Je tiens Dieu dans ma main

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« En Suisse et en 1955, homélie de Maurice Zundel pour le dimanche du Bon Pasteur. Il s’adresse à des enfants. Édité dans Ta Parole comme une source (*). Les titres sont ajoutés.

Résumé : les parents désirent avoir un berceau dans le cœur de leur enfant. Ils veulent naître aussi de ce cœur. Le Bon Dieu veut naître du cœur des enfants, il veut avoir son berceau dans leurs cœurs. Si Jésus est le Bon Pasteur, il ne faut pas oublier que nous sommes le berger de l’Agneau de Dieu : l’homme tient Dieu dans sa main.


Enregistrement de la conférence.


Un petit enfant a besoin du cœur de sa maman

Vous avez certainement vu des berceaux. Des berceaux, il y en a de toutes les couleurs, mais ils sont généralement roses ou bleus ou blancs. Et vous savez qu’un berceau, c’est fait de choses très douces pour que le petit enfant s’y trouve bien, pour qu’il ait chaud, pour qu’il se sente enveloppé d’une atmosphère merveilleuse.

Mais vous savez bien qu’un berceau, un berceau, ce n’est pas assez. Si un petit enfant n’a que son berceau et s’il y reste seul, même avec tout le confort, avec toute la chaleur, toute la douceur, toute la beauté, ce petit enfant ne pourra pas vivre. Qu’est-ce qu’il lui faut ? Qu’est-ce qu’il lui faut à ce petit enfant ? Qu’est-ce qu’il lui faut de plus que son berceau ?… ?… Une maman ! Voilà ! Une maman ! Il lui faut le cœur de sa maman !

On a remarqué à Londres que les enfants qui étaient soignés par leur maman, c’est-à-dire les enfants dont les mamans travaillaient avec les nurses, avec les gardes-malades pour soigner leur enfant, les enfants qui bénéficiaient des soins de leur maman guérissaient deux fois plus vite que les autres. Pourquoi ? … Pourquoi ? … Parce que l’amour fait des miracles, parce que c’est l’amour qui donne la vie.

Alors, le premier des berceaux, c’est quoi ? … ? … Quel est le berceau le plus merveilleux, le plus précieux ? … ? … Le cœur d’une maman ! C’est ça ! Le premier berceau, le plus merveilleux, le plus nécessaire : c’est le cœur d’une maman.

Le Bon pasteur
Mosaïque du Bon Pasteur à Ravenne (Mausolée de Galla Placidia)

 

Votre cœur est aussi un berceau

Souvent ce qu’on cherche dans l’amour, c’est de naître de nouveau, parce que le cœur humain, le cœur qui aime, est un berceau.

Mais est-ce que votre cœur à vous, votre cœur à vous n’est pas, aussi, un berceau ? …. Votre cœur à vous n’est pas, aussi, un berceau ? Mais bien sûr que votre cœur est aussi un berceau ! Et c’est pourquoi d’ailleurs on désire tellement votre amour. Vos parents désirent votre amour parce que votre cœur est aussi un berceau. Comprenez-vous ? Et d’une façon générale, si nous désirons tous être aimés, c’est parce que nous savons bien que le cœur des autres, le cœur de ceux qui nous aiment est un berceau et, quand on est aimé, c’est comme si on naissait de nouveau. Comprenez-vous ? Souvent ce qu’on cherche dans l’amour, c’est de naître de nouveau, parce que le cœur humain, le cœur qui aime, est un berceau.

Donc, vous le voyez, si vos parents désirent votre amour, c’est que vos parents désirent aussi avoir un berceau dans votre cœur. Ils veulent naître aussi de votre cœur.

Un Dieu qui veut naître de notre cœur

Vous vous rappelez le mot adorable de la petite fille qui se jette au cou de sa maman parce que elle est au comble du bonheur et qui lui dit :  » Maman, maman, tu es née de mon cœur !  » C’est exactement cela. La petite fille avait compris, elle avait deviné, elle savait que son cœur était un berceau, elle pouvait le dire à sa mère dans ce mot magnifique :  » Maman, tu es née de mon cœur !  »

Si vos parents ne sont pas nés de votre cœur, cela veut dire que vous ne les aimez pas. Et si Dieu ne naît pas de votre cœur, vous ne l’aimez pas.

Et Dieu, qu’est-ce qu’il fait là-dedans ? Est-ce que Dieu, lui aussi, veut naître de notre cœur ?… ? … Bien sûr ! Bien sûr que Dieu, lui aussi, veut naître de notre cœur ! Si vos parents ne sont pas nés de votre cœur, cela veut dire que vous ne les aimez pas. Et si Dieu ne naît pas de votre cœur, cela veut dire que vous ne l’aimez pas.

Le Bon Pasteur

Aujourd’hui, nous disons que c’est le dimanche du Bon Pasteur. Nous disons que Jésus est le bon berger qui garde ses brebis et qui donne sa vie pour elles et c’est une chose magnifique. Mais est-ce que vous n’êtes pas, vous aussi, les bergers du Bon Dieu ? Est-ce que Jésus n’est pas représenté lui-même comme un agneau, comme une brebis qui cherche son berger, qui cherche son pasteur ?

Et c’est cela justement qu’il faut retenir aujourd’hui de cette fête du Bon Pasteur : c’est que, non seulement Jésus est le Bon Pasteur qui garde ses brebis, mais c’est que chacun de vous est le berger, le berger de cet agneau, de cet agneau qui donne la vie au monde, de cet agneau qui est Jésus.

Le Bon Dieu ne peut pas se passer de vous

Le Bon Dieu veut naître de votre cœur, il veut avoir son berceau dans votre cœur. Cela veut dire que vous êtes nécessaires à Dieu. Vous pouvez penser parfois :  » Oh ! Le Bon Dieu n’a pas besoin de moi. Le Bon Dieu, que j’y pense ou non, il se tire d’affaire tout seul !  » Ce n’est pas vrai ! Le Bon Dieu ne peut pas se passer de vous.

Qu’est-ce que peut faire une maman dans sa maison, quand ses enfants la détestent, quand ses enfants refusent de l’aimer, quand ses enfants l’abandonnent, quand ils la laissent seule toute la journée, qu’est-ce qu’elle peut faire ? Est-ce que c’est une maison ? Est-ce que c’est un foyer ? Mais c’est un enfer !

Si nous n’aimons pas le Bon Dieu, il ne peut rien faire, parce que tout ce que Dieu peut faire, c’est uniquement de faire rayonner sur nous son Amour.

Et qu’est-ce que peut faire le Bon Dieu qui est tout Amour, qui est infiniment plus maman que toutes les mamans, qu’est-ce qu’il peut faire ? Sur la terre ? Si nous ne l’aimons pas, si vous ne l’aimez pas, qu’est-ce qu’il peut faire ? Il ne peut rien faire ! Il ne peut rien faire, parce que tout ce que Dieu peut faire, c’est uniquement de faire rayonner sur nous son Amour.

Le prix d’un sourire

Vous savez bien que vous, vous qui savez jouer, vous qui savez organiser un match de football, une partie de tennis, vous qui aimez jouer, vous qui suivez avec passion les compétitions sportives, vous savez très bien que il y a quelque chose au monde qui est plus important que tout, que tout cela, c’est l’amour qu’on a pour vous. Et vous savez parfaitement bien le prix d’un sourire, d’un sourire qui s’adresse à vous… et vous savez bien que ce sourire vous est nécessaire, que vous ne pouvez pas vivre sans amour.

La puissance de Dieu, c’est son sourire, c’est son Amour, c’est son cœur. Si nous ne répondons pas, Dieu ne peut rien faire !

Eh bien ! Toute la puissance de Dieu est là. La puissance de Dieu, c’est son sourire, c’est son Amour, c’est son cœur. Et, si nous n’acceptons pas ce sourire, si ce cœur ne bat pas dans le nôtre, si nous ne répondons pas à cet Amour, Dieu ne peut rien faire !

Si vous pouviez comprendre cela, si nous voulions comprendre, toute notre vie changerait ! Parce que, justement, nous comprendrions que le Bon Dieu nous attend et qu’il a besoin de nous, que, du matin au soir, nous pouvons être son berceau, que, du matin au soir, il peut naître de notre cœur, que, du matin au soir, nous pouvons porter aux autres sa lumière et sa joie.

Des enfants comme vous, c’est quelque chose de merveilleux parce que, justement, vous avez, chacun, en vous, cette puissance extraordinaire, unique, qui est la puissance d’aimer.

Dieu attend la réponse de votre amour

Il faut aller communier parce que Dieu nous attend et qu’il a besoin de nous.

Il y a un saint (1) qui a dit ce mot magnifique :  » Il faut aller communier, écoutez bien ce mot, il faut aller communier à cause du grand désir que Jésus-Christ a de nous recevoir et de nous avoir pour membres dans lesquels il soit vivant pour son Père.  » Il ne dit pas, il faut allez communier parce que nous, nous avons besoin de Dieu. Il dit :  » Il faut aller communier parce que Dieu nous attend et qu’il a besoin de nous.  »

Et un martyr qui avait compris le cœur de Dieu disait justement que aimer Dieu, c’est l’aimer comme un enfant, c’est l’aimer comme un enfant dont on prend soin, l’aimer comme un enfant dont on est le berceau. Aimer Dieu, c’est le protéger contre nous-même !

Pendant que nous regardons ce visage du Bon Pasteur, il ne faut pas oublier que, nous aussi, nous sommes le berger de l’Agneau de Dieu et, quand vous chantez cet admirable cantique : Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait manquer (Ps 22:1), n’oubliez pas que vous êtes, vous aussi, à votre manière, le berger du Seigneur, que Jésus se tourne vers vous, qu’il vous dit le mot qu’il disait à la Samaritaine :  » Donne-moi à boire !  » (Jean 4:7) car, justement, il ne peut pas vivre en vous sans vous. Et, comme il n’est pas autre chose que l’Amour, il ne peut pas vivre en vous sans la réponse de votre amour.

L’homme est celui qui tient Dieu dans sa main

Une mère peut souffrir cruellement, évidemment, de n’être pas aimée de ses enfants. M’enfin, elle est là, elle est à la maison, et elle y reste même si ses enfants s’en vont. Le Bon Dieu, lui, il n’a pas d’autre maison que notre cœur. Il ne peut pas se fixer en nous autrement que par notre amour et c’est pourquoi il a tellement besoin de vous.

Vous vous rappelez ce mot d’un poète anglais (Coventry Patmore) qui disait :  » Qu’est-ce que, qu’est-ce que Dieu ? Dieu est celui qui tient l’homme dans sa main. Et qu’est-ce que l’homme ? C’est celui qui tient Dieu dans sa main !  »

Voulez-vous garder ce mot en regardant le visage du Bon Pasteur, ce mot admirable, et vous dire :  » Moi, moi qui vais à l’école, moi qui suis un enfant, moi qui ai encore à travailler pour faire mon avenir, je puis déjà aujourd’hui, aujourd’hui, maintenant, à chaque heure, à chaque seconde, je peux devenir le berceau de Dieu parce que Dieu a besoin de moi, parce que Dieu m’attend, parce que s’il est mon Berger, je suis, moi aussi, le berger de l’Agneau de Dieu, parce que si Dieu me tient dans sa main, moi aussi je le tiens dans ma main.  »


(1) Père de Condren 1588-1641. Disciple de Bérulle, supérieur général de l’Oratoire.

(*) « Ta parole comme une source, 85 sermons inédits »

Publié par Anne Sigier, Sillery, août 2001, 442 pages

ISBN : 2-89129-082-8

sfn 55 0403

22/04/2018 avril 2018 – Homélie aux enfants

déjà publié le 09/11/2010 – les 09-11/11/2010

déjà publié le 01/06/2016 – les 01-03/06/2016

Mots-clefs Zundel, Suisse, 1955, audio, bon pasteur, Condren, Patmore, enfant, maman, berceau, parent, cœur, amour, aimer, pasteur, naître, brebis, berger, agneau, sourire, communier