21/10/08 L’Eucharistie se présente à nous d’abord comme une nourriture. Personnel.

2ème texte de ce jour : suite du développement personnel « sité » hier en 2ème texte. (sous toutes réserves)

Il ne faudrait jamais oublier que le sacrement de l’Eucharistie se présente à nous d’abord comme une nourriture et une boisson (1), et, quand on parle de présence réelle, il ne faut jamais oublier non plus que ce pain et ce vin consacrés gardent les apparences d’un vrai pain et d’un vrai vin, et que ces apparences ont leur réalité, et que, ici, il ne faut pas confondre substance et matière. Si le pain et le vin voient leur substance transsubstantiée ils n’en gardent pas moins, selon la réalité de leurs apparences, leur matérialité puisque, quand nous communions, c’est d’abord du pain sans saveur, et du vin, lui, gardant sa saveur, que nous mangeons et buvons. L’acte de foi ne consiste pas à nier les apparences.
Ce qu’on a reproché à Zundel jusqu’à vouloir en faire un hérétique, c’est d’avoir finalement, aux yeux de ses détracteurs, nié la réalité de la présence du Seigneur en l’Eucharistie, comme l’Eglise l’avait déjà depuis longtemps reproché aux protestants. Y a-t-il aujourd’hui une nouvelle façon de présenter l’Eucharistie, cela serait hautement souhaitable, comme une réalité, autrement réelle, si l’on peut dire, que la réalité de tout ce que nous atteignons par nos sens, d’une réalité qui s’arrête prioritairement au fait que cette présence réelle est celle d’un corps ressuscité et monté aux cieux, qui ne peut donc être pensé que selon cet autre niveau de réalités, celui du monde futur, futur tout en étant déjà de notre monde ?
Alors tout se met en place. Un corps ressuscité n’a plus de matière, il ne se voit ni se touche de la même façon que nous pouvions le voir et toucher lorsqu’il n’était pas encore passé par la mort et la résurrection, c’est ce que Jésus ressuscité veut souligner lorsqu’il dit à Madeleine : ne me touche pas, parce que Le toucher maintenant n’est plus possible, (et pourtant il invite Thomas à mettre sa main dans Ses mains et Ses pieds, mais ici en réalité Thomas ne touche que les marques de la Passion et de la mort réelles de Jésus-Christ) et c’est aussi la raison pour laquelle les apôtres semblent n’avoir jamais été certains d’avoir vu le ressuscité, ils ont douté jusqu’au bout, avant d’avoir reçu l’Esprit le jour de la Pentecôte, et d’avoir pu alors annoncer au monde entier cette résurrection.
L’adoration du Saint Sacrement prendrait alors son vrai sens. Il s’agit, regardant l’hostie, d’accroître en nous le désir de Le recevoir pour en faire notre nourriture d’éternité, notre nourriture éternelle ! Eventuellement, regardant un calice de vin consacré, d’aviver notre désir de le boire ! tout en sachant et en vivant ce que cette hostie et ce vin contiennent : la réalité de la présence d’un Christ ressuscité qui nous appelle à un don semblable au sien, d’un Christ ressuscité qu’il nous est encore impossible de voir.
Nous savons déjà que la vue d’une bonne nourriture fait naître en nous le désir de la prendre, on salive par avance ! Ici c’est un peu la même chose, mais à un niveau d’être tout autre, et tout à fait supérieur puisqu’on y perçoit dans la foi les vraies réalités, un autre niveau d’être que celui auquel nécessairement nous restons fixés tant que nous n’avons pas effectué le passage. Nous avons à élever notre cœur, comme nous y invite la préface d’introduction au sacrifice de la messe.
Il faut revenir ici à ce qu’on a déjà développé : il n’y a que le Fils de Dieu, que Jésus-Christ, qui soit vivant, il est le grand vivant, l’unique vivant, à tel point que nous ne pourrons vivre éternellement que s’il vit éternellement en nous, si nous L’avons « assimilé », Lui nous ayant « assimilés ». Et de même que notre corps ne peut vivre que s’il reçoit et assimile de la nourriture, et s’il est irrigué par du sang, de même notre corps de demain, notre corps de ressuscité, déjà en formation en nous dès avant notre passage au Père, ne peut être vivant que si déjà il assimile la seule nourriture propre à une vie éternelle, le corps du Christ, et la seule boisson capable d’irriguer en lui cette vie éternelle et qui est le sang du Seigneur. Jésus l’a bien signifié qui nous a dit que celui qui mange son corps a la vie éternelle. (à suivre ? à reprendre ?)

Note (1) Il ne s’agit donc aucunement d’une sorte de talisman qu’on désirerait posséder avec la certitude qu’il assurera de toute façon notre salut et notre bonheur. On peut relire ici le texte de la page 7 de « Un autre regard sur l’Eucharistie ».
« L’Eucharistie, c’est peut-être là que les chrétiens se sont le plus profondément mépris, là qu’ils ont cédé à la tentation si naturelle de mettre le sacré en dehors d’eux-mêmes, de rebâtir un temple de pierres, de reconstruire un taber­nacle de métal précieux et d’y enfermer Dieu comme un objet, en s’inclinant devant cet objet devenu extérieur à eux-mêmes, en fermant la porte avec des grilles d’or et en retournant à leurs affaires en laissant la sainteté enfermée dans le temple ! Oh, que cette tentation est grave et comme nous y avons tous succombé ! Nous n’avons pas vu que nous tournions le dos à l’Évangile et que ce n’est pas du tout cela que Jésus a voulu. »