25/10/2005 – Le Christ ne voit ni ne sauve aucun homme en dehors de sa relation à tous les autres. (Personnel)

Je suis tout de même surpris qu’on n’ait presque jamais développé dans l’Eglise la relation essentielle entre l’institution de l’Eucharistie et l’unité des hommes. On a fait prioritairement de l’Eucharistie un sacrement qui donne la vie éternelle, mais on ne dit presque jamais qu’il n’y a ni ne peut y avoir de vie éternelle pour l’homme que comme membre du Corps mystique de Jésus- Christ, donc comme membre  » relationné  » à tous les autres hommes : l’humanité entière est nécessaire à mon salut et bonheur parce que le Seigneur ne voit ni ne sauve jamais aucun homme ailleurs ou autrement que dans sa relation à l’humanité entière, et mon salut comme celui de tout homme est nécessaire au bonheur et à l’unité de l’humanité entière.

C’est dans ce corps mystique que le Seigneur voit et veut voir chacun de nous. La Sainte Trinité ne peut pas vivre à l’aise, à l’aise le Père ne peut pas engendrer le Fils ni l’Esprit jaillir de l’Un et de l’Autre dans le cœur d’un homme s’il rejette le moindre des membres du corps en lequel il est incorporé par le baptême ou par un désir conscient ou inconscient de le recevoir.

Tout homme a une place et une fonction dans cet immense corps, il y manquera quelque  » chose  » si cette place reste vacante, si cette fonction n’y est pas remplie. Et tout homme a la possibilité, d’innombrables façons, jamais la même d’un homme à un autre, de devenir membre de ce corps et de vivre de cette insertion. Et tout acte de véritable charité, à l’exemple du bon samaritain, incorpore celui qui l’accomplit à l’Eglise du Christ.

On comprend alors que le Christ insiste sur la pratique du second commandement, jusqu’à lui donner autant d’importance et valeur que le premier en disant qu’il lui est semblable, il est donc aussi grand que lui, et sa pratique est nécessaire pour être sauvé parce que nécessaire pour être incorporé à ce corps mystique du Christ qu’est l’Eglise, épouse s’identifiant à Son époux.

On comprend alors la nécessité de n’avoir aucun ennemi ni aucune rancune pour être apte à recevoir l’Eucharistie, on comprend que ce serait une violation de son sens que de rejeter même le plus petit et le plus misérable des hommes.

On voit donc encore ici la relation capitale, fondamentale, entre l’Eglise et l’Eucharistie. C’est une façon de consacrer le pain eucharistique que de pratiquer le second commandement, et sa pratique authentique mène toujours à l’Eucharistie, reconnue, méconnue ou inconnue, elle mène à cette assimilation AU Corps du Christ, et à cette assimilation nuptiale DU Corps du Christ comme membre de son corps mystique qu’est l’Eglise.

Cette pratique de la charité peut aller jusqu’à nous faire abandonner nos prières les plus chères, du moins à les reporter. Dans le tableau de Van Gog le lévite récitant son bréviaire est empêché de voir ou de vouloir voir le blessé sur la route : il passe devant le coffre ouvert, dévalisé, vidé par les brigands, c’est très éloquent ! S’arrêter longuement et activement devant le blessé, comme le fait le bon samaritain, c’est pratiquer le premier commandement et cela réjouit le cœur de la Trinité divine plus encore que la louange de Dieu au plus haut des cieux !

Une nouvelle façon de  » pratiquer  » l’Eucharistie peut être d’un très grand secours pour l’unité des chrétiens. La semaine de prières pour l’unité semble s’essouffler quelque peu justement parce qu’on s’est trop contenté entre chrétiens divisés de discuter interminablement pour savoir ce que l’Eglise catholique, et les autres, peuvent accepter ou pas.

 » …Comme tu es en moi, Père, comme je suis en toi, qu’ils soient UN en nous, et que le monde croit que tu m’as envoyé. Le glorieux éclat que tu m’as donné, je le leur ai donné pour qu’ils fassent UN comme nous, moi en eux et toi en moi, que leur unité soit parfaite, ainsi le monde connaîtra que tu m’as envoyé, et que tu les aimes comme tu m’a envoyé… « 

Evangile de Jean au chapitre 17ème versets 21-23, trad.  » la nouvelle traduction de la Bible « .