une noble admiration envers l’Esprit Supérieur et sans limite qui se révèle dans les plus minces détails que nous puissions percevoir avec nos esprits faibles et fragiles. Cette profonde conviction sentimentale de la présence d’une raison puissante et supérieure se révélant dans l’incompréhensible univers, voilà mon idée de Dieu. » Et Jean Rostand, qui est un des vulgarisateurs les plus éminents de la science contemporaine et d’ailleurs un admirable écrivain, dit à son tour : « Par quoi l’homme de science serait-il porté, soutenu, si ce n’est par l’étrange passion de connaître. En dépit de leurs défauts et de leurs vices, (disait Charles Richet), les savants ont tous la même âme, tous, ils ont le culte de la vérité en soi, tous, ils sont animés d’une pensée commune, l’amour de la vérité cachée dans les choses. Le culte de la vérité en soi, oui, ces amoureux du vrai, ils ne songent pas aux conséquences, aux applications possibles de ce qu’ils vont peut être découvrir ou, s’ils y songent, c’est simplement parce qu’ils témoignent d’une connivence avec le réel. Ce qu’ils désirent, ce qui peut seul à leurs yeux justifier le vivre, c’est simplement d’atteindre â ce qui est. La vérité, ils l’aiment pour elle-même, de façon impérieuse, irrationnelle, incoercible, intransigeante : ils l’aiment comme toujours on aime, parce qu’ils sont eux et parce que c’est elle. Ils l’aiment au point que c’est un honneur pour eux, presque une jouissance que de la proclamer, quand elle va contre leur agrément et c’est pourquoi ils n’admettent pas, ils ne supportent pas que pour aucun motif, que pour aucune cause, que pour aucun idéal si élevé qu’il puisse paraître, on la dénature ou simplement qu’on y rajoute. La vérité, ils la servent avec une dévotion sans scrupules, persuadés qu’on ne peut jamais aller trop loin dans le zèle qu’on y porte et satisfaits de mettre à son service cette passion, cette chaleur, cette fureur qui partout ailleurs est son ennemie. Ils savent qu’elle est ardue, la vérité, qu’elle est fragile, que, comme le Dieu de Chestov, on est en risque de la perdre dès qu’on croit la tenir ; ils savent qu’on ne l’approche pas sans s’être surmonté, qu’elle n’est point ce qui contente ou qui soulage, qu’elle n’est jamais où l’on crie, comme disait Vinci, et presque jamais où l’on parle. » (1)

Cet hymne à la vérité est extrêmement émouvant et il pourrait, d’une certaine manière, être écrit par un mystique. Il suppose une intense contemplation, un émerveillement profond devant l’univers et un désir de se consacrer de toute son âme à mettre en valeur les secrets.

On pourrait évoquer d’ailleurs tous les témoignages d’autres savants. Vous vous rappelez le livre admirable de Pierre Termier, qui était d’ailleurs un chrétien total. « La joie de connaître, » disait Termier, « la joie de connaître était si grande que parfois on croyait en mourir. » Et, quand il regardait dans le Canyon du Colorado l’immense paroi où se résume, dans les stratifications géologiques, toute l’histoire de la terre, il avait l’impression « d’une bible gigantesque où on pénétrait jusqu’aux origines du monde ».

Religion de la beauté ou de la vérité et dogme chrétien

Et toute la grande procession des artistes depuis des peintures rupestres d’Altamira ou de Lascaux ou de la Chapelle-aux-Saints ou d’ailleurs, toute cette immense procession de l’art à travers la musique, à travers Palestrina, Bach, Beethoven, à travers Mozart, à travers Gilles, à travers la musique grégorienne, toute cette immense procession de l’art témoigne de cette religion à laquelle Augustin faisait allusion lorsqu’il invoquait la beauté toujours antique et toujours nouvelle.

Et pourtant les artistes, et pourtant les savants comme Einstein (qui d’ailleurs était israélite, comme Rostand qui est né en terre chrétienne et qui connaît admirablement les richesses de la littérature française, pourquoi ne vont-ils pas plus loin ? Pourquoi n’éprouvent-ils aucun besoin de dépasser cette intuition première ? Pourquoi le dogme chrétien ne peut-il pas les atteindre ? Pourquoi leur apparaît-il comme une surcharge ? Il semble que cette religion première de la beauté ou de la vérité leur suffise pleinement et qu’ils sont dérangés par le message chrétien tel, tout au moins, qu’il leur parvient.

Et là se pose précisément la question : le dogme chrétien qui est, pour celui qui en pénètre le sens intime, une nourriture spirituelle indispensable, la première nourriture de la vie intérieure, ce message leur est-il présenté dans un langage accessible ? Leur apparaît-il dans une intériorité suffisante pour rejoindre leur intuition première ? Confirme-t-il cette intuition ? L’enrichit-il ? Lui donne-t-il un fondement plus profond ?

Le Dieu qui est la cause première

Je pose la question et je vais la poser d’une manière plus précise en rappelant une leçon sur la « prénotion physique » que j’entendis, il y a bien longtemps, de la part d’un maître, d’ailleurs éminent, leçon construite tout entière sur le principe de causalité. Dieu est la cause première, donc Il ne peut se référer qu’à Lui-même, Il ne peut avoir de relation réelle qu’avec Lui-même, Il ne peut rien recevoir de personne, Il est autosuffisant, Il trouve en Lui la plénitude de son bonheur Il ne peut rien apprendre de personne. Donc ce ne sont pas les élus par leur consentement â la grâce qu’Il leur donne, ce ne sont pas les élus par leur choix, qui Lui font connaître ceux qui seront sauvés ; c’est le choix qu’Il fait Lui-même de donner à certains des grâces intrinsèquement et infailliblement efficaces. Tout part de Lui et bien sûr que ceux auxquels il donnera des grâces intrinsèquement et infailliblement efficaces seront sauvés. Quant aux autres, ils ne seront pas sauvés et d’ailleurs, peu importe : De toutes manières, la gloire de Dieu est sauve, parce que les damnés le glorifieront dans sa justice comme les bienheureux le glorifieront dans sa miséricorde. Ainsi est sauvée la primauté absolue de la Cause Première.

Elle est si bien sauvée d’ailleurs que, lorsqu’un confrère de l’éminent professeur auquel je pense posait la question : « Est-ce qu’on ne pourrait pas admettre une petite brèche dans ce système ? Est-ce qu’on ne pourrait pas admettre qu’un acte de contrition imparfaite, d’attrition, puisse être émis sous l’influence d’une grâce simplement suffisante ? » L’Ordre entier fut incendié par une polémique qui aboutit à l’expulsion du professeur qui avait eu l’audace de poser cette question ; est-ce qu’un acte de contrition imparfaite ne pourrait pas être émis sous l’influence d’une grâce simplement suffisante ? (2)

Cette présentation qui est d’une logique aristotélicienne rigoureuse correspond-elle au mystère de la Rédemption, à l’agonie du Seigneur, correspond-elle aux teneurs de la Crucifixion ? Correspond-elle à tout ce que nous entendons par le culte du Sacré Cœur ? Si mon salut n’est rien, ne signifie rien, s’il est indifférent pour la gloire de Dieu que je sois à gauche ou à droite, c’est donc une question qui me revient, c’est à moi de la résoudre : je peux faire le bon ou le mauvais choix, mais Dieu n’est pas concerné puisque, de toute façon, Il gagne sur tous les tableaux.

Il semble donc qu’une certaine présentation puisse ramener Dieu à un objet sur lequel on disserte, à un objet que l’on pose devant soi, sur lequel on fait des thèses, sur lequel on récite toute une série de théorèmes qui sont admirablement enchaînés, mais qui n’ont peut-être qu’un rapport très lointain avec la vie de la grâce et de l’amour.

Les trois niveaux de connaissance

Ne pourrait-on pas faire état à ce propos de trois niveaux de connaissance, même dans l’ordre naturel : d’abord les niveaux de la connaissance passionnelle, instinctive, qui se donne carrière continuellement dans les journaux, dans la conversation, dans les films, dans les combats entre les différentes classes sociales ou entre les différents peuples, où chacun veut que la vérité soit tout entière de son côté et le mensonge tout entier de l’autre, dans un manichéisme qui place le bien tout entier d’un côté et le mal tout entier de l’autre. Cette connaissance, nous la connaissons, elle suinte par tous nos pores : nous sommes constamment dominés par cette connaissance passionnelle et subjective qui correspond à notre moi possessif et préfabriqué. Mais il y a une autre connaissance qui est proprement la connaissance objective, qui est la connaissance scientifique, la connaissance du mathématicien, du physicien, une connaissance qui a pris ses assises les plus fermes depuis Copernic et Galilée.

Cette connaissance est admirable puisqu’elle nous a permis de faire l’inventaire de l’univers. Elle a créé un langage commun et c’est admirable : l’Indien, le Japonais, le Russe, l’Allemand, le Français, l’Italien, le Libanais, l’Egyptien, l’Anglais, l’Américain, tous peuvent parler le même langage scientifique parce qu’il comporte les mêmes formules, il recourt aux mêmes instruments. Cela est magnifique ! C’est le seul langage commun qu’on ait encore inventé, mais à une condition, c’est que toute option personnelle soit bannie du laboratoire. Vos opinions sur la vie, sur la mort, sur le bien, sur le mal, sur l’homme ou sur Dieu, ce sont des choses entièrement personnelles mais que vous ne pouvez pas introduire dans ce langage de laboratoire sans le fausser, parce que les options ne sont pas les mêmes sous tous les climats, et que pour le même individu, ces options comportent des niveaux différents : il peut s’accroître ou il peut retomber dans un stade antérieur car, s’il n’est pas fidèle à sa lumière, alors il est convenu d’avance que ce langage exclut toute option personnelle. Il se borne à désigner, à faire l’inventaire, l’analyse, éventuellement la reconstitution d’objets par des procédés qui sont les mêmes partout et qui pourront être vérifiés par tous les savants au courant de la méthode des calculs et des instruments. Mais précisément cette science ne peut réussir parfaitement qu’en dépersonnalisant tous les phénomènes : même un homme, s’il est l’objet d’un examen de laboratoire, peut être traité comme un objet.

La tendance du savant ; c’est justement de tout réduire à un objet, de ne tenir aucun compte du vécu, de l’histoire individuelle de chacun parce que cette expérience s’émiette à l’infini. On ne peut pas construire une science sur ces fragments dispersés. Cette science donc, admirable, qui a transformé complètement l’image du monde apparent, cette science avoue a priori ses limites. C’est pour elle un principe de méthode d’exclure toute option personnelle. Elle ne peut donc strictement rien dire sur tout ce qui dépasse le champ de son expérience, c’est-à-dire que tout le domaine humain, en tant que tel, lui est totalement fermé.

Sans soute le savant peut-il avoir ses options, mais c’est dans la mesure où il est un homme, dans la mesure où il ne se limite pas aux expériences du laboratoire. Et, alors, il n’a pas plus d’autorité qu’un autre homme pour se prononcer, puisque c’est sa vie, c’est le choix qu’il a fait de lui-même qui est le gage de la valeur de ses conceptions.

Il y a enfin — et c’est l’essentiel — un autre étage de la connaissance qui est la connaissance interpersonnelle, celle qui règle tous les rapports humains, les rapports de l’époux et de l’épouse, les rapports du père et de la mère avec leurs enfants, les rapports des enfants avec leurs parents, des amis avec leurs amis, enfin de tous les hommes dans la mesure où ils accèdent au plan de leur humanité. Et cette connaissance interpersonnelle, c’est une connaissance réciproque, c’est une connaissance engagée, c’est une connaissance où l’on connaît autant que l’on s’engage.

Cette femme divorcée qui me disait n’éprouver aucune espèce d’émotion devant son ex-mari, pas plus que devant un homme quelconque, avouait qu’ayant perdu l’amour, elle avait perdu le sens même de ce visage : elle ne connaissait plus parce qu’elle n’aimait plus.

Les relations interpersonnelles

Dans les relations interpersonnelles, la connaissance est fonction du don de soi, de l’amour.

Dans ces relations interpersonnelles, il y a une progression possible à l’infini, mais la connaissance est fonction de l’engagement : la connaissance est fonction du don de soi, de l’amour. Plus on aime, plus on connaît, plus on s’ouvre à l’autre, plus on devient capable de l’accueillir et de le rendre intérieur à soi. Cette connaissance est la plus essentielle puisque c’est elle qui régit les rapports humains. Mais c’est une connaissance qui dépasse l’objet et qui ne peut se réduire à l’objet. La vérité dans cet ordre, c’est la vérité d’un rapport et la lumière profonde qui illumine ses relations, c’est la lumière de la personne.

Il y a quelque chose de beaucoup plus fondamental que la raison discursive, la raison syllogistique. Il y a justement cette lumière du fond, cette lumière de la personne qui émane des racines de l’être. Le dialogue d’un poupon, d’un bébé avec sa mère n’est pas fondé sur des concepts — encore que les concepts soient chose précieuse, quand ils sont employés par une raison purifiée.

La raison peut déraisonner. La raison peut être corrompue par les soubassements passionnels de notre être subjectif. Les sophistes au temps de Socrate et de Platon se faisaient fort de tout démontrer, de prouver n’importe quoi en maniant le verbe à tort et à travers et en créant des enchaînements spécieux qui pouvaient jeter de la poudre aux yeux.

Dans le dialogue interpersonnel, c’est cette lumière du fond de l’être, quand l’être devient clarté, quand il devient transparent, c’est cette lumière qui scande les mots, qui donne aux mots leur vie ; les mots à travers l’amour, à travers un amour authentique, deviennent quelqu’un, ils ont une résonance tout à fait différente selon qu’ils sont entendus par quelqu’un qui aime. Si vous lisez la correspondance de Chateaubriand avec Madame de Récamier, vous pourrez lire les points et les virgules mais les mots, vous ne pourrez pas les entendre, comme les entendait Madame de Récamier, parce que ces mots allaient d’une personne à l’autre : ces mots d’amour ne signifient rien pour nous qui les lisons, parce que nous ne sommes pas dedans.

La Parole qui engage un dialogue

Il y a donc une connaissance interpersonnelle qui est la connaissance essentielle et justement la question est celle-là : La Révélation ne se situe-t-elle pas dans ce domaine interpersonnel ? Tout n’est pas résolu lorsqu’on dit : « la Parole de Dieu ». Oui, mais la Parole de Dieu, c’est un dialogue. Cette parole s’adresse à quelqu’un, elle se proportionne à quelqu’un. Notre Seigneur le dit formellement : il parle aux foules en paraboles parce qu’elles ne peuvent entendre davantage et il prendra congé de ses disciples, selon saint Jean, en leur disant : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter. C’est le Saint-Esprit qui achèvera votre instruction. C’est le Saint-Esprit qui vous introduira dans toute vérité ».

La parole de Dieu ne se développe pas au même niveau selon les époques et les prophètes qui la transmettent. La parole de Dieu comporte des limites qui ne sont pas à placer du côté de Dieu, mais du côté de l’homme à qui cette parole s’adresse. Il en est de la parole de Dieu, souvent, comme du balbutiement de la mère vis-à-vis de son enfant : la mère serait insensée de parler à son enfant le langage de Platon, il n’y comprendrait rien. Tout dialogue serait impossible. Elle balbutie avec lui pour être comprise de lui : c’est ça la sagesse de la mère et c’est là la preuve de son amour.

La Parole de Dieu a balbutié avec les hommes, tant qu’ils n’étaient pas capables de comprendre davantage. Ils ne comprendront jamais la plénitude jusqu’à ce que vienne le Verbe de Dieu. Et justement, une des formes de la miséricorde de Dieu, c’est d’avoir consenti à se travestir, à prendre un visage qui n’était pas le sien, véritablement, pour rentrer dans l’Histoire des hommes, les prenant là où ils étaient pour les faire accéder à un niveau plus élevé.

Un des émerveillements de la foi : constater que cette Parole qui engage un dialogue s’adresse à des hommes pour les faire progresser, pour les arracher à leurs ténèbres et à leur torpeur et pour les introduire peu à peu dans cette voie de libération qui est la vocation de l’homme telle que saint Augustin l’a éprouvée d’une manière magnifique lorsque, justement, il a rencontré Dieu au plus intime de soi comme l’espace où sa liberté respirait.

Dans la proposition du message chrétien il s’agit de se situer sur un plan interpersonnel…, [Dieu] quelqu’un dont on ne peut rencontrer le visage qu’en l’aimant.

Il s’agit donc dans la proposition du message chrétien de se situer sur un plan interpersonnel, de ne pas donner à Dieu un visage d’objet qu’on peut simplement mettre devant soi, mais de le présenter comme une personne, comme quelqu’un qu’on ne peut connaître qu’en s’ouvrant à lui, quelqu’un dont on ne peut rencontrer le visage qu’en l’aimant et c’est là qu’on pourra rejoindre les intuitions premières des grands artistes qui ne veulent pas renoncer, bien sûr, à cette liberté qu’ils ont éprouvée en face de la vérité et de la beauté qui est leur seule raison de vivre. Ils n’y peuvent renoncer et si le message chrétien leur parvient, s’il leur est proposé, il faut qu’ils y reconnaissent un immense enrichissement de leur intuition première, il faut qu’ils voient dans l’Évangile un apport fondamental qui orchestre de la façon la plus indépassable ce qu’ils avaient rencontré, ce qu’ils aspirent toujours à rencontrer lorsqu’ils se donnent à la beauté et à la vérité comme à une personne.


(1) Jean Rostand : Peut-on modifier l’Homme ?, Gallimard, pp.145-146.

(2) Zundel indique ailleurs qu’il s’agit d’un confrère du père Garrigou,(« l’éminent professeur ») le père dominicain espagnol Francisco Marin-Sola (1873-1932). Qui a publié un ouvrage remarqué : L’évolution homogène du dogme catholique (Fribourg, 1923, 2ème éd.1925). Cette querelle a incendié tout l’ordre dominicain.

(*) « Quel homme et quel Dieu ? Retraite au Vatican »

Publié par les Éditions Saint-Augustin — Saint-Maurice (Suisse). Collection « spiritualité ».
Préface R.P. Carré.
Parution : avril 2008 ; 359 pp.
ISBN : 978-2-88011-444-2

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25/08/2019 – août 2019

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