Elluin Josette – 1975 – Un chirurgien qui ne m’avait pas sauvée tout seul

Témoignage
de Josette Elluin en 1975. Précieux document, dès l’histoire de la rencontre. Priant au chevet de Josette Elluin gravement malade, l’abbé Zundel eut par Dieu la certitude de la guérison…
Josette Elluin était poétesse, amie de Charles Du Bos et d’Alliette Audra. Nous avons publié également un témoignage d’Alliette Audra : « Il vaudrait mieux ne jamais ressentir aucune douceur que de ne pas se donner. »

Lié de profonde amitié à M. l’abbé Zundel, Charles Du Bos me dit un jour : « vous devriez aller voir de ma part mon cher, très cher ami, M. l’abbé Maurice Zundel ; il vous ferait le plus grand bien ; je ne connais personne d’autre au monde qui soit capable de vous comprendre et d’apaiser une âme tourmentée. » Il y avait dans ces paroles tant de sincérité, tant de conviction, et tant de ferveur — celle d’un récent converti — que je pris l’adresse de M. l’abbé Zundel sans m’engager cependant à l’aller voir…

Les années passaient… J’éprouvais comme un vague remords, comme un regret de manquer peut-être une occasion d’ouvrir mon âme, mais… je ne me décidais pas à téléphoner à M. l’abbé Zundel pour prendre rendez-vous. […] Un jour, à Paris, c’était six ans après ma rencontre en Suisse avec Charles Du Bos, Aliette Audra me rendit visite. Je me décidai tout à coup à lui demander si elle ne connaissait pas un prêtre à qui je pourrais parler ouvertement et en toute confiance… Elle me répondit assez vivement et comme effrayée: « Ce que vous me demandez-là est très grave et très difficile ! Vous êtes d’une telle hypersensibilité… »

Soudain, je vis le visage d’Alliette Audra s’éclairer et elle s’exclama: «Oh ! Mais si ! Je connais bien un prêtre qui répondrait tout à fait à vos difficultés. Oui ! Oui ! Il faut le voir… Malheureusement il est au Caire… Mais il reviendra bientôt, il doit revenir après la fin de la guerre et vous pourrez — vous devrez aller le voir — il comprendra et épousera les moindres contours de votre âme ; son nom, c’est M. l’abbé Maurice Zundel… »

Sur quoi je l’interrompis, lui dis que je connaissais déjà cette adresse et ce nom, lui racontai ma rencontre avec Charles Du Bos. J’étais extrêmement étonnée par ce retour, à plusieurs années d’intervalle, du nom du même prêtre conseillé par deux êtres d’une qualité aussi rare que Charles Du Bos et Alliette Audra. »


Au printemps 1950… J’arrivai à Bex devant la vieille tour qui jouxte l’église… (à l’heure précise du rendez-vous.) Je ne me souviens pas d’avoir frappé ou sonné à la porte. Mais la porte s’ouvrit et M. l’abbé Zundel apparut. J’étais si profondément troublée que je ne garde aucun souvenir précis de ce premier instant, si ce n’est que le prêtre qui m’introduisait chez lui avait l’air de vouloir s’effacer contre les murs… La pièce où je m’assis en face de lui paraissait presque obscure. Une odeur de tabac très prononcée y flottait en même temps que des nuages de fumée. Des livres étaient entassés un peu partout …


« On a beaucoup épilogué sur le silence ou les silences de l’abbé Zundel. — On a parfois exagéré sur ce point. Il est vrai qu’il était taciturne par nature, qu’il aimait le silence  » où Dieu Se respire « , mais il n’était pas muet. Simplement, il ne pouvait pas parler pour ne rien dire. Je crois que ses silences étaient, pour lui, et selon les cas, une prière, une attente du plus intime et du plus vrai de ‘l’Autre’, une grande force et une sorte de défense.

Il était émotif et sensible à l’extrême. Il craignait de faire de la peine, de blesser et aussi d’être blessé: « Blesser une âme — a-t-il écrit tant de fois — il n’y a rien de plus grave au monde, car c’est Dieu que l’on blesse alors ». Le silence était chez lui une façon de se dominer. »


« Ce que j’ai appris de lui, durant notre longue et indéfectible amitié, m’a montré que la pente de sa nature était plutôt orgueilleuse et dominatrice. Son humilité, comme celle de tous les saints, n’en avait que plus de valeur et plus d’altitude, puisqu’elle était, constamment, une victoire sur lui-même, une violence qu’il infligeait à ce qu’il appelait le ‘moi-préfabriqué’, ce moi qui n’est rien en soi et où nous ne sommes pour rien…

Tout le temps que dura notre entretien, j’avais le sentiment profond de sa présence, ou mieux, de la présence d’une Présence… Je lui dis que je n’oserais jamais communier. A quoi il répliqua: « Oh si ! Vous communierez ! Vous ferez la communion que telle personne (un ami commun) n’a pu faire avant sa mort. Vous communierez pour lui »

Je fus à la fois très malheureuse et profondément émue… et décidée à ne pas le revoir. »


« Malgré sa frêle apparence, le Révérend Père Zundel avait en lui une vigueur étonnante et une volonté d’acier.

Si l’on compare les photographies du très jeune prêtre avec celles de la maturité et du grand âge, on est frappé par le fait que cette force — qui était en lui Présence de Jésus — se muait de plus en plus en une douceur transparente et rayonnante.

Sa vie fut une ascèse continuelle, une approche de plus en plus intime et épurée de la Sainte Trinité, jusqu’à l’identification totale avec Celui qui était le Cœur de son cœur et qu’il dispensait à tous dans le don absolu de lui-même. J’ai reçu du Père Zundel tant de grâces, tant de bienfaits, tant de dévouements, que je n’en finirais pas si je voulais tout dire…

Une des caractéristiques de son être — qui n’a jamais cessé de m’émouvoir — était ce don que je n’ai connu qu’à lui, qu’il avait d’apparaître : il n’entrait pas chez quelqu’un, … il était instantanément présent. »


« Il ne cherchait pas à convertir : il avait un trop grand respect de la personne humaine pour tenter aucune pression, aucune contrainte… Le Père Zundel ne cherchait pas à vous diriger par des conseils trop appuyés ou par des avis discriminatoires, mais il pensait, je crois, que la meilleure façon de guider une âme vers son Sauveur était de laisser vivre en elle et s’épanouir le Cœur même de l’Amour divin.

Il ne faudrait pas croire, cependant, qu’il vivait dans les nuages et, qu’ayant atteint les cimes spirituelles, il ne savait pas se pencher sur nos médiocrités et sur nos faiblesses humaines. Il est vrai qu’il ne descendait pas d’une certaine altitude qui était son ‘milieu divin’ mais, par sa seule présence, il nous invitait à monter toujours, à nous intérioriser en Dieu. »


« Le Père Zundel voyait, chez tous ceux qu’il approchait par le contact direct ou la lecture, le meilleur et le plus clair d’eux-mêmes, car son regard était orienté sur leurs possibilités et leurs virtualités surnaturelles, beaucoup plus que sur le ‘tout-fait’ et le ‘préfabriqué’ du moment fugitif de leur être.

Cet admirable regard, cette façon de tout voir comme une projection des personnes vers ‘l’au-delà du voile’, vers l’avenir et l’accomplissement en Jésus, ne fut pas sans lui causer parfois quelques déconvenues ou déceptions passagères ; mais il n’y attachait qu’une importance momentanée et rien ne pouvait le démunir de son regard émerveillé.

Un jour, me parlant des ‘clochards’ qui venaient sans cesse mendier à sa porte, il me dit: « Comment leur en vouloir ? Ils ne sont pas encore nés à eux-mêmes ». Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quelqu’un. Il était d’ailleurs la discrétion même. Il avait le sens de l’humour mais il ne dédaignait rien, il ne se moquait jamais. »


« Le Père riait rarement; par contre, il avait bien des façons de sourire. Il y avait le sourire que j’appellerais froid: où les yeux seuls semblaient éclairés du dedans par une lumière qui transperçait, tandis que les lèvres amincies s’étiraient sans s’ouvrir.

Il y avait — et c’était le plus fréquent — le sourire d’une ineffable bonté qui appelait irrésistiblement le sourire de son interlocuteur ; il y avait le sourire triste et comme ‘revenu des choses’ qui semblait être un sourire de connivence avec le Christ de la Passion; il y avait, souvent, le sourire plein d’humour et empreint d’une malicieuse indulgence… »


« La richesse, la multiplicité et la diversité de ses dons étaient si vastes et si nuancées dans leur expression qu’on peut à peine donner une faible image de cette personnalité complexe par nature, simplifiée et unifiée dans l’Amour Divin…

Sa culture littéraire était prodigieuse. Sa mémoire ne l’était pas moins. Poète, il aimait particulièrement Keats, Shelley, Coventry Patmore et tant d’autres ! Il y avait sans doute entre lui et les poètes anglais des ‘affinités électives’, certaines ressemblances : la musique discrète, le ‘suggéré’ plutôt que le ‘dit’ et cette communion profonde avec la sève de la nature qui imprègne les grands auteurs d’outre-manche. Il aimait aussi les romantiques allemands. On eût dit qu’il avait tout lu et qu’il avait retenu la quintessence poétique et mystique de la littérature de tous les temps et de tous les pays.

Il aimait aussi, passionnément, la musique; le chant grégorien en était pour lui l’expression la plus pure, la plus dépouillée, la plus verticale, la plus intérieure : celle où la voix humaine semble se fondre le plus intimement avec la ‘Musique silencieuse de Dieu’. Mais les auteurs polyphoniques et les musiciens allemands — Mozart, Schumann en particulier — étaient ses amis. »


« Dans le domaine des arts et de la pensée, il avait la curiosité et la connaissance de tout : la psychanalyse, les sciences exactes, les techniques et leurs applications modernes…

Je l’ai vu dans l’enthousiasme, après les premières tentatives des hommes qui venaient d’atteindre la lune : c’est qu’il voyait là, plus encore qu’une prouesse technique, l’occasion pour les hommes de se dépasser.

Il avait une admiration presque candide et très respectueuse pour les scientifiques à cause de leur recherche désintéressée ; recherche qui était, pour lui, quête de la Vérité et pré-vision de Dieu. »


« Au moment où parut ‘Le Poème de la Sainte Liturgie’, le Pape Paul VI — alors M. l’abbé Montini — traduisit lui-même en italien ce livre qu’il aimait — comme il en aimait l’auteur ; l’écrivain Charles Du Bos fit publier, sur ce même Poème, un magnifique éloge… ‘L’Evangile intérieur’ est, à mon sens, un admirable petit livre qui contient en germe toutes les fleurs et le développement de la pensée du Père. C’est une sorte de livre initiatique : initiation à la spiritualité de l’auteur et invitation poétique à reconnaître l’intimité de Jésus en nous. Je pense souvent à cette phrase (écrite à la page 164) qui luit doucement…  » Dieu est un Cœur; Dieu est tout Cœur; Dieu n’est qu’un Cœur. «  »


«Le Père avait un don d’orateur encore plus étonnant, peut-être, que ses dons d’écrivain. Il n’avait rien d’un tribun. Il se sentait plus à l’aise au milieu d’une petite assemblée de religieux ou d’amis, qu’au centre d’un auditoire trop vaste. Lorsque tout le monde était assis et que le silence se faisait complice et complet, il gagnait sa place discrètement, sa longue cape flottant autour de lui, avec cette démarche presque dansante qui était si particulière.

La tête levée, les yeux baissés : il ne m’a jamais donné une impression de petitesse physique quoiqu’il fût de petite taille.

Il commençait toujours ses entretiens par un ‘Notre-Père’ et un ‘je vous salue Marie’ récités en commun.

Je l’ai vu parler debout presque jusqu’à la fin de sa vie terrestre. »


« Il parlait habituellement d’une voix douce et comme murmurée, mais cependant très audible ; il parlait comme en secret, comme en confidence du Secret qu’il portait en lui ; on eût dit parfois qu’il avait peur d’effaroucher ou de blesser (selon l’expression de Claudel)  » l’innocence déchirante et l’éternelle Enfance de Dieu « .

Mais, à d’autres moments, sa voix — qui avait des intonations très diverses — s’enflait comme le crescendo d’un orchestre pour mieux faire passer dans son auditoire le sens profond de son dialogue avec l’Amour infini.

Il s’oubliait alors totalement, lui et tout ce qui l’entourait. Se haussant sur la pointe des pieds, il scandait ses paroles avec tout son être, et la force de la ‘Musique silencieuse’ qui était la source et l’origine de son discours transparaissait à travers lui. Le mouvement de sa parole entraînait les âmes à grandir, à s’enrichir de la divine Pauvreté.

Ses entretiens duraient parfois 1h 30, sans interruption, mais nul ne songeait à trouver le temps long : l’assistance était infiniment recueillie et comme suspendue à la parole du conférencier.

Le Père Zundel exerçait un ascendant prestigieux sur ses auditeurs ; on pourrait aller jusqu’à dire qu’il avait un don de fascination — le mot étant pris dans le sens d’autorité bénéfique.

Son homélie terminée — ou plutôt laissée en suspens — il disparaissait furtivement comme il était apparu. »


« Quand on lit les premiers écrits du Père Zundel, on est frappé de constater combien sa pensée était en avance sur son temps, combien elle préface et préfigure l’esprit de renouveau qui souffla initialement sur Vatican II.

Le Dieu que le Père offre à notre méditation, c’est le Dieu d’Amour de St Jean l’Evangéliste, Celui des Béatitudes et du Lavement des pieds, l’Enfant-Jésus de Sainte Thérèse de Lisieux.

C’est le contraire du Dieu terrible et terrifiant, vengeur, condamnatoire, de cette sorte de mécanicien opérateur des âmes et des choses dont un jansénisme attardé et mêlé d’autres influences néfastes laissait trop souvent l’empreinte sur trop de familles et trop de personnes.

Le Père Zundel nous présente, à l’inverse un Dieu tout intérieur et tout donné, une Source et une Fin, une Trinité d’Amour vers qui nous devons tendre, un ‘au-delà-au dedans’ qui nous attend sans Se lasser. »


« Le Père était totalement soumis à l’Eglise. L’originalité de sa pensée et de son expression ne fut pas toujours appréciée par la hiérarchie. Il eut à en souffrir pour l’un de ses écrits, mais il ne murmura jamais et se plia toujours aux exigences de ses supérieurs.

Quelques années après le Concile Vatican II, le Père avait près de 70 ans : il changea tout de suite et sans mot dire, avec une docilité éclairée, les habitudes liturgiques qui étaient les siennes depuis 50 ans — si tant est qu’on puisse parler ‘d’habitudes’ quand il s’agit du Père !… »


« La célébration de la messe ne fut jamais pour lui ‘une habitude’, mais l’éternel renouveau du Don total de Jésus-Christ. Pour lui, chaque jour était un premier matin de la création. Il puisait une inépuisable fécondité dans cette messe célébrée à l’aube, qui lui donnait la force d’entreprendre et de mener à bien ses journées et ses nuits harassantes.

Ceux qui ont eu le privilège d’assister et de communier aux messes du Père Zundel en ont tous été intimement bouleversés. La façon qu’il avait, lente et solennelle, d’élever l’Hostie et le Ciboire après la Consécration, sa manière de s’agenouiller, d’étendre les bras, tout en lui signifiait la divine Présence et le Divin Sacrifice ; tout disait en silence qu’il se passait là quelque chose de sacré, d’infiniment grave et d’infiniment grand, qu’il y avait là quelqu’Un en Qui le prêtre s’effaçait totalement et Qui mourait d’Amour pour nous.

On sortait de là rénové, pacifié, purifié, unifié, réconcilié avec soi-même, avec les autres, avec la vie… Un ami, médecin et agnostique, qui, à l’occasion du mariage d’un de ses proches avait assisté à la messe du Père Zundel, m’a dit que cette célébration l’avait remué jusqu’au fond de l’être et qu’il en gardait un souvenir inoubliable. »


« De santé fragile, j’ai reçu deux fois le Sacrement des malades. La première fois… les médecins m’avaient condamnée : ils ne laissaient aucun espoir à ma pauvre mère affolée. Ma mère alerta par téléphone le Père Zundel qui se rendit à mon chevet aussi vite que la distance le lui permettait. Ma mère m’a dit qu’il s’était mis à genoux auprès de mon lit de clinique et qu’il était resté ainsi, muet, la tête entre les mains pendant plus d’une heure. « J’ai bien compris qu’il priait — me dit ma mère — et je me gardai de troubler son invocation ». Soudain, il se releva et dit à ma mère avec un accent de ferveur et de certitude : « Elle est guérie ! Ne vous affligez plus ». Ma mère m’avoua qu’elle se demanda si le Père n’était pas subitement devenu fou car, juste avant sa venue, le chirurgien qui devait pratiquer une incision lui avait dit : « Je n’ai aucun espoir, mais je vais tenter l’impossible ». Le Père n’est pas venu me voir le lendemain — jour de l’opération — car il devait prêcher une retraite à Lyon. Deux jours plus tard, je fus considérée comme étant hors de danger.

Ma mère ne cessait de dire merci au chirurgien. Elle répétait en lui serrant les mains : « Vous l’avez guérie ! Vous l’avez sauvée ! ». A quoi le chirurgien, agnostique, lui répondit en levant un doigt vers le ciel : « Oui, je l’ai guérie, mais pas tout seul… » Le Père revint souvent me voir après cette étonnante guérison et le chirurgien, lorsqu’il le rencontrait, le saluait toujours avec une grande déférence. Cette histoire n’est pas une légende. Elle est authentique et pourrait être confirmée par le chef de clinique des hôpitaux de Paris, ce chirurgien qui « ne m’avait pas sauvée tout seul » mais avec l’aide de Dieu et par l’intercession d’un saint. »


« Infiniment exigeant pour lui-même, ne mesurant jamais ses forces, il lui arrivait d’exiger beaucoup de ceux sur qui il pouvait compter. Sa douceur et son exquise urbanité étaient des valeurs acquises par sainteté sur un tempérament enclin à la ‘violence’, naturellement altier. Je l’ai vu ‘rentrer’ des colères froides, d’autant plus impressionnantes qu’elles étaient muettes, grâce à la contrainte qu’il s’imposait vis-à-vis de personnes qui, consciemment ou non, cherchaient à le mettre en défaut ou à contester sa pensée.

Entre lui et moi, il y eut parfois de sérieux malentendus qui tenaient presque toujours de nos caractères émotifs et de nos épuisements respectifs. Mais cela ne durait guère longtemps ! »


« Nous parlions souvent à bâtons rompus: de ses chers poètes anglais, du cardinal Newman, de saint François d’Assise, de la Trinité, de la Bible qu’il avait entièrement relue et annotée au cours des dernières années de sa vie terrestre. Nous récitions presque toujours ensemble, à la fin de nos entretiens, les Complies du dimanche, le Salve Regina et l’Ave verum.

Un jour que je lui disais ma grande douleur de n’avoir pas eu d’enfants, il eut ce mot admirable: « C’est Jésus qui est votre enfant ».

Après la Retraite Pascale que Sa Sainteté Paul VI lui demanda de venir prêcher au Vatican en 1972, il me dit avec une émouvante conviction – après avoir parlé de la crise de la Religion dans l’Eglise – : « J’ai une immense confiance dans la paternité du Pape. » »