26/10/2005 – Quand il peut y avoir un culte idolâtrique de l’Eucharistie. (Personnel)

(Second
texte de ce même jour.)

Quand deux personnes, aux heures de pointe, sont presque collées l’une à l’autre dans le métro parisien, elles ne sont le plus souvent aucunement réellement présentes l’une à l’autre. Localement elles sont l’une à coté de l’autre mais il n’y a aucune présence réelle. Il y a quelque chose de semblable dans la présence réelle eucharistique : du côté de Jésus-Christ la présence est toujours tout à fait réelle, du côté de l’homme elle peut ne l’être aucunement, et elle ne l’est aucunement s’il n’y a pas en l’homme une offrande de soi.

Beaucoup de chrétiens, beaucoup de prêtres croient en une présence locale de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Il leur paraît que la présence du Christ doit être locale pour être réelle. Ce n’est aucunement le cas, Zundel l’a dit et redit de façon tout à fait claire. Le Corps du Christ en l’Eucharistie est un Corps ressuscité donc incapable de toute matérialité. L’illusion d’une certaine matérialité lorsqu’Il apparaît ressuscité est dissipée par ce fait qu’il n’y a plus pour lui aucun obstacle matériel à Son apparition, par le fait même de la façon de Ses apparitions suivies de disparitions aussi mystérieuses que ses apparitions elles-mêmes.

La théologie classique nous parle de transsubstantiation : la substance du Corps ressuscité devient la substance du pain consacré. Nous le croyons fermement. Mais outre que ce mot substance est difficile à définir ici, il ne faut surtout pas le confondre avec la matière. Ce qu’on peut sans doute dire au mieux, c’est que ce qui fait que le Corps du Christ est Ce Corps ressuscité se substitue maintenant à ce qui faisait que ce pain était du pain.

On peut croire à la présence en le pain eucharistié du Corps du Christ dans tous les états par lesquels ou en lesquels il est passé durant sa vie terrestre, mais il ne doit cette présence en tous ces  » états  » qu’au fait qu’Il est maintenant ressuscité et perçu comme tel en l’Eucharistie.

Ceci est très important pour éviter toute idolâtrie de l’Eucharistie qui rendrait ce culte absurde.

Quand on se nourrit du Corps du Christ en l’Eucharistie, on ne se nourrit aucunement d’une sorte de présence réelle directe de Dieu Lui-même, on se nourrit du Corps ressuscité du Seigneur et ce Corps n’est pas Dieu, il est une créature qui a commencé d’exister dans le sein de la Vierge Marie, et qui est maintenant ressuscité et  » assis à la droite du Père  » ce qui signifie une égalité avec Dieu sans pourtant être Dieu Lui-même.

Certes la Personne du Christ, Dieu Lui-même, s’est identifiée parfaitement à Ce Corps mais elle ne peut pas faire qu’il ne soit plus une créature, comme telle d’abord infiniment distante de Dieu, et pourtant maintenant en égalité avec Lui.

Qu’on voit en ce développement un essai pour montrer que rien n’est absurde dans la foi chrétienne, et répondre ainsi à l’exigence des jeunes générations quant à l’expression de la foi chrétienne : elle risque, en certaines présentations, de leur paraître absurde et donc devant être écartée.

Dieu, le Dieu Trinité est et restera éternellement à la fois infiniment dépassant l’homme et infiniment proche de lui, Celui que l’homme ne pouvait aucunement voir tant qu’il n’a pas effectué le même Passage au Père que celui de Jésus-Christ, mais que maintenant, ressuscité lui-même, il peut voir en le Corps mystique du Christ en voie de devenir Sa parfaite épouse.