28/10/2005 – Etre en face du Saint Sacrement, c’est être en face du mystère de l’Eglise confié à notre sollicitude et à notre amour.

Ste Marie de la Paix, Garden City – Le Caire – semaine sainte mars 1961

Maurice Zundel a dit au Caire en 1961 :

L’Eucharistie ne peut pas être conçue en dehors de la perspective ecclésiale.

 » Jésus est toujours déjà là, c’est nous qui ne sommes pas là ! et l’Eucharistie a pour but précisément de nous rendre présents à Jésus, de nous ouvrir à Lui, de nous donner prise sur Lui. Il est toujours déjà là, au plus intime de nous-même mais nous ne pouvons pas L’atteindre, pas plus que les apôtres qui L’avaient devant eux ne pouvaient L’atteindre. Il était là devant eux, ils ne Le voyaient pas, ils ne comprenaient pas, ils n’étaient donc pas en prise réelle et efficace sur Lui, la communication ne s’était pas établie.

Il fallait le baptême de feu de la Pentecôte, il fallait la nouvelle naissance pour qu’ils se transforment et s’ouvrent et s’élargissent, pour qu’ils s’universalisent et deviennent capables d’être en correspondance de lumière et d’amour avec Lui : c’est cela que l’Eucharistie requiert, exige, et suppose, c’est que nous venions tous ensemble, que nous constituions tous ensemble le Corps Mystique de Jésus-Christ, c’est cela que suppose ce banquet auquel Jésus nous convie, que nous venions ensemble comme (étant) Son Corps mystique, car chacun des hommes lui importe essentiellement, aucun ne doit être perdu, aucun n’est en dehors de Son Amour, tous sont appelés et aimés, tous sont contenus dans l’immensité de Son Cœur, et nous ne pouvons pas aller à Lui en en laissant un seul dehors.

Il s’agit donc de les rassembler, de nous unir et identifier avec toute l’humanité et toute l’histoire, et alors nous serons vraiment le pain vivant de l’humanité ! et, dans cette universalité de présence et d’amour, nous serons en prise réelle et efficace sur notre Chef, sur notre Tête, sur ce Christ sans frontières, présent à toute l’histoire, sur ce Christ qui est l’axe de tous les événements; depuis le commencement jusqu’à la fin et qui veut totaliser à travers notre amour chacun des événements humains pour lui donner sa dimension infinie, pour l’engranger dans les moissons éternelles, pour que tout soit divinisé en réalisant précisément le dessein premier du geste créateur qui est de communiquer la Vie Divine et d’enraciner notre intimité dans celle de Dieu.

C’est cela que l’Eucharistie suppose, demande et exige, c’est comme la confirmation du commandement nouveau et comme la perpétuation du lavement des pieds et comme 1’accomplissement du Corps Mystique de Jésus .

Il est donc absolument impossible de concevoir l’Eucharistie en dehors de cette perspective ecclésiale : être en face du très Saint Sacrement, c’est être en face du mystère de 1’Eglise, confié à notre sollicitude et à notre amour. »

(Sainte Marie de la Paix, Garden City, Le Caire, semaine sainte, mars 1961)