04/07/2005 – Ce qui se passe au plus intime de l’homme, c’est ce qui décide de tout.

Le
Caire – 16 avril 1965

Dans le dialogue de Jésus avec Pilate.

Nous sommes au cœur de la vérité de l’homme :

ou bien l’homme est un faisceau d’instincts,

ou bien il est un créateur.

« Pilate, acculé, demande à Jésus :  » D’où es-Tu ? » Jésus lui a déjà répondu : « Je ne suis né et je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité, et quiconque est de la Vérité écoute ma voix. »

Ah ! Quelle ouverture, quel déchirement lumineux sur un fond de tableau qu’on ne pouvait pas comprendre ! Nous ne sommes plus ici dans un procès limité qui concernerait seulement un peuple et son espoir, nous sommes au cœur de la question qui nous met tous en question et nous intéresse essentiellement : la Vérité.

La Passion de Jésus est un témoignage à la Vérité et c’est cela qui lui donne son sens dernier. Non pas la vérité formule que l’on peut mettre sous vitrine, mais la Vérité Présence, la Vérité qui est une Présence que l’on ne peut découvrir que lorsqu’on est devenu soi-même une présence, une ouverture, un espace, une générosité. C’est là qu’il faut chercher et situer le sens de la Passion.

Jésus ici s’adresse à notre humanité en ce qu’elle a d’essentiel, Il nous révèle que c’est ce qui se passe au plus intime de nous-mêmes qui décide de tout : de nous, de l’Univers et du Règne de Dieu.

C’est de la folie, la folie de l’Amour ! Ou bien il n’y a pas d’homme, et l’homme est seulement un produit, un résultat, un faisceau d’instincts, une force de pesanteur, ou bien l’homme est un créateur, il se tient debout et a à assumer l’Univers, toute l’Histoire, tout son être, tout l’être des autres, et toute la Création, et Dieu Lui-même.

L’homme crée le monde, il devient le berceau de Dieu et il atteint à lui-même dans cette génération intérieure (de tout), dans cette diction, dans cette parole secrète, dans cette parole d’amour qui le plonge au plus intime de lui-même.

Il ne faut donc pas nous détourner de l’essentiel : il y a toujours dans le Christ, et c’est en cela qu’Il nous passionne, une dimension humaine, une dimension de l’homme que Lui seul révèle en plénitude.

Le bref dialogue avec Pilate éclaire tout : il y a ce règne de la Vérité qui est, par excellence, le règne de l’homme et le règne de Dieu, ce règne de Dieu qui ne peut s’accomplir et réaliser que par la virginité de l’esprit. »

(Le Caire, 16 avril 1965)