Saint François

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« Notes, extraits d’une intervention de Maurice Zundel au Caire en 1957. Fête de saint François d’Assise.

Résumé : La vie doit être axée sur la générosité. Il ne s’agit pas de faire notre salut, mais celui de Dieu. Saint François s’est configuré à son Seigneur.

 

Le sentiment le plus essentiel à l’homme est le désir de valoir. La racine de l’être est l’amour, la racine de l’être est la communication, la racine de l’être est le don. Dieu ne peut que nous appeler à devenir ce qu’il est. Si Dieu est communication pure et amour, le rythme essentiel de son être est de se communiquer, de nous appeler à devenir ce qu’il est.

Ce message est le plus brûlant, le plus moderne, le plus essentiel. L’homme qui veut atteindre sa majorité veut entendre le langage de la dignité et de la grandeur. N’est-ce pas merveilleux que chacun soit indispensable, nécessaire dans une aventure d’amour ? Il suffit d’entrer dans une vie axée sur la générosité. Faire son salut est quelque chose qui discrédite l’homme. Cette religion est un ferment d’égoïsme. Si la divinité est désarmée, si la Pauvreté est l’Amour sans limite, la religion, c’est tout autre chose.

On n’atteint Dieu que dans la mesure où l’on devient libre comme lui, un espace de lumière et d’amour.

On n’atteint Dieu que dans la mesure où l’on devient libre comme lui, un espace de lumière et d’amour. Il est si fragile, si démuni, qu’il ne s’agit pas de faire notre salut, mais le sien. Il s’agit de se porter au secours de cet Amour exilé, abandonné et crucifié.

Saint François ne songe plus à lui, mais à se configurer à son Seigneur. Cette compassion est devenue si extrême qu’elle s’est imprimée dans ses mains, ses pieds et son côté. L’Alverne est notre Sinaï. Sans parole, saint François apporte à tous les siècles la seule réponse valable : c’est dans un ordre de générosité que se situe la grandeur.

Notre temps est celui où les problèmes vont aux racines de l’être. Il faut s’engager tout entier. Cette incarnation parfaite de l’Évangile nous a révélé un autre Dieu et nous a découvert l’infinité de toutes choses. Le monde est revêtu d’une dimension d’amour. Tout du côté de Dieu est le cadeau de sa tendresse. François est dépouillé parce qu’il adore tout. Il ne peut le mettre dans sa poche. Le monde de la beauté ne servirait plus à rien, mais tout s’ordonne à lui.

La grandeur du don total que l’on atteint en se perdant de vue, c’est la plénitude de la vie. François est immortel.

La grandeur du don total que l’on atteint en se perdant de vue, c’est la plénitude de la vie. François est immortel, il n’aura d’autre postérité que lui-même.

Dans le monde actuel, les hommes dont la puissance technique est si grande, ont besoin d’une aventure spirituelle à la taille de cette puissance. Il n’y a que la générosité qui puisse les combler. Il n’y a plus rien à redouter si le péril de Dieu nous est confié. Il faut être jusqu’au bout l’affirmation de sa Présence et de son Amour.

Aucune parole ne peut rendre une expérience comme celle de saint François. Chacun de nous à sa manière doit se l’approprier. Il faut le remercier de nous avoir délivrés des idoles. L’Évangile nous serait inaccessible sans lui.

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04/10/2018 octobre 2018

mots-clefs mots-clés : Zundel, 1957, Le Caire, François, racine, don, valoir, communication, amour, générosité, grandeur, compassion, dépouillement