19/10/2005 – La présence réelle n’est pas locale.

C’est
certainement dans la mesure où l’on vivra un nouveau sens de l’Eucharistie que s’amorcera et développera un nouveau sens du christianisme capable d’intéresser en profondeur la jeunesse contemporaine. Elle est massivement indifférente aujourd’hui au christianisme qu’elle considère comme une religion parmi d’autres, sans plus d’importance et valeur que les autres, peut-être même moins que certaines religions orientales. Une nouvelle découverte, une nouvelle expérience de l’Eucharistie, s’impose.

Le livre que j’ai fait éditer aux éditions du Jubilé-Sarment, a été plusieurs fois réimprimé, « Un autre regard sur l’Eucharistie » reste très actuel, et pas seulement en cette année de l’Eucharistie, parce qu’il peut amorcer justement ce renouveau de sens chrétien si nécessaire aujourd’hui si l’on ne veut pas que le christianisme s’éteigne lentement. Il s’y agit de ce qui est au cœur de la foi chrétienne : le mystère de l’Eucharistie est LE mystère de la foi, il est d’une infinie grandeur.

Je ferai apparaître régulièrement sur ce site des textes que l’on pourra retrouver dans ce livre.

Maurice Zundel a dit :

« Si l’Eucharistie a tant de valeur pour nous, c’est qu’il ne s’agit à aucun degré d’un rite magique. Essayons quelques comparaisons, je sais que c’est un terrain un peu dangereux mais il faut tout de même éclairer notre religion. Ce n’est pas pare qu’un livre est sur la table que nous pouvons prendre la science qu’il contient avec la main. Car le livre est le symbole d’un savoir qu’il nous faudra assimiler par une présence spirituelle, il faudra, pour qu’il signifie pour nous quelque chose d’essentiel, que nous refassions à notre échelle tout le travail de l’écrivain, tout le travail du savant si c’est un livre de science, et c’est quand vous serez vous-même entré dans le dialogue avec la vérité qu’il contient, que le livre aura accompli sa fonction. Car la science, elle, ne peut pas être posée sur la table, de même qu’on ne peut pas poser votre amitié sur la table, votre sourire sur la table, et le mettre à porter de votre main ou de la nôtre. Vous pouvez porter dans votre veston la lettre, et la pensée d’un être aimé, mais vous savez très bien que la pensée de votre ami, telle qu’elle est exprimée dans la lettre, vous ne la mettez pas dans votre poche, vous mettez la lettre dans votre poche, mais pas la pensée qu’elle exprime ! Elle, vous la mettez dans votre esprit.

Dans l’Eucharistie il y a quelque chose d’analogue : nous ne mettons pas le Bon Dieu sur la table ou sur l’autel, nous ne mettons pas le Bon Dieu dans notre bouche ou dans notre poche, mais il y a dans le pain et le vin consacrés, comme dans la lettre, le véhicule d’une présence réelle de même que la lettre est le véhicule d’une pensée réelle. Et, de même que vous ne pouvez atteindre cette pensée réelle dans la lettre ou dans le livre qu’en lisant la lettre ou le livre et en assimilant spirituellement leur contenu, de même pour la présence réelle eucharistique : elle est infiniment réelle, cela va de soi, mais elle n’est nullement locale, nullement tangible, nullement physiquement accessible, et vous ne pouvez nullement l’atteindre à travers les espèces sacramentelles que, elles vous pouvez toucher. »