Croire en l’homme

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box_icon_type= »icon » box_icon= »cmsmasters-icon-info-1″ box_icon_size= »30″ title= »Allocution de Maurice Zundel prononcée pour le 10ème anniversaire de l’entrée en Suisse des réfugiés italiens, en présence du premier Président de la République Italienne de 1948 à 1955 : Luigi Einaudi (1). Edité dans Ton visage, ma lumière (*)

Résumé : Les hommes qui ont l’intuition de ce qu’ils sont tiennent fortement à leur dignité. Pas de bonheur sans dignité. La dignité est aussi un trésor qui est le bien de Dieu. L’Homme (majuscule) désigne cette qualité humaine qui recouvre notre dignité, notre liberté, notre personnalité. Croire en Dieu et croire en l’Homme ; on ne peut faire l’un sans l’autre.

 

Excellence, Messeigneurs, Messieurs,

Un grand écrivain français, André Malraux, faisant le diagnostic de notre époque a dit : « Le grand drame de l’Europe, aujourd’hui, c’est la mort de l’homme » Il rappelle le mot de Nietzsche prononcé à la fin du siècle dernier : « Dieu est mort ». Dieu est mort, et maintenant l’homme est mort, ajoute Malraux, l’homme est mort à la suite de Dieu.

Il me semble que cette parole, si profonde, si incisive : « Le grand drame de l’Europe, c’est que l’homme est mort », encadre admirablement le drame des réfugiés.

Qu’êtes-vous venus faire ici, Messieurs les Réfugiés, en 1944 ? Vous avez voulu sauver ce bien unique : la liberté de votre esprit et de votre cœur. Vous avez voulu sauver votre dignité d’homme. Vous n’aviez plus rien, vous aviez tout perdu, mais vous aviez gardé ce bien suprême pour lequel vous aviez tout sacrifié : votre dignité d’homme.

La dignité de l’homme

Mais qu’est-ce que c’est la dignité de l’homme ? Quel est ce trésor infini pour lequel vous étiez prêts à tout donner et pour lequel, effectivement, vous avez tout sacrifié ? Où se situe cette dignité, quelle en est la source et le mystère ?

Il est clair qu’elle ne tient pas à nos limites biologiques, elle ne tient pas à notre individualité physique, elle ne tient pas au groupe dans lequel nous sommes insérés. Elle ne tient pas, en un mot, ni à notre biologie individuelle, ni à notre biologie collective.

Toutes ces limites dans lesquelles l’homme s’enferme, contredisent, précisément, cette dignité humaine qui n’est pas seulement le bien d’une personne, mais qui est le bien commun de tous, car un être qui a sauvé la dignité humaine en lui-même, il l’a sauvée dans tous les autres en ce sens qu’il devient pour eux le ferment de leur propre libération.

Quelle est donc la source de cette dignité, sinon en nous une valeur vivante et vivifiante, une valeur qui est en nous mais qui n’est pas nous, qui est plus que nous, infiniment, quoiqu’elle soit située dans notre plus profonde intimité.

Chi è Dio in fatto,
Dio è questo
Più di noi in noi,
Che non è noi
Nel quale pero
La vita nostra respira.
(2)

Il y a en nous, justement, une Présence divine et cette valeur, c’est Dieu, c’est Dieu en nous, ce plus que nous qui n’est pas nous, dans lequel pourtant notre vie respire, qui suscite notre intimité et à travers lequel nous pouvons nous atteindre nous-même. Car il y a en nous une distance infinie, une distance infinie de nous-même à nous-même, la même distance de nous-même à Dieu. Et, pour nous atteindre, il faut passer par cette Présence qui est la respiration de notre liberté, qui est la source inépuisable de notre dignité.

Et c’est pourquoi, tous les hommes dignes de ce nom, tous les hommes qui ont l’intuition de ce qu’ils sont, tiennent si fort à leur dignité. « Qu’importe », écrivait Guéhenno, un écrivain révolutionnaire, « qu’importe qu’on nous donne le bonheur, si l’on nous refuse la dignité ». Non, pas de bonheur sans dignité, car il n’y a pas de bonheur digne de l’homme, en dehors de cette libre respiration où l’homme, au plus central de lui-même, découvre un trésor infini.

Quiconque veut sauver sa dignité, veut sauver en lui-même infiniment plus que lui-même. Il veut sauver… le bien de Dieu.

Quiconque veut sauver sa dignité, — comme vous avez voulu le faire, Messieurs — quiconque veut sauver sa dignité, veut sauver en lui-même infiniment plus que lui-même. Il veut sauver en lui ce trésor qui est confié à son amour et qui n’est pas son bien seulement, mais qui est le bien de tous, davantage : qui est le bien de Dieu.

Il est donc une solidarité infiniment étroite, indissoluble, entre l’homme qui a atteint à lui-même, entre l’homme digne de lui-même, une solidarité indissoluble, entre l’homme et Dieu. Et ce qui définit avec le plus de précision le drame de notre temps, c’est cette solidarité entre l’homme et Dieu. Ils vivent ensemble et ils meurent ensemble.

Le Père Damien

Rappelez-vous le Père Damien, l’apôtre des lépreux, dont toute la paroisse, aux Iles Hawaï, était constituée par un peuple de lépreux. Et ils venaient chez lui familièrement, ils tiraient quelques bouffées de sa pipe et, bien sûr, le Père Damien ne faisait pas le dégoûté ! Il ne criait pas à la violation de l’hygiène, parce qu’il savait qu’il y avait quelque chose d’infiniment plus précieux à sauver que sa peau : il y avait à sauver, en ces hommes, leur dignité humaine, car au-delà de cette chair en putréfaction, il y avait ce trésor merveilleux, ce trésor divin qui leur était confié comme à lui-même, et il ne voulait pour rien au monde compromettre cette révélation qui ne pouvait se faire que dans le respect de l’amour.

Il savait que la seule évidence d’une Présence divine en eux, ce serait le don qu’il allait faire de sa vie, il allait devenir lépreux des pieds à la tête, comme eux-mêmes, pour qu’ils découvrent en eux un trésor qui est au-delà de la chair, au-delà de la pourriture, au-delà de la mort, et qui est justement le dialogue mystérieux, ineffable, infini, où l’existence humaine se constitue dans son éternelle dignité. C’est dans ce dialogue que l’homme découvre sa grandeur.

L’orbite de son âme

Quand un homme est au-devant de son âme comme devant un mystère inépuisable, c’est qu’il n’est plus seul : … il est la vie de Dieu qui circule dans la sienne.

« Who can calculate the orbit of his own soul ? » disait Oscar Wilde, dans sa prison. Il pouvait écrire ces mots parce qu’il avait découvert son âme : « Qui peut calculer l’orbite de son âme ? » Mais quand un homme en est là, quand il est au-devant de son âme comme devant un mystère inépuisable, c’est qu’il n’est plus seul, c’est qu’il est entré dans le dialogue d’amour où il se perd, où il s’accomplit, où il devient enfin lui-même : un homme avec une dignité impérissable parce que, justement, il est la vie de Dieu qui circule dans la sienne.

Égalité politique, inégalité économique

Le travail n’est pas d’abord un instrument de production, mais d’humanisation. Il ne s’agit pas d’abord de produire des choses, mais des hommes.

Regardons notre temps, à travers cette solidarité indissoluble entre Dieu et l’homme, et que voyons-nous ? Que voyons-nous entre ces deux blocs qui s’affrontent ? Que voyons-nous ? Un Occident qui se réclame encore vaguement, plus ou moins vaguement, de Dieu ; un Occident qui est fier de proclamer à tous les échos l’égalité politique, mais un Occident qui tolère, qui admet, qui défend parfois un ordre social inhumain. Un Occident qui n’a pas encore compris que le travail n’est pas d’abord un instrument de production, mais d’abord un instrument d’humanisation. Il ne s’agit pas de produire des choses, mais de produire d’abord des hommes.

Mais qu’importe l’égalité politique, si l’inégalité économique est un rouleau compresseur qui empêche l’individu d’accéder à la personne, qui empêche l’homme d’atteindre à sa dignité.

Ah ! Il faut comprendre que ce que le monde du travail réclame, ce n’est pas d’abord une part aux réjouissances ; ce qu’il réclame d’abord c’est une part à l’honneur, à l’honneur et à la responsabilité.

Il y a une république du travail qui n’est pas encore, mais qui doit être, qui doit être, où l’homme n’est plus une machine qui produit, mais où il est un homme qui se constitue, qui conquiert sa liberté, qui a son mot, à égalité, à dire, pour tout ce qui concerne les répercussions humaines du travail.

Et c’est là, justement, ce qui empêche cette société occidentale, malgré toutes ses intentions, d’être efficace et de convaincre ses victimes, et c’est ce qui, dans cet Occident, compromet Dieu. Car l’homme esclave ne peut voir en Dieu qu’un despote ; et un esclave veut de toutes ses forces — s’il a encore en lui une étincelle d’humanité — se délivrer du despote.

Et de l’autre côté, nous voyons une société athée, qui compromet l’homme parce que, en dépit de toutes ses intentions, il est impossible que l’homme atteigne à lui-même, si ce n’est pas au-dessus de lui-même où cette valeur se situe.

Engendrer l’Homme

Mais hors du dialogue avec Dieu, hors du dialogue avec une Présence en nous qui n’est pas nous, hors de ce dialogue, il est impossible que le trésor de l’homme soit au-dedans de lui. Il ne peut que se replier sur son égoïsme biologique ; ou bien s’ouvrir sur un groupe, sur une collectivité qui n’est personne, anonyme, impersonnelle ; ou bien se repaître d’un messianisme de l’avenir, songeant que s’il est écrasé aujourd’hui, naîtra peut-être demain, un homme enfin libre et heureux.

Mais nous retrouvons ici la même confusion que dans un dialogue du Banquet de Platon : la même confusion entre l’homme-masse, l’homme-espèce zoologique, l’homme-nombre et multitude, et la qualité d’homme qui est personnelle et qui a son siège au plus intime de nous-même.

L’homme peut désigner un immense troupeau anonyme, mais l’Homme peut aussi désigner cette qualité qui recouvre notre dignité, notre liberté, notre personnalité.

Il y a là quelque chose d’effroyable, une confusion mortelle : l’homme peut désigner la masse des hommes, comme un immense troupeau anonyme, mais l’Homme peut aussi désigner, avec majuscule, cette qualité humaine qui recouvre précisément notre dignité, notre liberté, notre personnalité, tout ce qui fait de nous des êtres créateurs, des êtres source, des valeurs universelles.

Et il est clair que si nous voulons susciter un homme meilleur et plus grand que nous, il faut d’abord que nous-même nous devenions des hommes ; car, pour engendrer l’Homme, pour le susciter, pour le faire naître, il faut être un Homme. C’est dans la mesure, en effet, où ce bien, au plus intime de nous-même s’épanouit, ce bien du don de soi, de l’amour de la liberté, de la dignité, c’est dans la mesure où ce bien vit en nous, qu’il rayonne autour de nous et qu’il peut susciter la vie, la joie et la liberté.

L’Occident compromet Dieu, les Républiques populaires compromettent l’Homme.

Et nous voici dans ce drame effrayant, devant la solidarité indissoluble entre l’Homme et Dieu : L’Occident compromet Dieu, les Républiques populaires compromettent l’Homme. Et la jonction est impossible si l’on ne retourne pas tout simplement à l’Homme, si l’on ne redécouvre pas, au plus intime de l’homme, cette Présence unique, sans laquelle l’homme est simplement un paquet d’instincts et d’impulsions biologiques, qui sont nécessairement en conflit avec les autres.

Le Père Kolbe

Mais où est l’Homme, où est l’Homme libre, où est l’Homme qui a atteint jusqu’à lui-même, où est l’Homme dont la dignité est irrécusable ?

Rappelez-vous : c’était le 14 août 1941, dans le camp d’Auschwitz — un prisonnier polonais s’était enfui. En guise de représailles, le commandant du camp décida de faire mourir dix de ces prisonniers, dix de ces Polonais. Et il se donna la joie sauvage de choisir au hasard, en faisant planer sur chacun de ces hommes — qui étaient des centaines et des milliers — de faire planer sur eux cette menace : chacun pouvait être choisi, chacun pouvait être condamné à périr de faim et de soif. Tel était le supplice qu’il avait concerté.

Enfin, les dix furent choisis au hasard, et les autres — un peu lâchement — respirèrent : enfin, tant mieux, tant mieux, ce n’est pas moi ! Et tout à coup, on entendit monter d’immenses sanglots d’un de ces dix qui avaient été voués à la mort, un père de famille qui appelait sa femme et ses enfants, comme vous les avez appelés vous-mêmes au cours de votre exil. Alors, on vit sortir du rang un petit homme : le Père Kolbe, un franciscain, qui demanda à mourir pour ce père de famille.

Dans tout le camp, il y eut une respiration vraiment humaine. Enfin, on voyait un Homme, un Homme qui était plus grand que la mort, et qui attachait à la vie un prix infini, puisqu’il donnait sa vie pour garder la vie à un de ses frères. Et on sentait qu’il allait entrer dans la mort comme un grand vivant, parce que, dans la mort, il allait réaliser cette plénitude du bien, de la grandeur et de la liberté, à quoi tous les hommes se reconnaissent eux-mêmes dans leur vocation essentielle.

Et, après cette immense terreur, il y eut dans le camp cette espèce de joie pascale, il y eut dans le camp cette large respiration humaine, ce sentiment d’une rencontre avec la Présence unique, en dehors de laquelle aucune présence ne peut se réaliser. Et, pour achever ce chef-d’œuvre, le Père Kolbe, entré dans le bunker de la faim avec ses compagnons, les fit chanter, comme si la vie triomphait, parce qu’elle triomphait, en effet, dans cet Homme unique.

Il avait suffi de cet Unique, pour que toute cette humanité, un instant, fût transfigurée.

Il avait suffi de cet Unique, pour que toute cette humanité, un instant, fût transfigurée, et qu’elle reconnût à quoi elle était appelée. Dieu, justement ici, transparaît en l’homme, Dieu transparaît en l’homme, comme l’homme transparaît en Dieu. Et c’est là la seule rencontre, la seule rencontre possible, la seule rencontre authentique avec Dieu. C’est aussi la seule rencontre authentique avec l’Homme : cette transparence de l’Homme à Dieu, et ce transparaître de Dieu à travers l’Homme.

Jésus, son crédit fait à l’Homme

Mais nous arrivons maintenant à l’exemple suprême. Rappelez-vous le Jeudi-Saint ; rappelez-vous le Christ, quelques heures avant son Agonie : le Christ est à genoux, à genoux devant ses disciples et leur lave les pieds. Jésus, quelques heures avant de mourir, comme un esclave, est à genoux devant Judas, qui l’a trahi, devant Pierre, qui va le renier, devant tous les autres, qui vont s’enfuir, éperdus d’épouvante, et Jésus est à genoux.

Messieurs, quel crédit fait à l’Homme ! Jamais on n’a fait à l’homme un tel crédit ! Jésus à genoux devant ces hommes vulgaires, limités, bornés, fanatiques, qui venaient de se disputer à la table de la dernière Cène, pour la première place. Mais justement, Jésus fait crédit, il fait crédit à la grâce, il fait crédit à l’Amour, il fait crédit au visage divin qu’il va susciter en leur cœur, il veut éveiller en eux, en ce moment suprême, le sentiment du trésor qu’ils portent en eux.

Et ils le retrouveront, en effet, et bientôt ils ne seront plus ces hommes lâches et timides, vulgaires, bornés et fanatiques ; ils seront les Apôtres, c’est à dire ouverts au monde entier, donnés à toute l’humanité, héroïques jusqu’au martyre, parce qu’ils ont découvert enfin, en eux, l’espace où leur liberté respire, parce qu’ils ont découvert le sens de leur dignité, parce qu’ils portent en eux ce bien unique qui est le plus personnel de tous les biens, et en même temps la seule richesse commune à tous les Hommes.

Croire en l’homme

Croire en Dieu sans croire en l’Homme, c’est une imposture.

Nous voyons, ici, se joindre de la manière la plus pathétique, la plus divine, cette solidarité indissoluble entre l’Homme et Dieu. Je crois en Dieu, je crois en l’Homme : c’est au fond la même affirmation. Je crois en Dieu et je crois en l’Homme ; on ne peut faire l’un sans l’autre, car croire en Dieu sans croire en l’Homme, c’est une imposture. Parce que l’Homme, justement, est la révélation de Dieu ; est ici-bas la seule révélation possible de Dieu ; et que si nous ne rencontrons pas et ne respectons pas la Présence divine là où elle doit se produire et se manifester, c’est que notre Dieu est une idole, un faux Dieu.

Et c’est justement la question qui se pose à nous, la question que nous pose Malraux, la question que vous nous avez posée, Messieurs les Réfugiés, la question à laquelle nous avons tous à répondre. Je vous en prie, écoutez-la cette question : Croyez-vous en l’Homme ? Croyez-vous en l’Homme ?

Il me semble que, justement, le malheur de notre temps, notre suprême information, c’est que l’homme ne croit pas en l’Homme. Chacun est enfermé dans son groupe, défend son groupe. Mais qui va donc à l’Homme, à l’Homme tout court, comme y allaient le Père Damien et le Père Kolbe ?

Chacun regarde dans quel camp est l’autre, pour mesurer et déterminer son attitude, mais qui va à l’Homme, qui croit en l’Homme ? Or, justement, il est impossible de croire en Dieu sans croire en l’Homme, « …car ce que vous aurez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi, c’est à moi que vous l’aurez fait » (Mt. 25:40).

Qui ne sent pas devant l’Homme ce mystère, qui ne se sent pas porté à s’agenouiller devant une conscience humaine…, celui-là n’a rien compris, ni à l’Homme, ni à Dieu.

Qui ne sent pas devant l’Homme ce mystère, qui ne se sent pas porté à s’agenouiller devant une conscience humaine, qui ne comprend pas que c’est dans cet homme que la divinité va s’incarner et se manifester, celui-là n’a rien compris, ni à l’Homme, ni à Dieu.

Et c’est pourquoi, finalement, en suivant l’ordre de l’Évangile, où notre Seigneur nous donne comme testament, non pas d’aimer Dieu, mais d’aimer l’Homme :

« Je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés. » (Jn. 13:14) nous pouvons dire que la première question que nous pose le drame de notre époque, la première question que nous pose le drame des réfugiés de 1944, c’est celle-ci : « Croyez-vous en l’Homme ? »

Car, comme l’a dit Pascal : « L’Homme passe infiniment l’Homme », parce que, justement, c’est l’Homme qui est le sanctuaire de la divinité, c’est pour l’Homme que la Présence de Dieu rayonne et se manifeste. Et pour tout dire d’un mot, qui est celui-là même de l’Évangile, c’est en nous, c’est au-dedans de nous que veut se réaliser aujourd’hui le Royaume de Dieu.


Notes

(1) Cette Homélie de l’Abbé Maurice Zundel a été prononcée dans les circonstances suivantes, relatées dans un Bulletin du Sacré-Coeur d’Ouchy :

 

Fête de l’amitié italo-suisse

« Les circonstances, où nous étions les privilégiés, nous ont valu l’honneur d’accueillir, en 1944, des Réfugiés italiens qui n’avaient plus d’autre bien que leur dignité humaine et le choix héroïque qu’ils avaient fait de la liberté. L’un d’eux, économiste éminent, devait devenir le premier Président de la République italienne, Son Excellence Monsieur Einaudi. Il a bien voulu se souvenir qu’il a été notre hôte et il a tenu, ainsi que d’autres exilés volontaires de cette époque — parmi lesquels Son Excellence Monsieur Colonnetti, Président du Conseil National de la Recherche scientifique — à marquer le 10ème anniversaire de ce séjour en Suisse par la dédicace d’une plaque commémorative dont le texte, laissé à notre choix, se lira sur la façade de notre presbytère.

L’Etat de Vaud, l’Université et la Commune de Lausanne, s’associeront à cette manifestation d’amitié italo-suisse qui comportera, le samedi 24 avril, une séance académique à l’Ecole d’Ingénieurs et un dîner au Château de Chillon, et qui sera couronnée, le dimanche 25 avril par une Messe pontificale célébrée par Son Excellence Monseigneur Caminada, Evêque de Sainte Agathe des Goths, à l’issue de laquelle l’inscription commémorative sera solennellement dévoilée.

Nous sommes heureux de vous signaler cet événement, exempt de toute couleur politique, qui sera l’expression très chère à nos cœurs de la fraternité italo-suisse. »

(2) traduction approximative :

Qui est Dieu en fait,
Dieu est-ce
Plus que nous en nous,
Ce n’est pas nous
Dans lequel cependant
Notre vie respire.

(*) « Ton visage ma lumière, 90 sermons inédits »

Publié par les éditions Mame, Paris, 2011. 512 pages

ISBN&nbsp ;: 9782728915064

MDS&nbsp ;: 531154

« Existe en version numérique »

MDS&nbsp ;: NUM1022

Mots-clefs 06/05/2018 mai 2018

Mots-clefs smn 54 0401

Mots-clefs Zundel, 1954, Lausanne, Malraux, Guéhenno, Damien, Platon, Kolbe, Wilde, Pascal, homme, mort, réfugié, dignité, honneur, bonheur, solidarité, lépreux, présence, grandeur, âme, politique, économie, égalité, travail, produire, occident, esclave, despote, dialogue, trésor